La comédie lui donnera les mêmes plaisirs que la vie ; il s’y traînera également dans la vulgarité et dans l’ordure ; il n’aura besoin pour y assister ni d’imagination, ni d’esprit ; il lui suffira d’avoir des yeux et des souvenirs. […] Il avait appris chez M. de Montausier l’art de bien porter des gants et une perruque ; cela suffisait alors pour faire un gentleman. […] Un événement comique suffit à la fable. […] comme l’adresse suffit à tout !
Ce qu’ils savent suffit à orner leur vie, à la rendre commode et gaie. […] Sa présence officielle suffit à altérer profondément le caractère des spectacles auxquels il assiste. […] Il suffit peut-être que l’on y meure de façon à toucher ou à effrayer. […] Le cheval noir suffit-il à compenser tant de traits fâcheux ?
Il suffit, pour prouver ma pensée, de faire attention à la maniere dont nous apprenons nôtre langue et les langues étrangeres par un commerce habituel avec ceux qui les parlent, et à la maniere dont nous apprenons les langues mortes par les livres. […] Si je peins un lion, sans autre dessein que de le peindre, je puis employer avec succès, tout ce qui le caractérise ; mais, si je ne le peins qu’en le comparant à un héros dans certaines circonstances, je suis obligé alors de n’en dire que ce qui convient à l’action de mon héros, et si je m’emporte au-dela, le vrai, le noble même ne laissera pas d’être une faute, et mon imitation, sans pécher contre la vérité, péchera contre mon dessein, ce qui suffit pour la rendre vicieuse. […] Le nom de fol orgüeil ne lui suffit pas pour qualifier mon crime : elle déclare qu’elle ne sçauroit lui trouver de nom. […] Si elle avoit traduit l’énéide, elle se garderoit bien de condamner ainsi les pleurs d’un héros ; mais ne suffit-il pas pour leur faire grace qu’elle ait traduit l’iliade ?
Karr, et le précipité d’une si riche ébullition n’offrira pas un rédacteur capable de suffire à pareille besogne. […] Il a des amis partout : Karr, Auguste Luchet, Jules Sandeau, sont les plus ardents ; un coup de sifflet d’éveil suffit pour faire tirer la plume du fourreau (et aussi l’épée bien entendu) à ces francs-maçons littéraires. […] Lamothe-Langon est baron ; mais vous voyez que ce qu’il publie sous son nom véritable suffit à la satisfaction de son amour-propre, puisqu’il consent à faire de la réputation à des pseudonymes.
Le pauvre, déchaîné par les violences même de Don Juan, suffisait au châtiment de ce fameux pervers. […] Certes nous n’aimons pas, plus qu’il ne les faut aimer les transitions tirées par les cheveux, et le plus simple passage nous suffit pour indiquer, à nos lecteurs, que nous changeons de parabole. […] Non, non, ce n’est pas là un marquis des petits appartements, un Lauzun aimé des princesses ; Don Juan n’est même pas un jeune homme, si jamais il a été jeune ; ce n’est pas là un homme amoureux, c’est un homme ennuyé ; pour suffire à ces conquêtes nombreuses, sitôt faites et sitôt oubliées, cet homme n’a plus qu’une seule ruse à son service, le faux mariage.
Il eut, en un mot, une saison morale toute poétique et divine, quatre mois célestes et fugitifs qui suffisent à illuminer tout un passé.
Mon revenu, tout chétif qu’il est, suffit à peu près aux dépenses d’un homme pour qui les besoins de convention n’existent pas.
C’était pour moi comme une conversation que j’aurais suivie en me promenant dans un jardin, de l’autre côté de la haie ou de la charmille : il ne m’en arrivait que quelques mots qui me suffisaient et qui, dans leur incomplet, prêtaient d’autant mieux au rêve.