— Les variations, qui se manifestent à l’état domestique chez certains individus à une époque particulière de la vie, tendent à réapparaître chez leurs descendants à la même époque. […] Conséquemment, chaque nouvelle variété ou espèce en voie de formation luttera surtout contre ses plus proches parentes et tendra à les exterminer. […] Watson a objecté aussi que l’action continue de la sélection naturelle avec divergence de caractères tendrait à former un nombre indéfini des formes spécifiques. […] Mais l’argument le plus important de tous, c’est qu’une espèce dominante, qui a déjà vaincu beaucoup de concurrents dans sa contrée natale, doit tendre généralement à se multiplier d’autant plus vite et à en supplanter d’autres encore ; car, ainsi que l’a démontré Alphonse de Candolle, plus une espèce se répand, plus elle tend généralement à se répandre. […] D’autre part elles tendent à transmettre à leur postérité modifiée cette supériorité qui les a rendues elles-mêmes dominantes dans les contrées qu’elles habitent.
Il avait l’honneur de l’accompagner le matin à la promenade : C’était, dit-il, à de semblables promenades à cheval, tout seul avec la reine, quoiqu’entouré de son fastueux cortège royal, qu’elle m’apprenait mille anecdotes intéressantes qui la regardaient et tous les pièges qu’on lui avait tendus pour lui donner des amants. […] Il n’en fut point ainsi : cette âme de Louis XVI échappait et se dérobait à son rôle de roi par ses vertus mêmes ; sa nature, toute composée de piété et d’humanité, tendait perpétuellement au sacrifice, et de faiblesse en faiblesse il ne devait plus retrouver de grandeur qu’en devenant un martyr. […] Vous savez que je n’existais que pour eux ; et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! […] Elle était faite pour être l’héritière paisible et un peu bergère de l’Empire, plutôt que pour reconquérir elle-même son royaume ; avant tout, sous ce front auguste, elle était faite pour être femme aimable, amie constante et fidèle, mère tendre et dévouée. […] Quant aux femmes, Mme de Staël leur a dès longtemps adressé le mot qui peut leur aller le plus au cœur, quand elle a dit, dans la défense qu’elle a donnée de Marie-Antoinette : « Je reviens à vous, femmes immolées toutes dans une mère si tendre, immolées toutes par l’attentat qui serait commis sur la faiblesse… ; c’en est fait de votre empire si la férocité règne. » Marie-Antoinette est mère encore plus que reine en effet.
Mme du Châtelet, dans l’ardeur de son inquiétude, écrit au tendre ami de son ami, à M. d’Argental, pour qu’il éclaircisse l’affaire et qu’il ménage le retour de celui sans qui elle ne peut vivre. […] Mais un tel accord de deux êtres si à l’unisson lui semble trop beau : Un cœur, capable d’un tel amour, dit-elle, une âme si tendre et si ferme, semble avoir épuisé le pouvoir de la Divinité ; il en naît une en un siècle ; il semble que d’en produire deux soit au-dessus de ses forces, ou que, si elle les avait produites, elle serait jalouse de leurs plaisirs si elles se rencontraient. Et, se rabattant alors à une liaison moins égale et moins haute, elle estime que l’amour peut encore nous rendre heureux à moins de frais ; « qu’une âme sensible et tendre est heureuse par le seul plaisir qu’elle trouve à aimer ». […] Ces lettres de Mme du Châtelet, il faut l’avouer, sont charmantes et vraiment tendres ; il semble que, sous l’empire d’un sentiment vrai, il se soit fait en elle une sorte de renouvellement de pensée et de rajeunissement. […] … Vous m’écrirez sans doute, mais vous prendrez sur vous pour m’écrire… J’ai bien peur que votre esprit ne fasse bien plus de cas d’une plaisanterie fine, que votre cœur d’un sentiment tendre ; enfin, j’ai bien peur d’avoir tort de vous trop aimer.
Dans l’Aminta du Tasse, comme dans les Églogues de Virgile, le poète paraît d’autant plus parfait qu’il est moins tendu ; il semble se complaire à racheter la simplicité du sujet par l’inimitable perfection des images, des sons et des vers. […] La duchesse d’Urbin s’efforça de réconcilier le prince et le poète ; Léonora, plus tendre et plus active encore dans son intérêt, conjura le Tasse d’accepter d’elle-même les avantages que son frère s’obstinait à lui faire attendre. […] Tout porte à croire qu’elle fut favorisée par la tendre pitié de Léonora et de sa sœur, la bonne duchesse d’Urbin, qui n’eurent qu’à faire fermer les yeux aux deux domestiques du palais. […] Comment la douce et tendre Léonora, devenue riche par l’héritage de sa mère, et confidente nécessaire de la fuite du Tasse, aurait-elle laissé son amant s’évader, sans habits et sans argent, de Bello Sguardo ? […] Nous sommes obligé d’ajouter que, si le Tasse eut des torts à se reprocher dans le cours de ses relations avec la belle et tendre Léonora, ce ne furent pas des torts de passion, mais des torts d’inconstance, et peut-être d’ingratitude.
