Plus de cinquante volumes de Romans attestent sa facilité & son talent pour ces sortes de bagatelles, qui cessent quelquefois d’en être, quand elles tendent à l’instruction & à la morale.
Les premieres tendent vraiment à instruire le Lecteur ; les secondes ne l’amusent tout au plus qu’un moment, sans sauver l’Ouvrage de la proscription.
Je vois encore d’ici ses belles longues mains blanches, sortant d’une manche de toile fine retroussée jusqu’aux coudes, pour nous tendre les mets qu’elle avait elle-même préparés ou pour remplacer les cruches de vin quand elles étaient vides. […] tends la main derechef”, cria Vincent. […] tends la main, les derniers éclos ! […] Y a-t-il dans les ballades de Schiller ou de Goethe une parabole d’amour comparable par sa candeur et sa gaieté tendre à cette parabole villageoise du berger et du poète de Maillane ? […] « Et les six mules, belles et luisantes, suivaient, sans détourner ni s’arrêter, le sillon ; elles semblaient, en tirant, comprendre elles-mêmes pourquoi il faut labourer la terre sans marcher trop lentement et sans courir, vers le sol baissant le museau, patientes, attentives à l’ouvrage, et le cou tendu comme un arc !
Bossuet à son tour le voit et l’entend ; il lui fait cortège comme ses autres disciples ; il en est le plus attaché et le plus tendre. […] A quoi tendent en effet tous ces dogmes, sinon à relever le prix de l’innocence ? […] Il y croit de foi ; il l’aime d’un amour qui n’ose être tendre, et dans ce double sentiment, il fait taire toutes ses pensées. […] C’est un piège que le rationalisme protestant avait tendu au catholicisme. […] Le mot est trop sévère pour tout ce qu’expriment d’aimable, de tendre, de charmant, ces pages où Vauvenargues semble moins un critique appréciant Racine, qu’une belle âme parlant de la plus douce de ses amitiés intellectuelles.
Puis Anna Deslions et Juliette se mettent à valser, et cette valse de la blonde et de la brune courtisane, toutes blanches et tout envolées dans ce salon tendu de reps rouge et non encore meublé, est un charmant spectacle. […] La vieille Marie-Jeanne remémore encore avec un ressouvenir affectueux et tendre les coups de canne distribués aux uns et aux autres. […] C’est la correspondance d’une petite amie : du pathos mystique et amoureusement tendre. […] Tout ce tendre, tout ce vaporeux hystérique, toute cette surexcitation de la tête par le cœur, font de la religion catholique un mauvais mode d’éducation de la femme pauvre. […] Dans le salon d’entrée, on aperçoit quelques oreilles tendues qui boivent les paroles de notre cénacle, des oreilles de gandins qui finissent de manger leurs petites fortunes, des oreilles de jeunes gens de la Bourse, de commis de Rothschild qui ramènent du Cirque ou de Mabille, quelques lorettes de la première catégorie, auxquelles ils offrent le passe-temps d’un fruit ou d’un thé, en leur montrant de loin, du doigt, les premiers rôles de la troupe.
Aussi les plaisirs de l’orgie et ceux de l’amour sensuel (sans marque de pudeur) tendent-ils à dominer leur littérature. […] Les amours de Daphnis et de Chloé sont fécondes, tendent à « promouvoir la vie », comme disent les Anglais ; les amours de boudoir sont stériles, tendent à ralentir, à altérer, parfois à détruire la vie. […] En définitive, c’est la dissolution vitale qui est le caractère commun de la décadence dans la société et dans l’art : la littérature des décadents, comme celle des déséquilibres, a pour caractéristique la prédominance des instincts qui tendent à dissoudre la société même, et c’est au nom des lois de la vie individuelle ou collective qu’on a le droit de la juger. […] Enfin l’art, ayant besoin de produire une certaine intensité d’émotions, — surtout l’art réaliste, — tend à faire appel aux passions qui, dans la masse sociale, sont les plus généralement capables de cette intensité. […] La vertu tend donc plutôt à engendrer les émotions douces, moins rapidement contagieuses que les autres.
Que l’on énumère les grands écrivains, dramaturges et romanciers qui, épris de vérité, ont senti obscurément que l’homme, la société et la nature représentés et recréés tels qu’ils sont, forment les livres les plus mûrement et les plus sérieusement admirés ; que l’on rappelle Shakespeare, Balzac, le morne Flaubert, Zola, l’on pourra assimiler à ses tragédies, aux tableaux plus populeux de leurs romans, cet immense déroulement d’êtres, d’aspects, d’actes, d’événements, de houles humaines, de méditations solitaires, de batailles humides de sang, de souples et tendres caresses de jeunes filles à d’indulgentes vieilles mères, d’amours, de morts, de carrières, cet abrégé de toutes les existences que présente La Guerre et la Paix et Anna Karénine ; l’esprit le plus négateur du progrès artistique et le plus respectueux des modèles, sera frappé de l’élargissement que ces romans massifs, déduits au-delà des dimensions habituelles, donnent à la description coordonnée de l’ensemble des phénomènes sociaux intimes et publics. […] II Tout l’appareil des descriptions, des personnages, de la composition, de la forme qui sont les moyen par lesquels l’auteur tend à reproduire fictivement certaines parties et certains aspects de la réalité, forment au total un spectacle dont la beauté se mesure à l’importance et à l’intensité des émotions qu’il suscite. […] Les œuvres de Tolstoï tendent à représenter une société entière ; ils en embrassent et le contenu moyen et les extrêmes de conditions, d’événements, de caractères, de scènes, d’âge ; ils la reproduisent non de haut, de loin, vaguement, par synthèses et abstractions, mais de près, par des descriptions où le lecteur se sent comme mis face à face avec la réalité, par des personnages étrangement vivants et individuels. […] Le sentiment d’aise est profond à lire cette merveilleuse idylle de joie, de grâce, de gaieté, d’opulence, de bonté vraie où passent en leur vieillesse bonasse les deux parents entourés des mines espiègles, tendres et fines des petites-filles, de l’enthousiaste petite personne de Petia, au milieu de la foule des hôtes et des clients, entre les servantes, l’intendant, les valets et les veneurs. […] Son œuvre donne au monde une large représentation et saisit par ce vaste déploiement, par un art qui tend à égaler la grandeur, l’illogisme, l’existence autonome du réel, mis face à face avec lui en une contemplation si proche qu’elle paraît neuve et personnelle, le lecteur, pris d’impérieux attraits, pénètre dans les romans de Tolstoï comme en un monde dont il est, s’émeut de la bonté dont ses personnages sont pleins, s’affole des angoisses dont les attristent les problèmes de la mort et du sens de la vie, et plonge dans l’atmosphère grise de ces livres comme on se perd hors de soi dans un rêve.
Toulet (Tendres ménages, Mon amie Nane). […] Il a donné deux romans que l’élite a fort vantés, Le Sphinx de Plâtre, et le Gamin Tendre. […] Marcel Boulenger, qui connaît notre belle langue et l’étudie tous les jours, ne s’est jamais montré critique tendre à l’égard des solécismes d’autrui. […] Conseillons donc au public de lire, aux heures de lassitude, Tendres Ménages ou Mon Amie Nane de P. […] On lit les romans honnêtes, un peu gris, mais si émouvants et si tendres et d’une composition si habile de M.