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2104. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

La comédie lui donnera les mêmes plaisirs que la vie ; il s’y traînera également dans la vulgarité et dans l’ordure ; il n’aura besoin pour y assister ni d’imagination, ni d’esprit ; il lui suffira d’avoir des yeux et des souvenirs. […] Il avait appris chez M. de Montausier l’art de bien porter des gants et une perruque ; cela suffisait alors pour faire un gentleman. […] Un événement comique suffit à la fable. […] comme l’adresse suffit à tout !

2105. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Ce qu’ils savent suffit à orner leur vie, à la rendre commode et gaie. […] Sa présence officielle suffit à altérer profondément le caractère des spectacles auxquels il assiste. […] Il suffit peut-être que l’on y meure de façon à toucher ou à effrayer. […] Le cheval noir suffit-il à compenser tant de traits fâcheux ?

2106. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il suffit, pour prouver ma pensée, de faire attention à la maniere dont nous apprenons nôtre langue et les langues étrangeres par un commerce habituel avec ceux qui les parlent, et à la maniere dont nous apprenons les langues mortes par les livres. […] Si je peins un lion, sans autre dessein que de le peindre, je puis employer avec succès, tout ce qui le caractérise ; mais, si je ne le peins qu’en le comparant à un héros dans certaines circonstances, je suis obligé alors de n’en dire que ce qui convient à l’action de mon héros, et si je m’emporte au-dela, le vrai, le noble même ne laissera pas d’être une faute, et mon imitation, sans pécher contre la vérité, péchera contre mon dessein, ce qui suffit pour la rendre vicieuse. […] Le nom de fol orgüeil ne lui suffit pas pour qualifier mon crime : elle déclare qu’elle ne sçauroit lui trouver de nom. […] Si elle avoit traduit l’énéide, elle se garderoit bien de condamner ainsi les pleurs d’un héros ; mais ne suffit-il pas pour leur faire grace qu’elle ait traduit l’iliade ?

2107. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Karr, et le précipité d’une si riche ébullition n’offrira pas un rédacteur capable de suffire à pareille besogne. […] Il a des amis partout : Karr, Auguste Luchet, Jules Sandeau, sont les plus ardents ; un coup de sifflet d’éveil suffit pour faire tirer la plume du fourreau (et aussi l’épée bien entendu) à ces francs-maçons littéraires. […] Lamothe-Langon est baron ; mais vous voyez que ce qu’il publie sous son nom véritable suffit à la satisfaction de son amour-propre, puisqu’il consent à faire de la réputation à des pseudonymes.

2108. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Le pauvre, déchaîné par les violences même de Don Juan, suffisait au châtiment de ce fameux pervers. […] Certes nous n’aimons pas, plus qu’il ne les faut aimer les transitions tirées par les cheveux, et le plus simple passage nous suffit pour indiquer, à nos lecteurs, que nous changeons de parabole. […] Non, non, ce n’est pas là un marquis des petits appartements, un Lauzun aimé des princesses ; Don Juan n’est même pas un jeune homme, si jamais il a été jeune ; ce n’est pas là un homme amoureux, c’est un homme ennuyé ; pour suffire à ces conquêtes nombreuses, sitôt faites et sitôt oubliées, cet homme n’a plus qu’une seule ruse à son service, le faux mariage.

2109. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Il eut, en un mot, une saison morale toute poétique et divine, quatre mois célestes et fugitifs qui suffisent à illuminer tout un passé.

2110. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Mon revenu, tout chétif qu’il est, suffit à peu près aux dépenses d’un homme pour qui les besoins de convention n’existent pas.

2111. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

C’était pour moi comme une conversation que j’aurais suivie en me promenant dans un jardin, de l’autre côté de la haie ou de la charmille : il ne m’en arrivait que quelques mots qui me suffisaient et qui, dans leur incomplet, prêtaient d’autant mieux au rêve.

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