Toute lune est atroce et tout soleil amer. […] Dans l’intolérable souffrance, il rêvait de retourner aux pays de soleil. […] Mais, loin d’elle, l’exil est lourd, et le bel avril épanoui, les lilas blancs, les aubépines et l’or fleuri du soleil dans les branches n’ont plus de sens ni d’agrément. […] Paysages divers, de brume ou de gaieté, soit que la pluie « tende ses écharpes grises aux ailes immobiles des moulins », soit qu’au beau midi « les clowns du soleil bondissent sur la rivière ». […] Les lueurs livides de jadis, qui suscitaient les redoutables fantasmagories du cauchemar, se sont éclipsées ; le beau soleil est sur la plaine, les terreurs vaines sont en fuite, le ciel est pur.
« Lorsque le soleil est près de se lever, l’horizon se colore de mille nuances, et l’Orient paraît tout en feu. […] « Les innombrables pensées diverses, qui se croisent et se mêlent à l’horizon du monde spirituel, sont le signe qui annonce le lever du soleil des intelligences. […] « Et les savants se troubleront dans leur science, elle leur apparaîtra comme un petit point noir quand se lèvera le soleil des intelligences.
Il faut leur en savoir gré, car on en pourrait trouver qui s’obstinent à nier le soleil, parce qu’ils ne l’ont pas prévu ; mais pourtant si le poëte, qui a besoin de la gloire, ou du moins d’être confirmé dans sa certitude de l’obtenir, s’en remettait à ces agiles intelligences dont l’approbation marche comme l’antique châtiment, pede pæna claudo, il y aurait lieu pour lui de défaillir, de se désespérer en chemin, de jeter bas le fardeau avant la première borne, comme ont fait Gilbert, Chatterton et Keats. […] Ce n’est plus croire à la rédemption que de parler ainsi ; c’est voir l’univers et l’humanité comme avant la venue, comme avant Job, comme en ces jours sans soleil où l’esprit était porté sur les eaux. […] L’autre vie, celle qui suit la tombe, est redevenue un crépuscule nébuleux, boréal, sans soleil ni lune, pareil aux limbes hébraïques ou à ce cercle de l’enfer où souffle une perpétuelle tempête ; des faces mornes y passent et repassent dans le brouillard, et l’on sent à leur souffle ce frisson qui hérisse le poil ; les ailes d’or qui viennent ensuite et les âmes comparées aux hirondelles ne peuvent corriger ce premier effroi de la vision.
Ces dernières, venues année par année, automne par automne, comme les fruits d’un même arbre, expriment fidèlement par leur saveur et par leur éclat les phases, les accidents divers sous le soleil, les greffes plus ou moins heureuses, les variétés du tronc et des rameaux. […] La seconde jeunesse me semble donc une saison très-convenable à ce genre de composition, animée qu’elle est et chaude encore, se teignant de teintes plus larges et plus changeantes au soleil de l’imagination à mesure qu’il décline au couchant, nourrie de souvenirs, se développant volontiers, reposée sans être appesantie, capable de tout comprendre. […] Marie et Habibrah, ce sont deux germes ennemis, un œuf de colombe, un œuf de serpent, que dans ses splendeurs ce jeune soleil en montant a fait éclore.
Ils ont loué, comme les chantres des premières hymnes, la naissance du soleil et son cours ; ils ont retrouvé dans leur coeur renouvelé les figures des légendes primitives. Chez eux comme chez les Indiens, « le soleil qui se lève lance ses flèches d’or aux blanches nuées qui se teignent de rouge, comme si elles étaient blessées, et s’évanouissent ensuite dans la lumière, jusqu’à ce qu’enfin la lutte cesse et que le jour pose en triomphateur ses pieds rayonnants sur la nuque de la montagne »149 « Comme des bayadères assoupies vers le matin, les montagnes frissonnent dans leurs blancs peignoirs de nuages que la brise matinale soulève. Mais elles se réveillent bientôt sous les baisers du soleil ; il leur enlève peu à peu jusqu’au dernier voile, et les contemple dans toute leur beauté. » Quelle place cette poésie pouvait-elle trouver sous le dieu classique, et quelle poésie pouvait trouver place parmi les convenances de son trône officiel ?
Comme un cygne émergeant D’un grand fleuve d’azur, l’Aube, parmi la brume, Secoue à l’horizon les blancheurs de sa plume Et flagelle l’air vif de son aile d’argent… Et plus loin : Luisante à l’horizon comme une lame nue, Sur le soleil tombé la mer en se fermant De son sang lumineux éclabousse la nue Où des gouttes de feu perlent confusément… Cette aube qui est un cygne, ce soleil qui est un dieu décapité, et bien d’autres images que je pourrais citer…, alors que M. […] Au soleil de la campagne les hommes se soulageaient avec lenteur… J’étais joyeux.
Et la Tour d’Ivoire des parnassiens était du moins, elle, éclatante au soleil ; certains symbolistes amassèrent une nuit presque impénétrable autour de leur demeure, et ce fut souvent la Tour d’Ébène. […] Que ce soit le grand soleil ineffable de Dieu ou le grand soleil noir du néant, je saurai le regarder en face, sans être aveuglé par la lumière, sans être ébloui par l’ombre.
C’est que le musicien vous envoie les sons mêmes et que ce que le peintre broie sur sa palette, ce n’est pas de la chair, du sang, de la laine, la lumière du soleil, l’air de l’atmosphère, mais des terres, des sucs de plantes, des os calcinés, des pierres broyées, des chaux métalliques. […] Je défie le plus hardi d’entre eux de suspendre le soleil ou la lune au milieu de sa composition, sans offusquer ces deux astres ou de vapeurs ou de nuages ; je le défie de choisir son ciel, tel qu’il est en nature, parsemé d’étoiles brillantes comme dans la nuit la plus sereine. […] Je ne vous parlerai point de l’éclat du soleil et de la lune, qu’il est impossible de rendre ; ni de ce fluide interposé entre nos yeux et ces astres qui empêche leurs limites de trancher durement sur l’espace ou le fond où nous les rapportons, fluide qu’il n’est pas plus possible de rendre que l’éclat de ces corps lumineux.