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389. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Les peintres, en sortant le soir, n’avaient pas songé à fermer les portes ; ceux qui ont soin de cet appartement avaient eu autant de négligence que les peintres : ainsi les ours, trouvant les portes ouvertes, entrèrent, et, toute la nuit, gâtèrent tout. […] Les deux poètes firent bivouac où les deux ours l’avaient fait la nuit précédente, et eurent le loisir de songer ou à leur poésie passée, ou à leur histoire future. […] Car il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise, ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries intéressées ou des alliances ; c’est le grand nombre.

390. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Et, comme vous êtes un causeur philosophe et spirituel, c’est à peine si le jeune homme et la jeune fille songent à s’esquiver, — le temps d’aller cueillir un wergiss-mein-nicht au bord de l’étang qui dort sous les fenêtres. […] Au lieu de tirer, Murger songe que le lapereau a peut-être une Mimi qui occupe les attentes du rendez-vous à se lustrer le museau de sa patte — au bord du clapier. […] J’en viens, par une pente toute naturelle, à songer que Balzac, lui aussi, a consacré deux tableaux de son drame universel à la Bohême littéraire.

391. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 417-418

M. le Dauphin, qui auroit désiré que M. l’Abbé Nollet songeât un peu plus à sa fortune, le pressa d’aller voir un homme en place, dont la protection pouvoit lui être utile.

392. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Avant-propos » pp. -

C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.

393. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Certes elle ne songea pas à prolonger, comme si elle eût été un talent inspiré, cette lutte abominable du comédien contre le public. […] Il ne songeait qu’à s’amuser de chacun et de tous ; le reste à la grâce de Dieu ! […] Vous avez cinquante-deux ans, seigneur Sganarelle, songez-y ! Mais Sganarelle de répondre : — Est-ce qu’on songe à cela ? […] Et voilà, ce qu’un honnête comédien, qui ne songe qu’à se bourrer de prose et de vers, ne peut pas deviner.

394. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

» Songez à cela, Mesdemoiselles ! […] saint homme, vous ne songez donc qu’à ça ? […] Ce rimeur si savant fait songer aux poètes involontaires des toutes jeunes civilisations. […] songez à ce que cette entreprise suppose aujourd’hui de courage, de persévérance, de gravité et de foi ! […] Or c’est à quoi il n’a pas l’air de songer un instant.

395. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Claudel, Paul (1868-1955) »

Remy de Gourmont Relu, Tête d’or m’a enivré d’une violente sensation d’art et de poésie ; mais, je l’avoue, c’est de l’eau-de-vie un peu forte pour les temps d’aujourd’hui ; les fragiles petites artères battent le long des yeux, les paupières se ferment ; trop grandiose, le spectacle de la vie se trouble et meurt au seuil des cerveaux las de ne jamais songer.

396. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupuy, Ernest (1849-1918) »

Écoutez (le poète s’interroge si la mort est la fin) : Non, ce pesant silence est lui-même un mensonge, Ce sommeil décevant durera moins qu’un songe, Ce tableau du néant n’est qu’une illusion.

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