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673. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il s’arrête à l’écorce des œuvres, et son analyse souvent éloquente ne pénètre jamais jusqu’au cœur de l’homme et de la société. […] Elle remarqua le lien nécessaire qui joint la pensée d’un peuple à celle de ses écrivains, et conclut par le célèbre aphorisme : La littérature est l’expression de la société. […] cette reproduction de l’état moral d’une société éteinte est devenue souvent, sous la plume de nos critiques, une œuvre digne à son tour des regards de la postérité. […] Je voudrais que l’histoire de la littérature ne devînt pas de l’histoire à propos de littérature ; que les détails qui représentent la société, les mœurs, les gouvernements, fussent le cadre et non le tableau. […] La société est en proie à l’industrie !

674. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les prophètes de la société dite de chez nous — entendez des articles de Paris qui monopolisent l’esprit français — tremblèrent de n’avoir aucune certitude quant aux destinées de ce nouveau prétendant à l’avant-garde des idées modernes. […] C’est tout le phénomène avant-coureur qu’il nous est permis de constater à l’heure actuelle, dans toutes les classes de cette société décomposée. […] Mais on ne discrédite pas plus l’art qui est la manifestation d’une poussée impérieuse de l’instinct qu’on ne peut discréditer la société des hommes issue elle aussi d’une poussée impérieuse de l’instinct. On ne discrédite pas plus l’art en se livrant à une destruction systématique de ses valeurs qu’on ne discrédite la société par une faillite frauduleuse internationale. […] Romulus Coucou souscrira de son cœur d’homme, parce qu’il aime, il souscrira des mille douleurs dont un nègre, dans une société d’esclavage peut endurer le déchirement.

675. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Plus de salon, plus de centre, plus de société polie enfin… Une chose curieuse ! […] Les sociétés, les civilisations retravaillent la statue de sa nudité. […] À chaque pas qu’ils font, toutes sortes de grandes et de petites choses tombent sur eux, comme les peines afflictives d’une grande loi de conservation de la société. […] J’ai cru voir l’esclave qui recevait au Cirque les corps des gladiateurs, — et lui aussi reçoit les tués de ce grand Cirque : la société moderne. […] Maintenant, on prend trop de religion, on en prend trop, on force la dose… Et puis, dans ce temps-là, on avait la société, la société, encore la meilleure invention des hommes, après tout. » Là-dessus, il se met à parler de Michelet avec une sorte d’animosité et de rancune colère. « Aujourd’hui, il a le style vertical.

676. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

. — Le conventionnel dans la société et dans l’art. […] Il y a une analogie entre les principes variables de la morale, qui suivent les transformations mêmes de la société, et les principes également variables de l’esthétique. […] Le parfait de tout point, l’impeccable ne saurait nous intéresser, parce qu’il aurait toujours ce défaut de n’être point vivant, en relation et en société avec nous. […] Le résultat, c’est que la littérature qui procède de Rousseau devait s’attacher à peindre un état de société moins conventionnel, moins faux que la société des salons d’alors, qui avait seule servi de type aux précédentes littératures. […] Notre sociabilité s’élargit alors, s’affine dans ce contact avec des sociétés inconnues.

677. (1902) Le critique mort jeune

On savait seulement que c’était celui d’une étude sur la société contemporaine et qui faisait le procès de quelques principes démocratiques. […] Sa rapide élévation, son « ascension sociale », qui permet qu’une classe de rhétorique soit bien faite et le goût des jeunes gens formé, est donc en ce sens utile à la société. […] Il me semble qu’il faut dans toute société comme dans tout tableau une figure centrale sur laquelle se fixe d’abord l’attention, et qui donne aux autres, leur valeur. […] Deux fidèles de la religion révolutionnaire, un sceptique, un traditionnel, ont interprété, chacun à sa manière, les conditions que la société moderne fait au pacte conjugal. […] « Résigne-toi ; accepte l’inévitable et la société telle qu’elle est faite », plaide l’exemple de la comtesse Favié.

678. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Après un succès de théâtre qui n’eut qu’un jour et qui ne se renouvela point, il se réfugia dans les succès de salon et dans les douceurs de la société : il s’y confina et s’y confit. […] Un noble tableau du premier empire, une brillante image de la société sous la Restauration, un généreux et chaleureux hommage à l’empire actuel et à l’empereur, à la croisade italienne, grosse d’avenir, ont rehaussé le sujet et mis en jeu des sympathies diverses qui se sont confondues à la fin dans un seul et même applaudissement.

679. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Pour offrir aux Hommes un tableau approfondi de tous les Gouvernemens, il étoit nécessaire de remonter à l’origine des Sociétés, de les suivre dans leurs accroissemens, de ne perdre de vue aucune des révolutions qu’elles ont éprouvées, aucune des causes qui ont pu les occasionner. […] Il étoit trop ami de l’ordre établi dans toute société, pour se permettre aucune de ces déclamations indécentes que ses prétendus Imitateurs se sont si souvent permises.

680. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Mais ces leçons ne peuvent convenir à une classe nombreuse de la société. […] Sans doute il faut des lois et des lois sévères pour contenir les passions humaines, parce que le désordre des passions est un fléau pour la société ; mais l’Imagination, cette fille du ciel, veut être libre et indépendante. La seule loi que la société lui impose, c’est de ne jamais oublier sa céleste origine. […] L’art de combiner ces sons, au moyen d’articulations distinctes, est né pour nous du besoin de vivre en société : le langage est une convention des hommes. […] Mais l’instruction qui convient aux gens du monde et répand tant de charme sur les relations de société, cette instruction qui fait mieux apprécier les œuvres du génie et devient la source des plus douces jouissances de l’esprit, il faut la chercher dans les livres...

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