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13. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés. […] Il y a apparence que son génie fit ses succès ; ses passions, ses crimes ; et le christianisme, ses lois. […] Rome païenne en fit un Dieu, Rome chrétienne en fit un saint ; il était le bienfaiteur de l’une, il était pour l’autre un homme tout-puissant et un prince qui avait eu de grands succès. […] Il ne faut donc pas s’étonner si en Italie, dans la Grèce, dans les Gaules, en Asie, dans les villes, dans les camps, partout les panégyriques le poursuivaient ; à chaque succès, à chaque pas, il était puni d’une victoire par un éloge. […] Les vers furent employés comme la prose, à lui rendre hommage, mais avec moins de succès encore.

14. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Mais dans un pays où la philosophie n’aurait point d’application réelle, où l’éloquence ne pourrait obtenir qu’un succès littéraire, l’une et l’autre, à la fin, sembleraient des études oisives, et leur mobile s’affaiblirait chaque jour. […] Si cet état se prolongeait, l’on ne posséderait bientôt plus aucun homme distingué dans une autre carrière que celle des armes ; rien ne peut décourager l’ambition des succès militaires ; ils arrivent toujours à leur but, et commandent à l’opinion ce qu’ils attendent d’elle. […] À peine est-il possible, dans les ouvrages d’imagination, dans ce domaine de l’invention que la puissance légale abandonne, à peine est-il possible d’oublier que l’amusement du maître et de ses courtisans est le premier succès qu’il importe d’obtenir. […] Mais, dira-t-on, ce qu’on doit craindre avant tout dans une république, c’est l’enthousiasme pour un homme ; et loin de désirer cette parfaite réunion que vous croyez presque nécessaire, nous recherchons, au contraire, ces instruments de succès qui font des discours, des décrets ou des conquêtes, comme on exercerait une profession exclusive, sans avoir une idée de plus que celles de leur métier. […] Un petit nombre d’hommes arrivent au terme : mais tous l’espèrent, et si la renommée ne couronne que le succès, les essais même ont souvent une obscure utilité.

15. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

— une des explications des succès de Le Sage. […] Seulement, ce ne fut pas uniquement cette nouveauté d’impression offerte à l’esprit français avec toutes les précautions exigées pour ne pas effaroucher cet esprit qui veut se retrouver partout, ce n’est point uniquement cette sensation qui fit le succès instantané du Diable boiteux, et, plus tard, le succès du Gil Blas, plus grand encore… Ce fut aussi, — et ne vous y trompez pas !  […] C’est cette vulgarité qui a fait la réussite de ceux-là qui ont, dans le roman, le plus monstrueusement réussi : l’abbé Prévost, par exemple, au siècle dernier, et, de nos jours, Alexandre Dumas et Dickens, — Dickens, pour le succès, l’Alexandre Dumas de l’Angleterre. Le Sage mérite d’être placé parmi ces monstrueux du succès. […] Encore là, du reste, une des causes du succès de Le Sage, que l’abjection de ses sujets et de ses héros.

16. (1881) Le naturalisme au théatre

Puis, le succès ne signifie rien. […] Plus tard, elle eut un grand succès à Paris. […] Cette pièce n’a pas eu de succès. […] Pour moi, le très grand succès que M.  […] On peut même doser le succès qu’on désire.

17. (1925) Comment on devient écrivain

La vocation et le succès. […] Elle est irrésistible, rien n’en garantit le succès. […] Il y a des succès passagers et il y a des succès durables. Au fond qu’est-ce qui prouve le succès ? […] Le succès dépend souvent de très peu de chose.

18. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

Le succès de la tragédie de Virginie se soutient au Théâtre-Français ; c’est le succès de mademoiselle Rachel plus encore que celui de l’œuvre elle-même. […] Le succès même de ces deux dernières tragédies, Virginie et Lucrèce, peut servir à mieux mesurer la décadence et la déchéance des hautes pensées et des espérances ambitieuses qu’on avait d’abord conçues dans cette carrière dramatique, telle qu’elle se rouvrait il y a vingt-cinq ans. […] Dans les années qui suivirent Marie Stuart, on essaya encore, mais sans succès auprès du public ; le Cid d’Andalousie du même auteur n’obtenait point grâce.

19. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Le premier article de cet arrêté propose une prime de 5 000 francs à l’auteur d’un ouvrage dramatique en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès, pendant le cours de l’année, sur le Théâtre-Français, et qui sera jugé avoir le mieux satisfait à toutes les conditions désirables d’un but moral et d’une exécution brillante. Si la Commission n’avait eu à se préoccuper, monsieur le ministre, que des conditions de talent, d’exécution brillante et de succès, s’il lui avait été demandé seulement de désigner lequel des ouvrages représentés dans le cours de l’année au Théâtre-Français lui semblait le plus digne, littérairement, d’un encouragement et d’une récompense, elle aurait pu être embarrassée de faire un choix, mais elle en aurait certainement fait un. […] Elle n’a pas trouvé davantage à placer la seconde prime de 3 000 francs proposée « à l’auteur d’un ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès, pendant le cours de l’année, sur le Théâtre-Français, et qui, dans des proportions différentes, serait jugé avoir rempli, au plus haut degré, les mêmes conditions ». […] La seconde partie de l’arrêté ministériel du 12 octobre 1851 propose une prime de 5 000 francs « à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté à Paris avec succès, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français, ou même donné pour la première fois sur un théâtre des départements, et qui serait de nature à servir d’enseignement aux classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples ». […] Anicet-Bourgeois et Michel Masson, qui a été représenté avec succès au théâtre de la Gaîté : il lui a semblé que le ton général de ce drame, l’émotion qui en résulte, le triomphe des bons principes et de quelques sentiments naturels et généreux, compensaient les invraisemblances d’ailleurs admises ou exigées dans le genre, et que ces qualités ici n’étaient point compromises, comme il arrive trop souvent, par des scènes accessoires où le vice en gaieté se montre et devient, quoi qu’on fasse, le principal attrait.

20. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Mais, ajoutera-t-on, le succès du Misantrope fut incertain durant un temps. La Phedre de Pradon, que le public méprise tant aujourd’hui, et pour dire encore plus, qu’il a si parfaitement oubliée, eut d’abord un succès égal à celui de la Phedre de Racine. […] Despreaux après avoir vû la troisiéme, soutint à Racine, qui n’étoit point fâché du danger où la réputation de Moliere sembloit être exposée, que cette comédie auroit bien-tôt un succès des plus éclatans. […] Quand le succès de ces deux tragédies sembloit égal, à compter le nombre des personnes qui prenoient des billets à l’hôtel de Guenegaud et à l’hôtel de Bourgogne, on voïoit bien qu’il ne l’étoit pas dès qu’on écoutoit le sentiment de ceux qui sortoient de ces hôtels, où deux troupes separées joüoient alors la comedie françoise. […] On sçait les vers de Despreaux sur le succès du Cid de Corneille.

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