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2123. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

La Russie est trop loin pour arriver à temps sur le champ de manœuvre. […] Il résiste à cent mille hommes avec vingt mille, pour donner à Napoléon le temps d’accourir à une seconde victoire. […] Faisant la route à cheval, il fut surpris par un orage violent, bien que le temps n’eût cessé d’être fort beau depuis le commencement de la campagne. […] Il y a même de beaux côtés dans cette mâle indulgence, qui fait beaucoup pardonner à qui a beaucoup gouverné dans un temps où le gouvernement semblait anéanti en Europe. […] Thiers y pense : il est encore temps de donner une moralité à son chef-d’œuvre. — Il n’a pas fini.

2124. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

La crédulité était prête à tout croire, la poésie n’avait qu’à paraître ; c’était évidemment le temps d’un poème épique, et ce poème épique ne pouvait pas avoir d’autre scène que l’Orient, d’autre sujet que les croisades. Un tel poème n’est pas l’œuvre d’un homme, il est l’œuvre d’un temps. […] Homère a fait le poème épique, le Tasse a fait le poème romanesque de son temps ; l’un a chanté une épopée, l’autre a chanté des aventures. […] Aucune vraisemblance, aucune vérité, aucune conformité à la poésie, à la nature des lieux, des temps et des choses. […] Enfin il aurait pu jeter un regard sur l’ancienne Asie, sur cette Égypte si fameuse, sur cette grande Babylone, sur cette superbe Tyr, sur les temps de Salomon et d’Isaïe.

2125. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

C’est de quoi nous avons la vision nette en temps de révolution. […] On dira que ces choses se passaient dans des temps très anciens. […] Peu de temps après nous apprenions par un journal que, rentrés dans leur pays et affiliés à des partis différents, l’un des deux avait fait pendre l’autre. […] Il faut que tous se battent contre tous, comme firent les hordes des premiers temps. […] Il n’y a pas d’obstacle que des volontés suffisamment tendues ne puissent briser, si elles s’y prennent à temps.

2126. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Ce ciel, ce ciel des âmes, est-il si loin de nous, le ciel du temps de celui de l’éternité ? […] Il a été enlevé si subitement, si rapidement, avant d’avoir le temps de rien faire, ce jeune homme né pour tant de choses, ce semblait. […] « Il fut un temps où je décrivais avec charme les moindres petites choses. […] il y a quelques mois, du temps du malade, je vois avec plaisir un beau jour, la seule jolie chose à voir à la campagne en novembre. […] Comme le temps occupe peu d’espace !

2127. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Enfin, c’est un peu de gloire, un peu de bruit autour d’un livre et d’un nom — et dans notre monde moderne, si féru d’affaires, de sport et de divertissements médiocres, il est bon que de temps à autre l’Actualité s’occupe d’autre chose que d’un aviateur, d’un comédien ou d’un multimillionnaire. […] Il a fait beaucoup parler de Charles-Louis Philippe en un temps où l’on n’en parlait guère. […] Les prix se nuisent les uns aux autres, et rémunèrent-ils le temps gaspillé en démarches des postulants. […] D’autre part la tentation de conquérir vite une somme d’argent appréciable et une notoriété qui sans cela se feraient attendre, incite certains auteurs à travailler en vue d’un prix donné et à perdre ensuite leur temps, si ce n’est leur dignité, en démarches et en intrigues. […] Mais n’en a-t-il pas été ainsi de tout temps ?

2128. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Il y a des prologues qui, sans avoir de rapport à la pièce, ont cependant un mérite particulier pour la convenance qu’ils ont au temps où elle a été représentée : tel est le prologue d’Hésione, opéra qui fut donné en 1700. […] Il ne compte pas qu’il soit encore temps d’être ému. […] Les meilleurs poètes conçurent leurs épisodes de la sorte, et les tirèrent d’une même action ; pratique si généralement établie du temps d’Aristote, qu’il en a fait une règle : en sorte qu’on nommait simplement tragédies, les pièces où l’unité de ces épisodes était observée, et tragédies épisodiques, celles où elle était négligée. […] La troisième observation touchant les monologues, est de les faire en telle sorte qu’ils aient pu vraisemblablement avoir lieu, sans que la considération de la personne, du lieu, du temps et des autres circonstances, ait dû l’empêcher. […] On trouve peu d’aparté chez les Grecs : ils ne sont guère que d’un vers ou deux ; encore sont-ils dans la bouche du chœur, qui les dit après qu’un acteur vient de parler, pour donner à l’autre le temps de méditer sa réponse, ou quand un acteur arrive au théâtre.

2129. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Il s’était dévoué à l’étude du monde cette et des temps préhistoriques chez nous, disant que du paléolithique au gaulois et au romain la filiation ne saurait s’interrompre. […] Mais ce sont des traits plus proprement nationalistes que je veux signaler et ils apparaissent avec une certaine roideur d’adolescent et de Lorrain, durant le temps qu’il passa dans un hôpital du Midi. […] Cette délivrance, ils l’ont poursuivie en deux temps. […] Il n’est que temps ; et maintenant, à la grâce de Dieu ! […] Il est beau que des morts de vingt ans n’aient eu le temps que de songer à la patrie !

2130. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ce fut M. de Choiseul qui, sans être peut-être au-dessus de lui par la naissance, mais en y joignant de tout temps les façons et l’état d’un grand seigneur, sut gagner cette influence nécessaire, et la justifia en définitive par sa capacité. […] Vous avez du nerf, et vous en donnerez plus que moi, parce que vous ne ferez peur qu’au bout d’un certain temps ; car vous méritez bien d’en faire autant qu’un autre ; mais du moins vous n’en ferez pas à vos amis, et je pense que notre union à tous trois n’en sera que plus forte, plus douce et plus solide. […] Si je puis respirer quelque temps, ma santé se rétablira, mais elle est affreuse aujourd’hui. […] Quatre jours après, le 17 décembre 1758, de son château de Vic-sur-Aisne, près de Soissons, où il devait passer le temps de son exil, il écrivait à M. de Choiseul pour lui témoigner qu’il ne lui imputait point sa disgrâce et pour régler leurs relations futures : Mme de Pompadour, monsieur le duc, a dû vous dire la façon dont j’ai pensé sur votre compte au premier moment de ma disgrâce. […] Il avait réparé le temps perdu.

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