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717. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Dans la hâte de tout savoir et de tout comprendre, on aboutit à l’abâtardissement unanime des genres. […] On sait à quel fanatisme les Parnassiens le poussèrent, se condamnant ainsi à la perfection stérile ou la mort. […] Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier. […] Il faut savoir regarder, comprendre et sentir pour être un écrivain, mais cela ne suffit pas. Un observateur qui ne sait pas son métier d’écrivain, un écrivain qui n’a ni sensibilité, ni rectitude de vision sont des artistes incomplets.

718. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Jurez que vous me servirez pour découdre d’un coup de canif cette fiançaille entre ces enfants, qui ne savent pas même ce que fiançaille veut dire. […] Nous étions nés là comme le figuier, la vigne et les chèvres, sans savoir qui nous avait semés. […] Qui sait même si tout ce que nous allons déchirer ne pourra pas se recoudre, si vous êtes des gens accommodants et de bonne oreille ? […] les bêtes, monsieur, cela en sait plus long que nous, allez ; celui-là vous le fera bien voir tout à l’heure. […] — Vous allez le savoir, mon ami, me répondit une voix qu’il me sembla reconnaître à son accent de méchanceté hypocrite (ma belle-sœur, qui était accourue à son tour avec Fior d’Aliza, me dit vite que c’était celle du scribe Nicolas del Calamayo) ; vous allez le savoir à vos dépens.

719. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Il a voulu savoir ce que pouvait donner la nature meurtrière. […] S’il le craint encore ou s’il a cessé de le craindre, je ne sais, mais il parle avec l’amertume d’un vaincu qui raconte ses défaites. […] On sait l’impression qu’elles produisirent alors. […] de savoir ce qui peut fleurir dans le fumier du cerveau humain, décomposé par nos vices. […] Il faut bien cependant que le public sache ce qu’est ce poète terrible dont on veut lui faire peur.

720. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Mais ce que je sais, et ce qu’il est impossible de nier, c’est l’effet produit par ce livre sur l’opinion. […] Seulement, à présent, on peut être curieux de savoir ce qu’ils pourront dire ? […] Ils ne savaient peut-être pas où on la trouvait, cette histoire ? […] Je ne sais personne qui ait discuté M.  […] Mais le respect est souvent le flair de la peur… On savait à qui on aurait affaire si l’on y touchait !

721. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

M. de Bernard est un romancier ; il unit un rare et facile entrain dramatique à un précoce esprit d’observation ; à vingt-cinq ans il savait la vie, et il s’y joue en l’exprimant. […] Sans M. de Balzac, il est fort possible que M. de Bernard eût fort longtemps tâtonné avant de trouver son genre et de savoir exploiter sa veine. […] Quand Christophe Colomb (M. de Balzac me pardonnera la comparaison) découvrit l’Amérique, il ne savait qu’à demi ce qu’il faisait ; il croyait rejoindre la Chine et prendre par le revers le grand kan de Tartarie ; la tour de porcelaine, ou je ne sais quoi de pareil, lui semblait à chaque pas miroiter à l’horizon : il mourut sans comprendre, sans apprécier tout ce qu’il avait trouvé. […] Je sais qu’un roman est toujours un roman ; mais pourquoi en avertir ? […] En un mot, que M. de Bernard, bien qu’il paraisse si bien savoir la vanité de la gloire elle-même, le néant et la raillerie de toutes choses, prenne plus au sérieux (sans en avoir l’air) son grand talent.

722. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Si les grands hommes influent, même physiologiquement, sur les races (et qui sait ? […] Après le couronnement de la victoire, l’Empire eut le couronnement des catastrophes, pour que tout fût complet dans sa destinée ; car la grandeur humaine ne s’achève que par le malheur, et les larmes des choses (lacrymæ rerum) ne doivent pas plus manquer à l’Épopée que les larmes des hommes au Drame… deux espèces de larmes différentes, que l’Empire, tour à tour Épopée et Tragédie, a su faire également couler ! […] Tout ce qui est, dans ce temps, âme ou seulement fibre de poète, le sait pour y avoir touché… Quand, au matin, vous voyez descendre de toutes les collines dans la vallée des jeunes filles, leur cruche à la main, vous dites, sans crainte de vous tromper, qu’il y a par là une fontaine. […] Prenez Byron, prenez Manzoni, prenez Lamartine, Victor Hugo, Béranger, et voyez s’il en est un qui ait su se défendre de la grande obsession de la pensée contemporaine : l’Empereur et l’Empire ! […] S’il les chanta, qui ne le sait ?

723. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Je ne suis pas bien sûr de le savoir. […] Ils sont d’un égal réconfort. » On ne saurait mieux dire. […] Je sais qu’il ne leur est pas inférieur. […] Savoir si Banville a plus d’esprit que Voltaire ou moins n’est pas commode. […] Chacun, au surplus, à ses demi-dieux cachés dans une chapelle secrète dont les profanateurs ne sauraient trouver l’entrée.

724. (1881) Le naturalisme au théatre

Elle a un but, elle sait où elle va. […] Je ne saurais m’arrêter à cette idée que M.  […] Sarcey ne sait pas me lire. […] je n’en sais ma foi rien ! […] Nous n’en savons rien.

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