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21. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Les soldats qu’on voit à droite sur le fond ont la finesse de touche ordinaire à ce peintre ? […] La couleur, la finesse de touche, l’effet, l’harmonie, le ragoût, tout s’y trouve. […] J’en dis autant du maréchal, du cabaret, de la botte rajustée, ce sont tous morceaux vraiment précieux, l’effet en est si piquant, la couleur si vraie, la touche si vigoureuse, si spirituelle, l’harmonie totale si séduisante, qu’ils peuvent aller de pair avec les Wouwermans, dont on voit avec plaisir que le goût n’est pas perdu.

22. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Le premier mérite du déclamateur, est celui de se toucher lui-même. […] Quintilien qui avoit cru que sa profession d’enseigner l’art d’être éloquent, le mît dans l’obligation d’étudier les mouvemens du coeur humain, du moins autant que les regles de la grammaire, dit que l’orateur qui touche le plus, c’est celui qui se touche lui-même davantage. […] Elles se touchent plus facilement qu’eux des passions qu’il leur plaît d’avoir.

23. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

c’est qu’il ait touché aux choses comme jamais main catholique n’y avait touché, et qu’il n’ait pas cessé pour cela d’avoir la main la plus sûrement catholique ! […] … Mais lisez surtout le fragment sur Voltaire, Voltaire, que de Maistre, cette perfection de bourreau justicier, avait pourtant si bien exécuté qu’on pouvait ne plus toucher à ce cadavre. […] Lui qui n’est pas un religieux dans son cloître, mais à qui le mépris du monde en a bâti un dans son cœur, il n’a pas craint de toucher à des sujets qui auraient épouvanté un esprit moins essuyé que le sien des écumes du siècle. […] En ce genre, son chapitre sur François de Sales est un modèle… Enfin, il a en lui du mystique, car le poète décuplé par le croyant finit par toucher à ce phénomène et à ce mystère qu’on appelle la mysticité. […] Dans son livre, il ne l’a pas écrite, mais il y a touché de manière à nous faire croire qu’il était destiné à récrire.

24. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Nous touchons ici à un défaut essentiel dans l’éducation de M. de Lamartine, à une erreur de cette mère excellente qui, nourrie de Jean-Jacques et de Bernardin dont elle associait les systèmes avec ses croyances, ne voulut élever son fils qu’à l’aide du sentiment. […] Décrire avec une si visible complaisance une personne qui nous touche de si près et à laquelle on a tant de chances de ressembler, c’est déjà un manque de tact en si délicate matière. […] On aurait tort de croire qu’à travers ces défauts qui blessent, il n’y ait pas, malgré tout, de charmants détails, mille retours heureux où le poète se joue et retrouve sa touche légère. […] Ce premier amour avec Lucy, sous l’invocation d’Ossian, est une jolie esquisse, d’un trait pur et simple ; c’est finement touché : il y a du sourire, un peu de malice ; en un mot, de ces qualités qu’excède aisément le talent de M. de Lamartine, mais qui font d’autant plus de plaisir à rencontrer chez lui. […] Je voudrais essayer ici de faire sentir ce défaut, de le faire toucher du doigt.

25. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Cependant, au bout de quelques minutes, la voyant toujours si bien posée et modelée, il se dit : “Si je pouvais la toucher ?” Et le plus doucement possible, avec lenteur et circonspection, déplaçant sous le drap celui de ses bras qui se trouvait le plus éloigné de la figure imaginaire, il l’allongea avec précaution dans la direction opposée, afin de sortir sa main aussi loin que possible de celle qu’il contemplait et de revenir sur celle-ci par un détour fait en l’air, bien lentement, comme on fait quelquefois pour atteindre un papillon ; il s’attendait à voir la main s’envoler avant de l’avoir touchée ; mais pas du tout, les légers plis de la couverture qui se firent malgré ses soins pendant cette grande opération ne modifièrent en rien l’apparence de cette main charmante : voilà que la sienne en est tout près et va pouvoir la saisir. […] Son bras en suspens se rapproche ; du bout du doigt, il touche la main.

26. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

Nous touchons presque au temps d'une corruption générale, suite funeste de l'extinction des vertus & de ces mœurs si pures, dont la Religion est une source intarissable, & qui ont fait la gloire de nos Ancêtres…. Ce qui touche jusqu'aux larmes, ce sont les périls auxquels notre jeunesse est exposée. […] Comment donc ne serois-je pas touché de votre approbation ?

27. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Le barde touche sa harpe fantastique, et élève sa faible voix. […] Est-ce le vent, ô ma harpe, ou quelque ombre qui te touche en passant ? […] la vie d’Ossian touche à son terme. […] Enfin elle prit sa harpe, et la toucha doucement en l’honneur de son bien-aimé. […] Je touchai la harpe avec Ullin, et le chant de douleur recommença.

28. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Il veut nous le montrer de plain-pied, le toucher du doigt, nous le raconter comme il nous raconterait Souwarow. […] Ne touchez pas à la hache de ce Barbare ; vous y laisseriez votre main. […] Thierry suppose ne se fît pas exactement comme il le dit, dans cette tête déformée de kalmouck, ivrogne et superstitieux, dont les hordes ne devaient colporter ni dieux, ni morale, ni gouvernements à l’ancien monde, mais il n’est pas douteux que la bête humaine qui pataugeait au fond d’Attila n’eût flairé la jouissance romaine, et que l’envie d’y toucher ne se fût éveillée ! […] Ils ressemblent à ces corps foudroyés, restés debout, mais qui, poignée de cendres, croulent et se dispersent sous le premier doigt qui les touche. […] — oui, devant cet épouvantable malheur, la Critique, touchée de pitié, ne marchanda plus rien à M. 

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