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327. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Le vaste monde est ouvert, il n’est pas de sujet qu’il ne puisse aborder, et il devra dès lors s’occuper d’histoire, de philosophie, de sciences ; il touchera à tous les métiers, il examinera toutes les professions. […] Zola ne pouvait certes pas, en matière d’atavisme, prophétiser et devancer la science ; il eut, croyons-nous, le tort littéraire de vouloir la suivre sur ce terrain mouvant encore, et de s’y enliser. […] À ce titre, il serait ingénieux de considérer l’intrusion de la science, en son œuvre, comme un merveilleux d’un nouveau genre, le merveilleux scientifique, et de ne pas tenir autre compte de ses velléités d’expérimentateur. […] La science avait marché depuis » ! […] L’auteur « y paye d’abord un tribut aux sciences accessoires, commence par la géographie physique et la climatologie ».

328. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Et vous appelez cela de la science ? […] Votre science n’est que le néant ayant conscience de lui-même ! […] Vous voyez donc que votre prétendue science est obligée de se désavouer elle-même et de recourir au mystère de son instinct inné pour croire à quelque chose de surnaturel, au bien ou au mal moral sur lequel la science matérielle ne dit rien ! […] Il a trouvé le fond de la science, il a le pied sur le solide. […] Il ne cherche point sa loi morale alors dans la science, qui ne peut rien lui dire que de matériel.

329. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Taine est froid et affecte d’être froid, comme doivent l’être l’examen et la science. […] Pour l’expliquer en deux mots, c’est l’assimilation de l’Histoire aux sciences naturelles, rien de plus. […] la science ce n’était pour eux que des faits ! […] Ignorants comme des carpes, ils tremblaient devant sa science, jeune encore. […] Il n’a pas conclu, par respect pour la science et aussi pour ne pas nuire à l’effet de son livre.

330. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

C’est ce que j’ai recherché dans Science et Hypothèse. […] J’ai montré dans Science et Hypothèse qu’à cette question il faut répondre oui. […] L’étude de ces propriétés est l’objet d’une science qui a été cultivée par plusieurs grands géomètres et en particulier par Riemann et Betti et qui a reçu le nom d’Analysis Situs. Dans cette science, on fait abstraction de toute idée quantitative et par exemple, si on constate que sur une ligne le point B est entre les points A et C, on se contentera de cette constatation et on ne s’inquiétera pas de savoir si la ligne ABC est droite ou courbe, ni si la longueur AB est égale à la longueur BC, ou si elle est deux fois plus grande. […] J’ai expliqué dans Science et Hypothèse comment nous avons été amenés à distinguer les changements de position.

331. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

La vraie science du cerveau devrait donc comprendre, outre la description anatomique de cet organe, une analyse de ses opérations, et nous faire voir comment ces opérations sont liées au résultat final, qui est la pensée. Il est inutile de dire que cette partie de la science est non-seulement dans l’enfance, mais que même elle n’existe absolument pas. […] D’autres enfin Newton lui-même, Hartley et Bonnet, ont combiné les deux hypothèses en substituant aux esprits animaux un fluide plus général, qui obtient chaque jour plus de crédit dans la science moderne l’éther. […] La liaison logique des idées est tout autre chose que la connexion constante des sensations ; autrement la science se confondrait avec la routine.

332. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment » pp. 341-353

Qu’on demande à nos navigateurs si les vieux pilotes qui n’ont que leur expérience, et si l’on veut leur routine pour tout sçavoir, ne devinent pas mieux dans un voïage de long cours en quel lieu peut être le vaisseau que les mathematiciens nouveaux à la mer, mais qui durant dix ans ont étudié dans leur cabinet toutes les sciences dont s’aide la navigation. […] Ce grand capitaine n’avoit étudié aucune des sciences capables d’aider un ingénieur à se former, quand le dépit qu’il conçut, parce qu’un autre noble genois lui avoit été préferé dans l’achat du palais Turfi de Genes, lui fit prendre le parti de venir se faire homme de guerre dans les païs-bas espagnols en un âge fort avancé, par rapport à l’âge où l’on fait communément l’apprentissage de ce métier. Lorsque le grand prince De Condé assiegea Thionville après la bataille de Rocroi, il fit venir dans son camp Roberval, l’homme le plus sçavant en mathematique qui fut alors, et mort professeur roïal en cette science, comme une personne très-capable de lui donner de bons avis sur le siege qu’il alloit former. […] Est-ce sur la connoissance des simples, sur la science de l’anatomie, en un mot sur l’érudition ou sur l’expérience du médecin, que se détermine un homme qui a de lui-même de l’expérience, lorsqu’il est obligé de se choisir un médecin.

333. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

C’est ainsi qu’en baissant dans leur moralité les peuples baissent dans leur intelligence… Nous le disions récemment, à propos de cette immense mystification que des nigauds appellent, avec un sérieux bouffon : « la science de l’économie politique », tout pour l’homme est dans les questions morales, même le secret de son talent et de son génie quand il en a. […] Aussi, quand d’un autre côté le somnambulisme et le magnétisme, quelles que soient la sûreté et la certitude de leurs résultats, sont assez puissants, comme expériences et comme recherches, pour forcer à compter avec eux la science dédaigneuse des académies, quand la gloire d’Edgar Poe, de ce poète inouï, de ce visionnaire sans classement connu et appréciable parmi les hommes livrés à la contemplation intuitive des choses occultes, commence à poindre et à se lever, quelle heure serait plus favorable pour écrire l’histoire de la sorcellerie, du phénomène qui a le plus attiré et épouvanté l’imagination des hommes, et qui, s’il ne l’épouvante plus, l’attire toujours ? […] Louandre n’a été ni assez philosophe ni assez poète ; il a été de l’entre-deux, et c’est dommage… Car, s’il avait pris les choses seulement par le côté poétique, il aurait pu nous donner un livre où la science du chroniqueur et de l’antiquaire se serait mêlée à ce qui fait vivre les livres plus que la science elle-même : le style, la couleur, l’émotion !

334. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle La marche que nous avons tracée ne fut point suivie par Carthage, Capoue et Numance, ces trois cités qui firent craindre à Rome d’être supplantée dans l’empire du Monde. […] Aussi ne pouvons-nous refuser à cet ouvrage le titre orgueilleux peut-être de Science nouvelle. Il y a droit par son sujet : la nature commune des nations ; sujet vraiment universel, dont l’idée embrasse toute science digne de ce nom.

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