Son maître de jurisprudence et d’éloquence, le fameux professeur Sino de Pistoia, lui en fait des reproches sévères et tendres dans une de ses lettres. […] Pour moi, je pense qu’il est plus aisé de s’accoutumer à une nourriture grossière qu’à des mets délicats et recherchés ; des figues, des raisins, des noix, des amandes, voilà mes délices ; j’aime les poissons dont la rivière abonde : c’est un grand plaisir pour moi de les voir briller dans les filets qu’on leur tend et que je leur tends moi-même quelquefois. […] Son génie était dans son amour : dès qu’il s’en séparait, il n’était plus qu’un érudit ; dès qu’il y revenait, il était le plus harmonieux et le plus tendre des poètes. […] « Les douces paroles, les tendres regards que tu as si souvent décrits, ô pauvre âme sans repos ! […] « Pourquoi te consumer avant le temps, me dit-elle avec une tendre compassion, et pourquoi ce fleuve de douleurs coule-t-il sans cesse de tes yeux ?
. — Au dix-septième siècle, après les expériences de Galilée et de Pascal, on savait que tous les corps terrestres tendent à tomber vers la terre, et, depuis Copernic et Kepler, on comprenait que la terre et toutes les autres planètes tendent à tomber vers le soleil. […] À partir de ce moment, on sut pourquoi les corps terrestres tendent à tomber sur la terre et pourquoi les planètes tendent à tomber vers le soleil. […] Parce qu’à la surface de la terre toutes les pierres et plus généralement encore tous les solides ou liquides qui opposent à nos muscles quelque résistance tendent à tomber. — Pourquoi tous ces solides ou liquides tendent-ils à tomber ? Parce que toutes les masses à la surface de la terre, quelles qu’elles soient, solides, liquides ou gazeuses, tendent à tomber. — Pourquoi tendent-elles à tomber ? […] Toute planète est une masse ; or toute masse tend à se rapprocher de la masse centrale avec laquelle elle est en rapport ; donc toute planète tend à se rapprocher de la masse centrale avec laquelle elle est en rapport, c’est-à-dire du soleil. — De ces trois couples, le premier associe la première donnée et l’intermédiaire ; le second associe l’intermédiaire et la seconde donnée ; le troisième associe la première donnée et la seconde, et se trouve être la loi qu’il fallait démontrer. — Si nous pensons les trois couples dans cet ordre, nous avons trois propositions qui leur correspondent et qui se composent de trois idées associées deux à deux, comme les trois lois se composent de trois données associées deux à deux.
Les nerfs sont comme des cordes de violon qui vibrent mieux et plus rapidement quand elles sont tendues. […] Il y a une onde nerveuse qui tend à se propager et se propage toujours à quelque degré. […] Les sciences inductives tendent à se convertir en sciences déductives. […] Outre le progrès perpétuel par lequel le raisonnement scientifique tend à prendre une forme de plus en plus déductive, il faut signaler encore le progrès parallèle par lequel le raisonnement, qui s’applique d’abord simplement à des qualités, tend à s’appliquer de plus en plus à des quantités. […] Le cerveau du savant, habitué à refléter la nature, devient vraiment un petit monde, un microcosme, où les forces des idées tendent à s’associer et à se combiner de la même manière que les forces des objets dans le Cosmos.
Les saintes cérémonies consacrèrent ce mariage, où elle eut pour marraine la femme du berger sous les auspices du tendre amour. […] L’aventure qui le ramène sur la scène n’est plus héroïque et n’est pas même comique : car on ne rit pas d’une infirmité physique et morale, telle que la folie, surtout quand c’est une passion tendre qui enlève la raison à un héros. […] L’Arioste se montre dans cet épisode aussi tendre amant que grand poète. […] « Volez heureuse dans l’éternel séjour, âme fidèle et tendre, s’écrie en finissant l’Arioste ; puissent mes faibles chants immortaliser en vous le modèle des chastes amants ! […] Cette longue lecture de l’Arioste et les milliers d’imaginations tendres et chimériques que cette lecture fait flotter dans l’esprit paraissaient avoir pris un corps et une âme dans sa pensée, mais quel corps et quelle âme ?