Les peintres, en sortant le soir, n’avaient pas songé à fermer les portes ; ceux qui ont soin de cet appartement avaient eu autant de négligence que les peintres : ainsi les ours, trouvant les portes ouvertes, entrèrent, et, toute la nuit, gâtèrent tout. […] Les deux poètes firent bivouac où les deux ours l’avaient fait la nuit précédente, et eurent le loisir de songer ou à leur poésie passée, ou à leur histoire future. […] Car il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise, ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries intéressées ou des alliances ; c’est le grand nombre.
Et, comme vous êtes un causeur philosophe et spirituel, c’est à peine si le jeune homme et la jeune fille songent à s’esquiver, — le temps d’aller cueillir un wergiss-mein-nicht au bord de l’étang qui dort sous les fenêtres. […] Au lieu de tirer, Murger songe que le lapereau a peut-être une Mimi qui occupe les attentes du rendez-vous à se lustrer le museau de sa patte — au bord du clapier. […] J’en viens, par une pente toute naturelle, à songer que Balzac, lui aussi, a consacré deux tableaux de son drame universel à la Bohême littéraire.
M. le Dauphin, qui auroit désiré que M. l’Abbé Nollet songeât un peu plus à sa fortune, le pressa d’aller voir un homme en place, dont la protection pouvoit lui être utile.
C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.
Certes elle ne songea pas à prolonger, comme si elle eût été un talent inspiré, cette lutte abominable du comédien contre le public. […] Il ne songeait qu’à s’amuser de chacun et de tous ; le reste à la grâce de Dieu ! […] Vous avez cinquante-deux ans, seigneur Sganarelle, songez-y ! Mais Sganarelle de répondre : — Est-ce qu’on songe à cela ? […] Et voilà, ce qu’un honnête comédien, qui ne songe qu’à se bourrer de prose et de vers, ne peut pas deviner.
» Songez à cela, Mesdemoiselles ! […] saint homme, vous ne songez donc qu’à ça ? […] Ce rimeur si savant fait songer aux poètes involontaires des toutes jeunes civilisations. […] songez à ce que cette entreprise suppose aujourd’hui de courage, de persévérance, de gravité et de foi ! […] Or c’est à quoi il n’a pas l’air de songer un instant.
Remy de Gourmont Relu, Tête d’or m’a enivré d’une violente sensation d’art et de poésie ; mais, je l’avoue, c’est de l’eau-de-vie un peu forte pour les temps d’aujourd’hui ; les fragiles petites artères battent le long des yeux, les paupières se ferment ; trop grandiose, le spectacle de la vie se trouble et meurt au seuil des cerveaux las de ne jamais songer.
Écoutez (le poète s’interroge si la mort est la fin) : Non, ce pesant silence est lui-même un mensonge, Ce sommeil décevant durera moins qu’un songe, Ce tableau du néant n’est qu’une illusion.