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1018. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Dans la sphère religieuse et philosophique, il lui est arrivé de tomber précisément, comme hier tel illustre qui le plaignait est lui-même tombé dans l’enceinte parlementaire : la seule différence est dans la hauteur des questions d’où chacun est tombé.  […] Parmi ceux de sa couleur première, il se pouvait vanter d’être le seul avec M. de La Mennais que la révolution de Juillet n’eût pas désarçonné. […] Cette suite, chez M. de Lamartine, ne se compose encore, il est vrai, que d’un seul poëme, mais qui a tout déjoué. […] La lyre première de Lamartine avait je ne sais combien de cordes, une seule, disaient les jaloux, mais plusieurs, je le crois, mais surtout des cordes assorties ; elle était bornée ; elle était vague, éolienne, mais elle n’était pas indéfinie ; tant mieux ! […] La perruque était la seule pièce, dit-on, qui tînt bon contre le déshabillé ; personne ne l’avait jamais vu sans.

1019. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Bientôt tout poussa le jeune monarque à la perte de Fouquet : l’indignation d’être pris pour dupe, le sentiment de l’autorité souveraine, que tenait seul en échec un ministre insolent, les fiertés les plus légitimes de l’homme et du roi contre un présomptueux qui lui faisait concurrence en toutes choses. […] Il n’avait songé d’abord qu’à éloigner le surintendant des affaires ; mais le voyant si plein de projets et d’humeur si inquiète, si empressé à se faire des amis, à s’étendre en crédit dans tous les sens, fortifiant Belle-Isle en Bretagne en même temps qu’il décorait si royalement sa terre de Vaux, il jugea qu’il fallait faire sur lui un exemple et ne pas laisser renaître un seul instant ces velléités, ces réminiscences encore récentes de la Fronde. […] À partir de ce jour seulement, Louis XIV montra qu’il était véritablement roi ; il fut désormais évident à tous que lui seul régnerait et gouvernerait, et qu’il n’y aurait point de Premier ministre. […] Il y en avait de quelques femmes de la Cour, de celles même qu’on n’aurait pas soupçonnées : une seule, dit-on, Mlle de Menneville, se trouva entièrement compromise ; mais c’était l’être déjà que de se trouver dans cette cassette intime. […] Mais le plus grand témoignage rendu à Fouquet dans sa disgrâce, fut assurément celui du poète Brébeuf, lequel, dit-on, mourut de chagrin et de déplaisir de le savoir arrêté : voilà une mort qui est à elle seule une oraison funèbre.

1020. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On y danse, on y souffre, on y vit du jour au jour, et la lecture des journaux y est la seule occupation essentielle. […] Et, pour commencer, il s’en remet à la bonne foi même du Créateur, de qui il n’est pas un seul instant à douter. […] Dans le premier moment, les ambitieux se taisent, la masse seule se meut et compte ; dans le second, la masse disparaît, et les ambitieux ou les raisonneurs reprennent l’empire. […] Ces belles paroles, à en bien pénétrer le sens, expriment toute la pensée morale du Code civil et le seul esprit général par lequel il nous soit permis de l’envisager ici. […] Le seul côté faible du Code civil, et les lacunes à remplir, y sont signalés avec une sagacité ferme et prudente.

1021. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Ils n’étaient pas les seuls. […] Parmi les romanciers de talent, nous n’avions à nous plaindre que du seul Huysmans, qui fut d’ailleurs notre ami à tous. […] Il avait accumulé sur un seul héros toutes les extravagances, les dandysmes, les manies, les afféteries qu’on allait nous reprocher à nous, soi-disant décadents, à nous les simples, les bons bûcheurs ou les bons flâneurs qui vivions bien tranquilles à l’instar de la plupart de nos aînés parnassiens : à la bibliothèque le jour, au café le soir. […] Quoique résolu à vous en expliquer l’esthétique, je pense que seuls les poèmes ont qualité pour y bien réussir. […] Sans admettre que le vers devienne un verset complet, et là le goût et l’oreille sont suffisants pour avertir le poète, on peut grouper en un seul vers trois ou quatre éléments ayant intérêt à ce que leur jaillissement soit resserré.

