Les solides eux-mêmes, ils les réduisaient aux chairs, viscera [vesci voulait dire se nourrir, parce que les aliments que l’on assimile font de la chair] ; aux os et articulations, artus [observons que artus vient du mot ars, qui chez les anciens Latins signifiait la force du corps ; d’où artitus, robuste ; ensuite on donna ce nom d’ars à tout système de préceptes propres à former quelques facultés de l’âme] ; aux nerfs, qu’ils prirent pour les forces, lorsque, usant encore du langage muet, ils parlaient avec des signes matériels [ce n’est pas sans raison qu’ils prirent nerfs dans ce sens, puisque les nerfs tendent les muscles, dont la tension fait la force de l’homme] ; enfin à la moelle, c’est dans la moelle qu’ils placèrent non moins sagement l’essence de la vie [l’amant appelait sa maîtresse medulla, et medullitùs voulait dire de tout cœur ; lorsque l’on veut désigner l’excès de l’amour, on dit qu’il brûle la moelle des os, urit medullas].
., jusqu’à L’amant le plus tendre, dont j’ai parfaitement oublié l’air en me souvenant parfaitement des paroles146. […] En revanche, j’en ai reçu une de mon pauvre père, qui est bien tendre et bien triste. […] « Dites-moi un peu, singulière et charmante personne, où tend cette modestie ? […] Merlin, Bazire, Guadet, Chabot, Vergniaud, le philosophe Condorcet178, sont soudoyés pour avilir l’Assemblée, et les démarches incroyables dans lesquelles ils l’entraînent sont autant de pièges qu’ils lui tendent ; ils se déshonorent pour la déshonorer. […] Tant qu’avait duré la tendre relation de Benjamin Constant avec Mme de Charrière, la toilette n’avait guère été un article de rigueur ; elle lui passait volontiers le négligé.
Mais c’est la force même de chacun de ces besoins de tendre à se réaliser séparément, et ils le font. […] La philosophie est heureuse de voir le genre humain presque tout entier entre les bras du christianisme, et elle se contente de lui tendre doucement la main. […] l’homme et ses ouvrages auront le caractère de l’unité absolue et de l’uniformité, là où tout tend à la division, où tout inspire le sentiment de la variété et de la vie ! […] L’idéalisme, au contraire, tend sans cesse au général, à l’universel, à l’infini, au sublime. […] Ne rien dédaigner, tout mettre à profit, fuir l’exclusif pour soi-même, mais le comprendre et l’amnistier dans les autres ; tendre à l’universel et au complet, et y tendre par les points de vue incomplets de nos devanciers et de nos maîtres, réconciliés et réunis ; vous le savez, tel est notre but, telle est notre méthode en histoire, comme en philosophie, comme en toutes choses.
N’est-ce pas eux que nous devrions tendre à convaincre, eux, à qui nous devrions démontrer le bien-fondé de nos thèses, n’est-ce pas enfin leur approbation qu’il nous importe d’entraîner. […] Aussi sa peinture ironique est-elle moins amère que souriante : elle tend à assainir, à moraliser, et après avoir dénoncé les erreurs de nos mœurs, elle a pour fin de les corriger. […] Marcel Boulenger tendent donc à la même fin que ses chroniques : il les rencontrent, il les recoupent. […] Aucun lecteur attentif ne pourrait méconnaître la grandeur de celui auquel il tend. […] Montfort tend d’ailleurs toujours à la simplicité.
Tous leurs efforts tendirent à imaginer une région nébuleuse, crépusculaire, où n’habitent que des rois mélancoliques, phraseurs et couverts de pierreries, des héros casqués de vermeil pourchassant d’intangibles chimères, des chevaliers fluets et grelottants, des troubadours sous le balcon de princesses sataniques, des sirènes gélatineuses, des pâtres roucouleurs. […] Clerfeyt : « Je pense, étant donné les circonstances présentes et l’actuelle situation des esprits, qu’une intelligence où filtrent des rayons d’idéal doit tendre son activité vers ce but : être utile. » M. […] Bien plus, il s’éprend de Marie, jeune fille recueillie par Guillaume, et qui, toute gaie, toute sanguine, s’occupe du ménage, va au marché, achète de bonnes côtelettes, des légumes tendres et du beurre frais pour que ses parents adoptifs se restaurent après leur travail de la journée terminé. […] Pèlerin des futaies où la nature éternelle prodigue ses sourires, tour à tour tendres et sévères, toujours mystérieux, aux zélateurs de sa beauté, j’ai pris, comme je le fais à chaque changement de saison, le bâton et la besace, et je suis allé méditer les oracles qui descendent des ramures séculaires. […] Toute espèce se subdivise en variétés qui tendent à s’écarter, toujours davantage, du type primitif dont elles sont issues.
Cet ascétisme passionné, cette dureté pour lui-même, ce détachement de toutes les affections, témoignent d’une nature tendre et sympathique. […] Ses sœurs, qui étaient fort pieuses, suivaient avec le plus tendre intérêt ses progrès dans cette nouvelle voie. […] Est-il vrai que ce ressort, pour avoir été trop tendu, se soit brisé un jour ?
Deux maîtres tendres et vénérés, dont les vicissitudes de la vie et de la fugitive opinion (aura) n’ont point refroidi en moi la mémoire, le Père Béquet et le Père Varlet, professeurs des classes littéraires chez les Jésuites, me témoignèrent depuis ce jour une prédilection presque paternelle que je serais ingrat d’oublier. […] Ces professeurs aimés me cultivèrent avec une tendre sollicitude, comme un enfant qui promettait au moins un amour instinctif pour les lettres : ils étaient idolâtres du beau dans le style. […] Je ne m’en dédis pas ; il y a dans les affaires humaines, en apparence les plus communes, un aspect intellectuel et oratoire vers lequel les esprits les plus positifs doivent toujours tendre à leur insu ou sciemment pour dignifier leur œuvre ; ce qui ne peut pas être littérairement bien dit ne mérite pas d’être fait.
Cessez de vouloir, détachez-vous de la vie, désintéressez-vous : par là même vous passez du moi de la veille au moi des rêves, moins tendu, mais plus étendu que l’autre. […] Mille et mille évocations de souvenirs par ressemblance sont possibles, mais le souvenir qui tend à reparaître est celui qui ressemble à la perception par un certain côté particulier, celui qui peut éclairer et diriger l’acte en préparation. […] À mesure que ces deux émotions se compénètrent, la réalité perd de sa solidité et notre perception du présent tend aussi à se doubler de quelque autre chose, qui serait derrière.