Les temps modernes antérieurs à notre âge présentent presque toujours le même spectacle. […] C’est bien du temps gagné au prix d’une rare injustice. […] L’éternelle nature s’offre tour à tour sous divers aspects aux hommes que le temps dans son cours entraîne devant elle. […] La plupart du temps l’histoire littéraire ne juge pas, elle répète des jugements. […] Le temps vannera tout cela.
Je ne sais si ce jouet est très ancien, mais le genre d’amusement qu’il renferme est certainement de tous les temps. […] La vie se présente à nous comme une certaine évolution dans le temps, et comme une certaine complication dans l’espace. Considérée dans le temps, elle est le progrès continu d’un être qui vieillit sans cesse : c’est dire qu’elle ne revient jamais en arrière, et ne se répète jamais. […] Ainsi L’École des Femmes ne fait que ramener et reproduire un certain effet à trois temps : 1er temps, Horace raconte à Arnolphe ce qu’il a imaginé pour tromper le tuteur d’Agnès, qui se trouve être Arnolphe lui-même ; 2e temps, Arnolphe croit avoir paré le coup ; 3e temps, Agnès fait tourner les précautions d’Arnolphe au profit d’Horace. Même périodicité régulière dans L’École des Maris, dans L’Étourdi, et surtout dans George Dandin, où le même effet à trois temps se retrouve : 1er temps, George Dandin s’aperçoit que sa femme le trompe ; 2e temps, il appelle ses beaux-parents à son secours ; 3e temps, c’est lui, George Dandin, qui fait des excuses.
Je demande formellement que l’orateur revienne à la question, c’est-à-dire à la discussion de la loi ; il est plus que temps que l’incident soit clos. […] Un des ministres de ce temps-là, — le ministre des affaires étrangères, si je ne me trompe, — s’était fait honneur d’y venir, et il tenait l’un des cordons. […] Pelletan : il a été de tout temps pour moi un adversaire, peut-être un ennemi44. […] Je me permets même de penser que l’empereur, qui savait mon insuffisance à tant d’égards pour tous les ordres de services et de savoir qui sont si bien représentés dans cette assemblée, n’a pu songer à moi que pour que je vinsse de temps en temps et rarement apporter au milieu de vos délibérations une note sincère, discordante peut-être, mais personnelle et bien vibrante. […] J’ai été votre adversaire quelquefois, je l’avoue, avec une amertume qui a peut-être son excuse dans la tristesse des temps que nous venons de traverser.
La poésie lyrique, autrement dite l’ode, le psaume, le cantique, y tiennent la plus grande place dans tous les temps et chez tous les peuples. […] L’imagination, plus impressionnable, jouait, dans ce monde antique, un plus grand rôle que dans les temps modernes ; la critique n’y existait pas. […] La lyre profane n’a son écho que dans les oreilles raffinées d’un peuple ou d’un temps ; l’âme a son écho dans toutes les âmes et dans tout l’univers sensible. Or, nous le répétons ici, le caractère spécial de David, c’est d’exprimer l’âme de l’humanité dans toutes les phases, dans tous les sentiments, dans tous les lieux, dans tous les temps. […] … « Il est temps », dit-il lui-même à la fin de ces interminables digressions qui semblent l’éloigner de sa route, « il est temps que mes mains cessent de lancer ces poignées de flèches qui volent loin du but que je veux atteindre !
On ne saurait être plus classique, et voilà justement la leçon que Boileau donnait aux fantaisistes de son temps. […] Il ne suffit pas de dire que les hommes sont les mêmes dans tous les temps : il faut préciser et sortir des abstractions. […] Il fut bien de son temps par le mépris et l’ignorance de l’histoire ; et la plupart des défaillances de son jugement et des erreurs de sa théorie ne procèdent pas d’une autre cause. […] Il a mal interprété les œuvres antiques, et préoccupé de l’usage où le goût moderne appliquait le genre pastoral, il a trouvé dans Virgile et dans Théocrite de quoi légitimer une des formes les plus caduques et les plus fausses de la poésie de son temps. […] Et naturellement, dans cette fusion ou confusion de tous les temps et de tous les pays, c’était toujours le type français qui devait surnager, reparaître et en définitive l’emporter.
Et pendant tout le temps des représentations, à la fin de chaque journée, ils se rendent à la même église pour chanter un Salve, Regina. […] Même les plus courts mystères ceux qui ne demandent qu’un jour, usent du temps et du lieu avec une extrême liberté. […] Le théâtre sous Charles VII, Louis XI et Charles VIII s’était risqué à dire son mot sur les affaires du temps : il en avait coûté parfois aux auteurs et aux acteurs. […] Louis XII leur donna toute licence : son règne fut le bon temps pour les basochiens et les sots ; il leur abandonna ses courtisans, ses ministres, un peu même de sa personne. […] Picot, la sottie est une parade, les sots pourraient avoir commencé par imiter plaisamment les bateleurs qui font les niais, les queues rouges et les bobèches du temps, les héritiers des stulti et des derisores de la société antique.
Appelée à vivre par sa vérité, elle développe parallèlement un principe de mort qui devient avec le temps intolérable et la tue. […] Une des plus nobles âmes des temps modernes, Fichte, nous assure qu’il était arrivé au bonheur parfait et que par moments il goûtait de telles jouissances qu’il en avait presque peur 199. […] Ce n’est pas une blâmable ambition qui a entraîné dans ce tourbillon toutes les sommités intellectuelles de la première moitié de ce siècle ; ces hommes éminents ont fait ce qu’ils devaient faire pour servir la société de leur temps. […] Les vrais personnages historiques du temps sont des écrivains, des philosophes, des hommes d’esprit ou de génie. […] Étaient-ce Galba, Othon, Vitellius, qui occupaient vraiment le centre de l’humanité, comme on le croyait sans doute de leur temps ?
Tous les arts de ce temps portent son cachet ; le grand peintre Watteau, venu trop tôt pour elle, créant un monde pastoral enchanté, semble ne l’avoir décoré et embelli que pour qu’elle en prenne possession un jour et qu’elle puisse s’y épanouir et y régner. […] En poésie, ce n’est pas Bernis seulement qui est tout Pompadour, c’est Voltaire dans les trois quarts de ses petits vers, c’est toute la poésie légère du temps ; c’est la prose, Marmontel dans ses Contes moraux, Montesquieu lui-même dans son Temple de Gnide. […] lui répondait-elle, il faut qu’un roi ressuscite. » Elle le ressuscita en effet, et réussit pendant quelque temps à faire de Louis XV un prince sensible à l’honneur et qui n’était pas reconnaissable. […] Bernis, fidèle au goût du temps, loin de trouver dans cet amour royal rien de répréhensible, nous le peint à l’avance comme un modèle de chasteté et de pudeur, et digne en tout de l’âge d’or37. […] C’était un Louis XIII venu au xviiie siècle, avec les vices de son temps, aussi faible, aussi lâche et beaucoup moins chaste que son aïeul, et qui ne trouva point son Richelieu.