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671. (1876) Romanciers contemporains

Ses travaux, bien qu’écrits la nuit, n’ont jamais senti l’huile. […] Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. […] Elle se soumet pour lui aux travaux les plus durs. […] En l’écoutant comme en le lisant, on découvre aisément l’énorme travail de conception auquel il a dû se livrer. […] Chavette a la coquetterie de nier ce travail.

672. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Travail de la prose française pendant les deux derniers tiers du xve  siècle. — Christine de Pisan et les chroniqueurs de la cour de Bourgogne. — § V.. […] Ce sont certains actes publics, écrits en roman, où se fait voir ce travail de décomposition du latin, d’où est sortie notre langue. […] Ce travail lent et insensible de l’unité nationale, dont nous pouvions marquer les progrès jusque dans la confusion du quatorzième siècle, semble comme suspendu. […] Travail de la prose française pendant les deux derniers tiers du XIVe  siècle. — Christine de Pisan et les chroniqueurs de la Cour de Bourgogne. […] Elle aussi marque un âge de la langue : c’est, il est vrai, un âge sans caractère, sans physionomie, mais où la science remarque le travail d’une langue qui va se renouveler et s’étendre.

673. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Aucune de ces trois causes ne peut donc servir à remonter d’une œuvre ou d’un artiste à un groupe étendu d’hommes ; on peut en user avec une extrême réserve à déterminer l’origine des facultés de certains écrivains, dont quelques-uns dépendent visiblement de leur famille, de leur race, de leur temps, de leur demeure : mais s’il n’existe pas d’autres principes qui permettent d’établir une relation directe entre un auteur, une œuvre et un groupe d’hommes, il faut renoncer à entreprendre des travaux d’esthopsychologie sociologique. […] De sorte que le plus souvent, et en tenant même compte de l’usure et de l’accoutumance, il existe sous l’homme public accomplissant un certain travail manuel ou intellectuel à demi imposé, un homme intérieurdt, qui est, sinon le plus marqué, du moins le plus authentique, car il a persisté et s’est développé seul, en dépit souvent de circonstances adverses, en dépit de l’exercice quotidien d’un métier, d’une profession. […] Il faudra faire pour chaque auteur et artiste une enquête rétrospective auprès des critiques, des journalistes du temps pour connaître sa popularité ; il faudra savoir le prix de vente pour les tableaux, le nombre de représentations pour les pièces, le nombre d’éditions pour les livres, les pensions, les droits alloués à l’auteur ; il faudra refaire ce travail tout le long de l’existence de l’œuvre afin de connaître les phases de sa gloire, et en étudier la diffusion dans les pays étrangersea. […] Avec cette idée de l’homogénéité primitive, Hennequin renoue avec le vocabulaire de Spencer, dont la « loi d’évolution », héritée des travaux de l’embryologiste van Baer, et de ceux du neurologue Jackson, transposée et élargie au phénomène sociaux-historiques, va du plus homogène au plus hétérogène. […] Cette distinction intéressante entre « homme public » et « homme intérieur » — cette dernière formule renvoyant à une tradition spiritualiste ou mystique revue et corrigée par la psychologie positiviste — annonce la dichotomie proustienne séparant le moi social du « moi profond », comme les travaux des sociologues modernes consacrés aux différents « rôles sociaux » qui constituent notre identité multiple.

674. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Peut-être faudrait-il rapprocher leur trouble mental de celui qui a été décrit par Coriat sous le nom de reduplicative paramnesia 18 et que Pick lui-même, dans un travail plus récent, a appelé « une nouvelle forme de paramnésie » 19. […] Mais un travail d’élimination, de correction, de mise au point se poursuit sans cesse, d’où résulte précisément la santé morale. […] Nous l’avons montré dans un travail antérieur. […] Mon cabinet de travail, ma table, mes livres ne composent autour de moi une atmosphère de familiarité qu’à la condition de ne faire surgir le souvenir d’aucun événement déterminé de mon histoire. […] Concluons par une dernière hypothèse, que nous faisions pressentir dès le début de notre travail.

675. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison. […] Les élus étaient une commission de cinq membres, qui représentaient les états dans l’intervalle des sessions, et qui dirigeaient l’assiette des impôts, les travaux publics, et presque toute l’administration du pays. […] [NdA] Dans ce travail sur le président Jeannin, je suis guidé, indépendamment des secours que je dois aux auteurs anciens, par deux modernes de la même province, M. 

676. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Dans son Éloge de Gaubius, médecin et professeur de Leyde, il nous le montre survivant à ses autres collègues contemporains, et, jusque dans les chaires voisines de la sienne, n’étant plus entouré que de disciples, réunissant enfin toutes les jouissances d’une vieillesse robuste, savante et respectée ; et il continue par cette réflexion pleine de charme : Il est donc dans les différents âges de la vie des consolations et des récompenses pour ces hommes courageux qui se dévouent tout entiers au travail et à l’étude. […] Je n’ai point parlé de lui comme savant, comme anatomiste ; ceux qui sont compétents en ces matières lui accordent de l’étendue, des vues comparatives, et une faculté de généralisation qui ne nuisait nullement chez lui à l’examen du détail et à ses travaux particuliers comme observateur. […] Il poursuivait en apparence et avec le même zèle ses travaux de savant, et continuait de remplir ses fonctions de secrétaire de la Société royale.

677. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer. […] Corne a recueilli des pièces, lettres autographes et documents de diverse nature, qui seraient à consulter pour une biographie complète de l’illustre guerrier. — Quant aux appréciations militaires, j’ai profité dans cette étude d’un travail bien fait et très précis intitulé : Biographie et maximes de Blaise de Montluc, par M. 

678. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Son fils, le duc de Chevreuse, l’élève de Lancelot et l’ami de Fénelon, est une autre espèce de curieux, toujours dans les projets, dans les mémoires, dans le travail du cabinet, dans les entreprises nouvelles, dont il s’engoue, qu’il étudie à fond, mais qu’il ne mène pas toujours pour cela à bonne fin : on peut voir, sur son compte, ce que Saint-Simon et Fénelon, tous deux d’ailleurs pleins de respect pour lui, s’accordent à dire. […] Le duc de Luynes, l’auteur des mémoires, s’était donc proposé un travail bien minutieux, bien peu élevé, ce semble, et sans haute portée : il ne visait qu’à être (incognito) un collecteur d’anecdotes, — pas même d’anecdotes —, de faits quelconques journaliers se passant à la Cour et sous ses yeux. […] Ayant été averti pour le travail, il donna à Barjac (son valet de chambre) sa clef pour lui ouvrir la porte ; Barjac n’ayant pu en venir à bout, M. le cardinal crut que c’était sa faute et y essaya lui-même ; le bruit fut entendu du cabinet, et l’on vint ouvrir.

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