Pendant longtemps il est resté engourdi ; il manque même d’instinct732 ; machinalement et sans lever les yeux, il tire sa charrue héréditaire. […] Terray, chassant sur sa terre avec deux officiers, rencontre sept braconniers qui tirent sur le gibier à leurs yeux et bientôt tirent sur eux-mêmes : M. […] Qui les a tirés de leurs réduits ténébreux ?
À talent égal, le son que rend l’émotion du bien et du beau est mille fois plus intime et plus sonore que le son qu’ils tirent des passions légères ou mauvaises de l’homme ; plus il y a de Dieu dans une poésie, plus il y a de poésie, car la poésie suprême, c’est Dieu. XV Il nous a semblé que rien ne pouvait mieux compléter ces pages laissées inachevées que cette naïve et touchante image des deux natures de poésie et des deux natures de sons que rend l’âme du poëte aux différents âges, reprise d’une des dernières préfaces des Méditations et que les ravissants vers tirés des Destinées de la poésie. […] Le vent d’été, qui dort et qui respire alternativement d’une haleine folle, faisait frissonner le roseau, et en tirait des sons d’une ténuité presque imperceptible, comme il en tire des feuilles dentelées des sapins.
On restitua avec certitude les principaux noms ; on supprima des hors-d’œuvre et des longueurs, et l’on en tira les trois volumes qui parurent en 1818, et dont le succès fut tel qu’il y eut trois éditions en moins de six mois17. […] Voltaire disait d’elle encore au docteur Tronchin : Votre malade est vraiment philosophe ; elle a trouvé le grand secret de tirer de sa manière d’être le meilleur parti possible ; je voudrais être son disciple ; mais le pli est pris… Qu’y faire ? […] Elle prétend s’impatroniser dans cette riche maison, avoir la clef de tous les secrets, et en tirer double parti au besoin. […] « Continuez vos ouvrages, lui écrivait l’abbé Galiani ; c’est une preuve d’attachement à la vie que de composer des livres. » Avec un corps détruit et une santé en ruine, elle eut l’art de vivre ainsi jusqu’à la fin, de disputer pied à pied les restes de sa pénible existence, et d’en tirer parti pour ce qui l’entourait, avec affection et avec grâce.
Parler de Mme de Lauzun à propos de M. de Lauzun, est la plus grande vengeance qu’on puisse tirer de celui-ci, et je ne m’en ferai pas faute. […] Il ne s’en tira avec ses créanciers que moyennant un arrangement qui changea les conditions de son existence. […] » Nous saisissons l’aveu, c’est la seule moralité que je veuille tirer ici. […] La princesse de Poix la comparait à une héroïne de roman anglais, avec d’autant plus de raison que les goûts de Mme de Lauzun avaient devancé l’anglomanie qui commençait à poindre : la langue anglaise lui était familière comme la sienne propre, la littérature de ce pays faisait ses délices. » (Vie de la princesse de Poix, par la vicomtesse de Noailles, 1855, ouvrage tiré à un petit nombre d’exemplaires, p. 19 et 33.)
À côté des pages denses et serrées de M. de Bonald, j’ai lu quelques pages de Bossuet, dans le même ordre d’idées absolues : La Politique tirée de l’Écriture. […] Il croit donc que Dieu a fait l’homme à son image, et M. de Bonald a une manière de presser le sens des mots qui le mène à en tirer de longues et précises conséquences. […] Les mots soulignés en sont textuellement tirés. […] Si vous êtes pour le récit de Moïse, vous êtes juif, chrétien, catholique ; Bonald ne vous lâche pas qu’il n’ait tiré du premier fait toutes ces conséquences.
Espérons que cet héritage de famille subsiste toujours, et qu’il en sera finalement tiré parti dans l’intérêt de tous, dans celui de la gloire de l’illustre ancêtre. […] Quand on veut apprécier la nature et la forme d’esprit de Montesquieu, il faut se souvenir de ce qu’il écrivait lui-même, vers la fin de sa vie, à d’Alembert qui lui demandait pour l’Encyclopédie certains articles qu’il avait déjà traités dans L’Esprit des lois : « J’ai, disait-il, tiré, sur ces articles, de mon cerveau tout ce qui y était. L’esprit que j’ai est un moule ; on n’en tire jamais que les mêmes portraits : ainsi je ne vous dirais que ce que j’ai dit, et peut-être plus mal que je ne l’ai dit. » Cette unité fondamentale du moule, chez Montesquieu, se sent même dans sa plus grande variété de productions, et de son premier à son dernier ouvrage. […] La seule conclusion que j’en veuille tirer, c’est que, très supérieur à Fontenelle en talent et en manière d’écrivain, il était un peu de la même religion morale que lui.
. — Contes personnels et contes, tirés d’autres folkoristes, étudiés dans cet essai. […] Mais il n’a pas tardé à se rendre compte du parti qui peut être tiré de ces récits pour la compréhension de la psychologie indigène. […] Il faut connaître celui que l’on veut dominer, de façon à tirer parti tant de ses défauts que de ses qualités en vue du but que l’on se propose. […] Les conclusions que l’on peut tirer de la lecture des contes sous ce rapport ont, au moins, une valeur confirmative de ce que l’observation directe du noir nous aura déjà appris.
le pistolet de Werther aurait probablement raté, il s’est tiré ce coup de pistolet dans la tête, mais la balle de la philosophie était si creuse qu’elle ne l’a pas tué, Dieu merci ! […] C’est lui, Schelling, qui écrivait, tout philosophe qu’il fût, cette réserve sublime : « Il est impossible de se tirer de l’explication du monde sans la chute. […] Scarron, qui tirait la langue à la Douleur, comme ces polissons de lazzaroni montrent leur derrière au Vésuve, a ri toute sa vie et n’a pleuré qu’une fois et une seule larme, qu’il a enchâssée, comme une perle, dans son épitaphe… Scarron, le rieur comme un satyre ou comme un singe, Scarron, le cynique cul-de-jatte, qui dansait sur sa jatte, ce clown de l’esprit dans un corps brûlé et fricassé par tous les moxas de l’incendie, n’existe plus dans la mémoire des hommes que par les souffrances qu’il a endurées en riant. […] Aussi passa-t-il quatre-vingts ans à se droguer, vivant de café, de médecines et de clystères, dont il parlait souvent, comme Scarron, et dont il tirait des effets d’une bonhomie ou d’une hypocrisie comique… Mais ces maux qui ne tuèrent pas Voltaire, tandis que Henri Heine est mort des siens, sont aussi différents des maux de Heine que sa pâle poésie est différente de la poésie du grand poète allemand, lequel reste supérieur à Voltaire autant par la beauté de son génie poétique que par la sincérité tragique de ses douleurs.