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295. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Nous devons tendre la joue, non pour souffrir, mais parce que le mal est inévitable, et nos efforts vains, si nous ne devenons indifférents à la violence. Jésus ne dit point : souffrez, créez-vous des douleurs. […] L’homme, faute de comprendre la vie, souffre et dépérit. […] Aimer les hommes, c’est absorber leurs âmes en la nôtre, la grandir de toutes les passions : c’est partager de leurs besoins, souffrir leurs souffrances. […] Wellgunde Brandon de souffre en la crue des vagues, de colère amoureuse il siffle bruyant.

296. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

. — Tel est le sort des curés à portion congrue, et il y en a beaucoup qui n’ont pas la portion congrue, que la mauvaise volonté du haut clergé en exclut, qui, avec leur casuel, ne touchent que 400 à 500 livres, qui réclament en vain la maigre pitance à laquelle ils ont droit par le dernier édit. « Une pareille demande, dit un curé, ne devrait-elle pas être acceptée de bon gré par MM. du haut clergé qui souffrent des moines jouir de 5 à 6 000 livres de rente par chaque individu, tandis qu’ils voient les curés, au moins aussi nécessaires, réduits à la mince portion, tant pour eux que pour la paroisse ?  […] Il ne choisira pas « pour représentants ceux qui nagent dans l’opulence et qui l’ont vu toujours souffrir avec tranquillité ». […] Si l’institution d’une chambre haute est repoussée, c’est que la plèbe des gentilshommes ne veut pas souffrir aux grandes familles une prérogative dont elles ont abusé. […] Cette marche est si fort établie, qu’elle est respectée comme une sorte de justice par ceux mêmes qui en souffrent le plus ; un bon gentilhomme, qui ne peut éblouir par des alliances à la cour, ni par une dépense d’éclat, n’oserait prétendre à un régiment, quelque anciens et distingués que puissent être ses services et sa naissance.

297. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Nul n’a peint de couleurs plus brillantes le déroulement immoral de l’histoire  et voilà qu’il souffre, comme une femme compatissante et naïve, de cette immoralité ! […] Je crois, pour ma part, à la bonne foi d’une femme qui ne craint pas de nous faire cet aveu : « Je finis par souffrir de mes espérances trompées, de mes affections déçues, des erreurs de quelques-uns de mes calculs. » Cette confession ne me semble pas d’une âme vulgaire, et j’en tire des conclusions absolument opposées à celles du prince Napoléon  Mais, dira-t-on, si elle avait sur l’empereur l’opinion qu’elle nous a livrée, elle n’avait qu’à s’en aller, et même elle le devait. […] Or, à partir du moment où Faustus redevient un homme et recommence à souffrir, je n’ai plus qu’à admirer. […] les dialogues où il exprime à Stella les inquiétudes de sa conscience et son dessein de redescendre sur la terre pour faire profiter les pauvres hommes de ce qu’il a appris dans un monde meilleur, et même, s’il le faut, pour souffrir encore avec eux… il y a dans tout cela une émotion, une beauté du sentiment moral, et comme un sublime tendre où M. 

298. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Borel, Petrus (1809-1859) »

Il souffre, il se plaint ; je veux bien croire qu’il y a dans sa douleur quelques exagérations ; cette fois, le désespéré se regarde un peu trop dans la glace ; pourtant, comment ne pas se sentir ému par ce cri, par ce sombre aveu qui éclaire tristement l’époque de ses débuts ?

299. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Il le redira plus tard en vingt endroits : « Qui a affaire à un peuple qui ne trouve rien de difficile à entreprendre, et qui, en l’exécution, ne pourvoit à rien, se trouve bien empêché. » Il souhaite à ceux qui viendront après lui « d’avoir autant d’affeclion, de fidélité et de patience qu’il en a eu, et de rencontrer des peuples plus constants, plus zélés et moins avares. » Cette âme fière, ce capitaine énergique fait pour commander, cette nature aristocratique, ambitieuse de grands desseins et entravée à chaque pas, avait dû beaucoup souffrir. […] Rohan, déjà gêné au dedans par les siens, dut également souffrir de cette gêne en face de l’ennemi, et peut-être des accusations sourdes qui en venaient parfois à son oreille ; et il semble, nous le verrons, avoir voulu répondre à tout et se satisfaire lui-même lorsqu’il se mit, à son dernier jour, à faire le coup de pique en simple volontaire dans l’armée du duc de Weimar, comme s’il s’était dit : « Cette fois enfin je ne suis plus un général ni un chef de parti, je ne suis qu’un soldat. » Ouvrons maintenant les mémoires de Richelieu, lorsqu’il a à parler des mêmes conjonctures. […] Quelque chose de ce sentiment austère et contristé se réfléchit dans la page suivante, où M. de Rohan, après avoir raconté la reddition de La Rochelle le 28 octobre (1628), ajoute du ton de fermeté et de fierté qui lui est propre : La mère du duc de Rohan et sa sœur4 ne voulurent point être nommées particulièrement dans la capitulation, afin que l’on n’attribuât cette reddition à leur persuasion et pour leur respect, croyant néanmoins qu’elles en jouiraient comme tous les autres ; mais comme l’interprétation des capitulations se fait par le victorieux, aussi le conseil du roi jugea qu’elles n’y étaient point comprises, puisqu’elles n’y étaient point nommées : rigueur hors d’exemple, qu’une personne de cette qualité, en l’âge de soixante-dix ans (et plus), sortant d’un siège où elle et sa fille avaient vécu trois mois durant de chair de cheval et de quatre ou cinq onces de pain par jour, soient retenues captives sans exercice de leur religion, et si étroitement qu’elles n’avaient qu’un domestique pour les servir, ce qui, néanmoins, ne leur ôta ni le courage ni le zèle accoutumé au bien de leur parti ; et la mère manda au duc de Rohan, son fils, qu’il n’ajoutât aucune foi à ses lettres, pource que l’on pourrait les lui faire écrire par force, et que la considération de sa misérable condition ne le fît relâcher au préjudice de son parti, quelque mal qu’on lui fît souffrir.

300. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Le pasteur Arnaud y prononça cette prière : « Seigneur Jésus, toi qui as tant souffert et qui es mort pour nous, accorde-nous la grâce de pouvoir souffrir aussi et de sacrifier notre vie pour toi î Ceux qui persévéreront jusqu’à la fin seront sauvés. […] Il n’y a point de salaire en ce monde qui puisse obliger les hommes à tant souffrir.

301. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il faut éviter la société lorsqu’on souffre, parce qu’elle est l’ennemie naturelle des malheureux ; sa maxime est : Infortuné, — coupable ! […] D’ailleurs, la raison trop dure ne fait qu’aigrir celui qui souffre, comme la garde maladroite qui, en tournant l’agonisant dans son lit pour le mettre plus à son aise, ne fait que le torturer. […] Ces sylvains solitaires veulent bien le souffrir dans leur république, à laquelle il paye un léger tribut ; tâchant ainsi de reconnaître, autant qu’il est en lui, l’hospitalité qu’on lui a donnée.

302. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

La vie n’a rien fait à ce garçon florissant et riche : il n’a jamais aimé, il n’a pas souffert ; il est bronzé sans être brisé. […] Il s’est étendu à tous ceux qui souffrent. […] Sa pudeur souffre, ses bons instincts se réveillent ; son cœur, que remplit l’amour de Camille, commence à battre d’une vague espérance.

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