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563. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

il est poète, quoiqu’il n’ait pas la sainte fureur, ni cet aiguillon de désir et d’ennui, qui a été notre fureur à nous, le besoin inassouvi de sentir ; bienqu’il n’ait pas eu la rage de courir tout d’abord à toutesles fleurs et de mordre à tous les fruits ; — il l’est, bien qu’il ne fouille pas avec acharnement dans son propre cœur pour y aiguiser la vie, et qu’il ne s’ouvre pas les flancs (comme on l’a dit du pélican), pour y nourrir de son sang ses petits, les enfants de ses rêves ; — il l’est, bien qu’il n’ait jamais été emporté à corps perdu sur le cheval de Mazeppa, et qu’il n’ait jamais crié, au moment où le coursier sans frein changeait de route : « J’irai peut-être trop loin dans ce sens-là comme dans l’autre, mais n’importe, j’irai toujours. » — Il l’est, poète, bien qu’il n’ait jamais su passer comme vous, en un instant, ô Chantre aimable de Rolla et de Namouna, de la passion délirante à l’ironie moqueuse et légère ; il est, dis-je, poète à sa manière, parce qu’il est élevé, recueilli, ami de la solitude et de la nature, parce qu’il écoute l’écho des bois, la voix des monts agitateurs de feuilles, et qu’il l’interprète avec dignité, avec largeur et harmonie, bien qu’à la façon des oracles. […] Ainsi dans chacun de ces morceaux, dans chacune de ces thèses où il disserte, et où parfois il déclame, il faut voir comme il prêche pour son saint, comme il exagère le spiritualisme dans la vie, comme il accuse le machinisme qui bien souvent n’en peut mais, et le voit à tout bout de champ en travers de sa route, comme il exagère le respect, la vénération, le sérieux, la crainte du rire !

564. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Un autre jour, le poëte, errant dans Rome, vient à découvrir qu’une église y est dédiée au pauvre évêque breton, à Malo, sous le nom italien de saint Mauto, et dès ce moment, pendant bien des journées, il ne pense plus qu’à son patron chéri ; si Saint-Pierre est, un soir, illuminé en l’honneur de quelque saint inconnu, il se dit que c’est pour le sien ; et, tout fier d’avoir signalé la basilique cachée, il s’écrie : Patron des voyageurs, les fils de ton rivage, Venus à ce milieu de l’univers chrétien, Connaîtront désormais ton nom italien, Et tu seras un but dans leur pèlerinage. Les plus tendres de cœur à Rome apporteront Quelques fleurs des landiers pour réjouir ton front ; Mais là-bas, près des mers, sous ta sombre chapelle, Fête-les au retour, bon Saint, et souris-leur Quand sur ton humble autel ils mettront une fleur De la Ville éternelle.

565. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle allait au péril en souriant, avec sécurité, avec charité, un peu comme ces rois très chrétiens du vieux temps, un jour de semaine sainte, allaient à certains malades pour les guérir. […] Mathieu de Montmorency, qui fut depuis un saint, Adrien (depuis duc de Laval), bien plus tard le fils d’Adrien, qui se trouvait ainsi le rival de son père, tous l’aimaient de passion.

566. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

La cause finale est selon la formule : Car ainsi l’ont promis et juré ledit seigneur Parlement et ladite dame Ville de Paris sur les saintes Évangiles, devant l’église de Notre-Dame, au mois de janvier l’an mil six cent quarante-neuf, et ont signé. […] Retz a beau avoir pour lui les lanternes, qui étaient les tribunes de ce temps-là, il a beau avoir les jeunes têtes du Parlement, le banc des Enquêtes qui est tout à sa dévotion : cette « sainte cohue », comme il l’appelle, qui sait si bien crier quand elle a le mot d’ordre, ne suffit pas, et le premier président Molé ne se laisse pas faire.

567. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

On était dans la Semaine sainte de l’année 1109 ; un de ceux qui le servaient lui ayant parlé de sa mort comme prochaine et comme du départ d’un convié que rappelait à lui le Seigneur vers ce temps de la fête de Pâques, il répondit : « Si telle est sa volonté, j’obéirai de bon cœur, mais s’il aimait mieux me laisser encore parmi vous un tant soit peu de temps, assez du moins jusqu’à ce que j’aie résolu une question qui m’occupe sur l’origine de l’âme, j’en serais reconnaissant, d’autant plus que je ne sais si, moi mort, un autre pourra la résoudre. » Touchante faiblesse d’un saint qui avait un coin de philosophe !

568. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Ils prêchoient tous les trois à différentes heures, un vendredi saint, & voulurent s’aller entendre alternativement. […] Une abbesse, étant devenue grosse, au scandale de ses inférieures & de l’évêque, eut recours à Marie, qui chargea deux anges de prendre l’enfant, & de le cacher, de façon que, lorsqu’on voulut la convaincre de sa faute, elle passa pour une sainte calomniée.

569. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Sainte Thérèse avait d’ailleurs montré la voie avec ses Sept châteaux de l’âme. […] C. ; en forme de monotesseron, par Guillaume de Guilleville. — Le sucre spirituel. — Les tapisseries économiques tissues du fil de la sagesse. — Celui-ci se complique d’un calembour : la doulce moëlle et saulce friande des saints savoureux os de l’Avent (1578).

570. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

cette sainte Église était impassible à tout cela. […] Cet homme, digne de porter le nom d’une femme, tant il en avait la tendresse (il s’appelait Lawrence, et, nous l’avons dit plus haut, il croyait que le nom influait sur la destinée), avait dans ses facultés ce que les Saints ont dans leurs vertus.

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