Avant dix ans, il avait un précepteur savant « et puritain, qui lui coupa les cheveux court » ; outre cela, il alla à l’école de Saint-Paul, puis à l’université de Cambridge, afin de s’instruire dans « la littérature polie », et dès l’âge de douze ans il travailla, en dépit de ses mauvais yeux et de ses maux de tête, jusqu’à minuit et au-delà. « Quand j’étais encore enfant, dit un de ses personnages qui lui ressemble433, aucun jeu enfantin ne me plaisait. […] Retombé dans la vie laïque, il continua à se cultiver et se perfectionner lui-même, étudiant avec passion et avec méthode, mais sans pédanterie ni rigorisme ; au contraire, à l’exemple de Spenser son maître, dans l’Allegro, le Penseroso, le Comus, il arrangeait en broderies éclatantes et nuancées les richesses de la mythologie, de la nature et du rêve ; puis, partant pour le pays de la science et du beau, il visitait l’Italie, connaissait Grotius, Galilée, fréquentait les savants, les lettrés, les gens du monde, écoutait les musiciens, se pénétrait de toutes les beautés entassées par la Renaissance à Florence et à Rome. […] Réparez la corne de votre dilemme achéloien, comme vous pourrez, pour la première charge. » Les savants s’émerveillaient de la belle comparaison mythologique, et l’on se réjouissait de voir l’adversaire finement comparé à un bœuf, à un bœuf vaincu, à un bœuf païen. […] Pour le reste, il est homme de la Renaissance, pédant et âpre ; il outrage le pape, qui, après la donation de Pépin le Bref, « ne cessa de mordre et d’ensanglanter les successeurs de son cher seigneur Constantin par ses malédictions et ses excommunications aboyantes474 » ; il est mythologue dans la défense de la presse, montrant que jadis « nulle Junon envieuse ne s’asseyait les jambes croisées à l’accouchement d’une intelligence475. » Peu importe : ces images savantes, familières, grandioses, quelles qu’elles soient, sont puissantes et naturelles476. […] » Cher et savant poëte, vous eussiez été satisfait si quelqu’une de vos trois femmes, bonne écolière, vous eût débité en manière de conclusion cette solide maxime théorique.
« On le vint avertir qu’on avoit servi à souper, et monsieur me fit mettre auprès de ses enfants et me dit qu’il souhaiteroit bien de les voir savants, mais de la science du monde plutôt que de celle des docteurs. — Autrefois, continua-t-il, j’étudiai plus que je n’eusse voulu, parce que j’avois un père qui, n’ayant pas étudié, rapportoit à l’ignorance des lettres tout ce qui lui avoit mal réussi. […] La lettre est adressée à Madame la maréchale***, qui est probablement Mme de Clérembaut, fille de M. de Chavigny, personne d’esprit et qui passait pour extrêmement savante : « Puisque vous êtes si curieuse, madame, que de vouloir apprendre tout ce qui se passa au rendez-vous d’avant-hier, j’aurai tantôt l’honneur de vous voir et de vous en dire jusqu’aux moindres circonstances. […] On noierait bien d’autres endroits encore où une sorte de grossièreté perce sous la quintessence et prend même le dessus ; la lettre 195e, qui contient une théorie savante sur le mariage à trois ; la 130e, où il fait, du bel-esprit sur des choses simplement malpropres ; la 30e, où, à travers la gaudriole, les Filles de la Reine sont traitées fort lestement.
Sans doute la pauvre Héloïse est une barbare, bien pis, une barbare lettrée ; elle fait des citations savantes, des raisonnements ; elle essaye d’imiter Cicéron, d’arranger des périodes ; il le faut bien, elle écrit dans une langue morte, avec un style appris ; vous en feriez peut-être autant si vous étiez obligé d’écrire en latin à votre maîtresse. […] De tous les maîtres qui l’ont pratiquée en Angleterre, Pope est le plus savant. […] C’est pourquoi on voit fourmiller en ce moment, parmi les poëtes, les philosophes attendris et les académiciens pleurards : Gray, le solitaire morose de Cambridge et le noble penseur Akenside, tous deux imitateurs savants de la haute poésie grecque ; Beattie, le métaphysicien moraliste, qui eut des nerfs de jeune femme et des manies de vieille fille ; l’aimable et affectueux Goldsmith, qui fit le Ministre de Wakefield, la plus charmante des pastorales protestantes ; le pauvre Collins, jeune enthousiaste qui se dégoûta de la vie, ne voulut plus lire que la Bible, devint fou, fut enfermé, et, dans ses intervalles de liberté, errait dans la cathédrale de Chichester, accompagnant la musique de ses sanglots et de ses gémissements ; Glover, Watts, Shenstone, Smart, et d’autres encore.
