Les uns savants, les autres propriétaires ; — un jour radieux viendra où les savants seront propriétaires, et les propriétaires savants. […] En attendant cette harmonie suprême, il est juste que ceux qui ne sont que propriétaires aspirent à devenir savants ; car la science est une jouissance non moins grande que la propriété. […] Vous êtes les amis naturels des arts, parce que vous êtes, les uns riches, les autres savants. […] Raoul Rochette, c’est s’exposer à recevoir un démenti du premier venu, s’il est plus savant que M. […] Chenavard est un artiste éminemment savant et piocheur, dont on a remarqué, il y a quelques années, le Martyr de saint Polycarpe, fait en collaboration avec M.
Les vanités nationales ont été soutenues par la vanité des savants qui mettent leur gloire à reculer l’origine de leurs sciences favorites. […] Or les degrés de la civilisation peuvent être ainsi indiqués : Forêts, cabanes, villages, cités ou sociétés de citoyens, académies ou sociétés de savants ; les hommes habitent d’abord les montagnes, ensuite les plaines, enfin les rivages. […] Des savants de Venise qui voulaient réimprimer La Science nouvelle dans cette ville, lui persuadèrent d’écrire lui-même sa vie pour qu’on l’insérât, dans un Recueil des Vies des littérateurs les plus distingués de l’Italie. […] Vers le même temps, la lecture de Laurent Valla, qui accuse de peu d’élégance les jurisconsultes romains, celle d’un autre critique qui comparait la versification savante de Virgile avec celle des modernes, le déterminèrent à se livrer à l’étude de la littérature latine qu’il associa à celle de l’italienne. […] La vigueur et l’originalité avec lesquelles il écrivait en cette langue eût fait la gloire d’un savant ordinaire.
Sa description est savante et réellement universelle : c’est le Cosmos latin. […] IX J’avoue qu’en commençant à étudier cette savante apocalypse, je m’attendais à autre chose. […] Cette philosophie matérialiste a perdu sa lanterne, et cette ignorance savante a épaissi les ténèbres au lieu de les dissiper. […] Le véritable télescope de l’homme n’est pas ce tube de bois peint, multiplicateur de la lumière et abréviateur des distances, placé au sommet d’un observatoire ; le véritable télescope, c’est le bon sens pieux de l’homme ignorant ou savant, peu importe, au travers duquel il ne voit pas, mais il conclut Dieu, le régulateur des univers qu’il lui a plu de créer, et de créer pour leur faire part de son éternité !
Cotin ne disparut qu’après les Femmes savantes. […] C’étaient Guy Patin et son cher Carolus, Huet, Ménage, Pellisson, Bossuet, Fleury ; les plus fins jésuites, Rapin, Bouhours, Ménétrier ; l’abbé Jacques Boileau, frère de notre poète, le savant et bizarre auteur de l’Histoire des flagellants, dont on disait qu’il avait plus l’air d’un docteur de la comédie italienne que d’un docteur de Sorbonne. […] Là, on s’émancipait à de plus vives gaietés, encore bien inoffensives : comme il arrive souvent aux gens voués par profession aux graves pensées et aux travaux sérieux, ces magistrats, ces savants et ces prêtres ont le rire serein et facile de l’enfance. […] L’esprit d’autrefois était un jeu savant, une escrime réglée : il y fallait de l’invention, mais aussi du jugement, de la raison et de la science.
Émile Augier a fait de meilleures pièces que Maître Guérin, il n’a jamais montré plus de force comique et d’observation savante que dans quelques parties de cette comédie d’une conception défectueuse. […] Quelque méprisable qu’il soit, maître Guérin est donc forcément le premier personnage de la comédie ; il la remplit moins par la complication de ses trames que par le savant développement de son caractère. […] Le baron d’Estrigaud est le roué moderne, non plus frivole et léger, comme celui du dix-huitième siècle, mais pratique comme un fait, positif comme un chiffre, et appliquant aux spéculations l’immoralité savante que le Valmont de Laclos porte dans le plaisir. […] Une très belle scène, d’un comique amer, d’une étude savante et poignante, va réparer cet échec.
À Vienne j’ai protégé tous les savants, et les ai distingués lors même que personne n’en faisait aucun cas. […] Soixante savants de l’Europe reçurent à la fois des récompenses de lui, étonnés d’en être connus. […] Il chargea de l’éducation de son fils et de son petit-fils les plus éloquents et les plus savants hommes de l’Europe. […] Il savait distinguer l’esprit du génie ; il donnait à Quinault les sujets de ses opéras ; il dirigeait les peintures de Le Brun ; il soutenait Boileau, Racine et Molière contre leurs ennemis ; il encourageait les arts utiles contre les beaux-arts, et toujours en connaissance de cause ; il prêtait de l’argent à Van-Robais pour ses manufactures ; il avançait des millions à la compagnie des Indes, qu’il avait formée ; il donnait des pensions aux savants et aux braves officiers.
Ce n’est pas une bonne qualité pour une femme d’être savante ; et c’en est une très mauvaise d’affecter de paraître telle. » Voilà la petite semonce par laquelle commencent les lettres de La Fontaine à sa femme ; voilà qui nous porte déjà à croire que ce sont bien des lettres domestiques, des lettres familiales que La Fontaine a écrites là. […] De l’humeur dont je vous connais, une galanterie sur ces matières [galanterie veut dire badinage, un badinage sur ces matières] vous plaira plus que tant d’observations savantes et curieuses. Ceux qui chercheront de ces observations savantes dans les lettres que je vous écris se tromperont fort…, etc. » Voilà ce qui est bien du caractère domestique et familial. […] Aucun terme savant, bien entendu, quand il écrit à sa femme, et il l’a prévenue à cet égard.
Les Études sur les Pères de l’Église, si maigres et si superficielles, ne parurent savantes qu’aux ignorants, à ceux-là qui, nombreux alors et qui le sont encore aujourd’hui, n’avaient jamais ouvert ces livres merveilleux où l’Église a versé son génie par la plume de ses Docteurs et de ses Saints. […] … Quelle perspective ou quel fantôme a donc altéré la grasse paix de cet universitaire, qui n’avait peut-être eu jamais de souci et d’anxiété dans sa vie, si ce n’est le jour où le baron d’Echstein, ce terrible savant qui n’a pas lu les Pères de l’Église seulement pour faire la classe à des conscrits intellectuels, lui défendit, au nom du sérieux de l’histoire (telle du moins se raconte l’anecdote), de toucher à ce grand sujet du pontificat de Grégoire VII que les journaux avaient annoncé, et qui, effectivement, n’a paru qu’après la mort du baron d’Echstein. […] C’est la fille légitime de l’intelligence savante et réglée, et, dans une société chrétienne et française, elle a pour blason la croix, la balance et le glaive. […] À voir seulement les têtes de chapitre, on dirait une savante, immense et majestueuse histoire ; mais en pénétrant dans chaque biographie qui en est l’objet, on se démontre facilement à soi-même combien ces notules, ramassées au courant d’une lecture de dilettante, sont superficielles et vulgaires, et on se dit que l’histoire littéraire ne s’écrit pas à si bon marché.