1022. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Les monstres sont très fréquemment stériles ; de plus chaque être vivant, surtout chez les animaux, est si admirablement adapté à ses conditions d’existence, qu’il semble dès le premier abord improbable que des instruments aussi parfaits aient été soudainement produits dans leur perfection, de même qu’une machine compliquée ne saurait avoir été inventée par un seul homme avec tous ses perfectionnements successifs. Je n’ai pu trouver un seul exemple d’une espèce sauvage présentant des particularités d’organisation analogues aux monstruosités qu’on observe dans les formes alliées vivant à l’état domestique. […] Il en résulte que lorsqu’il s’agit de déterminer si une forme doit prendre le nom d’espèce ou de variété, l’opinion des naturalistes doués d’un jugement sûr et en possession d’une grande expérience semble devoir seule faire autorité. […] Mais s’il concentre son attention sur une seule classe dans une seule contrée, il parvient assez vite à ranger selon leur ordre les formes douteuses. […] Nous le reproduirons ici comme renseignements : « Plusieurs variétés bien distinctes ou espèces douteuses méritent une attention particulière ; car c’est en vain qu’on a voulu arguer tour à tour de leur distribution géographique, des analogies de leurs variations ou de leur caractère hybride pour déterminer leur rang ; J’en citerai ici un seul exemple ; celui bien connu de la Primevère et du Coucou (Primula vulgaris et verts).

1023. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Ce fut une scène déchirante, lorsqu’il fallut l’emporter seule, sans sa mère, l’embarquer de force, le soir, dans une pirogue qui allait rejoindre le vaisseau. […] En vain on veut lever les yeux Aux desseins, qu’on lui prête : Il est son seul juge en tous lieux Et son seul interprète. […] Tous les biens se perdent et s’évanouissent : ce but seul est immuable. […] C’est fièrement douloureux d’interrompre ainsi les seules douceurs consolantes de ma vie. […] La poésie, elle du moins, venait toute seule, comme un chant, comme un soupir ou comme un cri.

1024. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Priez avec vos saintes sœurs les nonnes, pour que le ciel me conserve la mère, qui est ici-bas mes seules délices. » Les prières du père, de la mère et de la tante furent exaucées ; l’enfant, qui fut Torquato Tasso, naquit à Sorrente, le 12 mars 1544. […] Quant à lui, seul, à pied, ne portant pour tout bagage que deux chemises et son poème manuscrit d’Amadis, il se mit en route pour Ravenne et pour Venise, où il espérait faire imprimer son poème. […] Son vêtement ordinaire, dès sa jeunesse, était toujours noir, sans aucun des ornements et des broderies en usage de son temps ; il n’était, en général, suivi que d’un seul page ; mais, quoique sobre, son costume était éloigné de la négligence. […] Le poète se tut et chanta sous des noms de nymphe ou de bergère le seul et véritable objet de sa passion. […] Sur la foi d’un vers de Boileau, le seul poème épique moderne digne de ce nom passa pendant deux siècles, en France, pour une fausse dorure sur un vil métal.

1025. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Au printemps, la petite, qui touchait à ses treize ans, et qui avait grandi jusqu’à la taille de sa tante, commença à craindre de s’éloigner seule de la maison pour aller sarcler le maïs ou cueillir les feuilles de mûrier. […] Elle avait peur sans savoir de quoi ; les yeux de cet homme ne lui plaisaient pas ; plus ils étaient tendres, plus ils l’effrayaient ; elle priait sa tante ou son cousin de ne jamais la laisser seule avec lui. […] Elle se rassit et se remit à remuer du pied le berceau du petit, toute rêveuse et toute rouge d’avoir laissé échapper ce cri de deux amours dans une seule voix. […] Un frisson nous prit à ces mots, nous pensâmes tous, et tous à la fois au châtaignier, notre seul nourricier sur la terre. […] La pitié est la charité des persécutés envers les persécuteurs : c’est la seule vengeance qui plaît à Celui qui est là-haut.

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