X La campagne de 1807 en Pologne contre les restes des Prussiens et contre les Russes est une étude d’un vif intérêt pour les militaires, étude trop savante et trop détaillée peut-être pour le commun des lecteurs. […] La bataille savante de Friedland lui rend son ascendant sur le jeune empereur de Russie, Alexandre. […] Thiers le démontre avec une irréfragable autorité de chiffres dans la savante décomposition des armées de Napoléon transportées avec d’immenses déperditions de forces et de finances du Nord au Midi, et du Midi au Nord.
« L’onction et la sérénité d’une vie sainte et courageuse, la douce gravité du quaker, la profondeur de sa prudence, la chaleur passionnée de ses sympathies et de ses prières, tout ce qu’il y a de sacré et de puissant dans son intervention paternelle, a été parfaitement exprimé par le talent savant et expérimenté de M. […] Il a dignement porté ce fardeau, regardé comme pesant par les plus savants acteurs. […] Plus froidement calculés, les combats s’exécutent avec une violence savante. — La moindre pensée produit des actes aussi grands que jadis la foi la plus fervente.
Campbell, auteur d’un ouvrage savant et classique, regarde comme hors de doute que les poëmes attribués à Ossian existaient, et étaient généralement connus dans la haute Écosse avant que Macpherson essayât pour la première fois de les traduire ; qu’ils n’étaient de son invention ni dans leur entier ni dans leurs parties principales ; qu’ils n’étaient nullement le produit d’une fraude littéraire, mais que le traducteur, aidé de quelques coopérateurs, les avait recueillis et arrangés dans une forme systématique, et les avait ainsi traduits et offerts au public. […] Dès 1762, l’année même de la publication des premières poésies d’Ossian, traduites par Macpherson, le savant et judicieux docteur Blair en soutint, dans une dissertation publique, le mérite extraordinaire et l’authenticité. […] Cette Société ne pouvait rester neutre dans une question de cette nature : aussi y a-t-elle pris part, mais de la manière qui convient à une compagnie savante.
Mais Aristote perdit patience quand je lui rendis compte des travaux de Scot et de Ramus, en lui présentant ces deux savants, et il leur demanda si tout le reste de leur espèce était composé d’aussi grands sots qu’eux-mêmes. » Après avoir échoué une première fois à son examen Bachelor-of-arts, l’indocile écolier fut reçu le 18 février 1686, avec cette mention speciali gratia. […] C’était une difficulté de poids ; mais le frère à distinctions, que nous nommerons plus tard, maintenant qu’il avait mis la main à l’ouvrage, prouva par un argument péremptoire-que K était une lettre récente, illégitime, inconnue aux âges savants et ignorée dans les anciens manuscrits. […] … La ville jurera qu’il a trompé par des paroles magiques la jeune fille sans défense ; tous les fats en riront, et diront que les savants ne valent pas mieux que les autres hommes… Quel soin paternel de cette jeune fille ; cinq mille guinées dans sa bourse, le docteur aurait pu imaginer pis38. » En 1714, la mère de Miss Vanhomrigh mourut ; elle accourut en Irlande avec sa sœur, et le supplice mérité de Swift commença.
je voudrais en avoir fini de ces trois derniers livres… Après l’Argent, oui, viendra la Guerre, mais ce ne sera pas un roman, ce sera la promenade d’un monsieur à travers le Siège et la Commune… Au fond le livre qui me parle, qui a un charme pour moi, c’est le dernier, où je mettrai en scène un savant… Ce savant, je serais assez tenté de le faire d’après Claude Bernard, avec la communication de ses papiers, de ses lettres… Ce sera amusant… je ferai un savant marié avec une femme rétrograde, bigote, qui détruira ses travaux, à mesure qu’il travaille.