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305. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

Quand j’écoute ces Foux d’un air si sérieux, Vous me raillez aussi bien qu’eux ; Mais je leur porte envie, & je n’en saurois rire.

306. (1887) Essais sur l’école romantique

» Heur à ceux dont elle dit : « Ils sont trop sérieux !  […] Il cherche donc quelque tâche sérieuse où se prendre de nouveau et raviver son talent, qui se répète et se pille, faute d’un fonds d’idées qui le renouvelle. […] Il n’y a pas un seul journal sérieux et lu qui soutienne la littérature facile, si ce n’est peut-être par des réclames, amorce à laquelle ne se prend plus le public. […] « Mais, dit-elle, le public nous aime, et ne veut que de nous. » — C’est inexact ; voyez les succès sérieux. […] Or, une époque où, après tout, les hommes sérieux et raisonnables sont plus nombreux que les fous, ne peut pas faire amitié avec une imagination et une mémoire.

307. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Lady Wortley Montagu, qui dans son temps fut la fleur des pois, et que l’on compare à Mme de Sévigné, a l’esprit si sérieux, le style si décidé, le jugement si précis et le sarcasme si âpre, qu’on la prendrait pour un homme. […] De sérieux, fort peu ; de scrupule et de tenue, pas davantage. « C’est mon triste destin, disait-il, que je ne peux rien obtenir de la cour, que j’écrive contre elle ou pour elle. » Et il faisait mettre sur son tombeau : « La vie est une plaisanterie ; je l’avais bien pensé autrefois, mais à présent je le sais. » C’est ce rieur insouciant qui, pour se venger du ministère, fit l’Opéra du Gueux, la plus féroce et la plus fangeuse des caricatures. […] Alors parut un nouveau personnage, idole et modèle de son temps, l’homme sensible qui, par son caractère sérieux et par son goût pour la nature, faisait contraste avec l’homme de cour. […] Comme lui, il combattait la frivolité contemporaine et mettait en regard les anciennes républiques, « dont les désirs héroïques planaient si fort au-dessus de la petite sphère égoïste de notre vie sceptique. » Comme lui, il louait le sérieux, le patriotisme, la liberté, la vertu, s’élevait du spectacle de la nature à la contemplation de Dieu et montrait à l’homme par-delà le tombeau les perspectives de la vie immortelle. […] Ce sont presque tous des gens sérieux, spiritualistes, passionnés pour les idées nobles, ayant des aspirations ou des convictions chrétiennes, occupés à méditer sur l’homme, enclins à la mélancolie, aux descriptions, aux invocations, amateurs de l’abstraction et de l’allégorie, et qui, pour atteindre la grandeur, montent volontiers sur des échasses.

308. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

« C’en est fait, disions-nous, elle a parlé de sa retraite, et comme elle est une femme sérieuse, à tout jamais (elle le veut) elle abandonne ce Théâtre-Français dont elle était la gloire et l’orgueil, cette femme de tant de grâce, d’élégance et d’esprit, qui était restée parmi nous comme le dernier et charmant représentant d’une société qui n’est plus ! […] À cette épreuve suprême de l’heure sérieuse, combien de grands artistes ont succombé ! […] Ce fut le 18 avril 1844 que mademoiselle Mars se montra, pour la dernière fois, à ce public, dont elle était encore (après tant d’années) la fête la plus sérieuse et la plus charmante. […] Afin que ses adieux suprêmes fussent dignes d’elle, mademoiselle Mars avait appelé à son aide Molière et Marivaux, ses deux amis fidèles, fidèles jusqu’à la fin ; celui-ci austère, sérieux, solennel, même dans sa vie ; celui-là bienveillant, aimable, charmant, plein de grâce, d’élégance et d’abandon […] Elle a salué toute cette foule enthousiaste avec une dignité bien sentie ; ses adieux ont été simples, touchants, sérieux ; elle tenait son cœur à deux mains, et elle aussi elle aurait pu dire comme cette héroïne de Corneille : — Tout beau, mon cœur !

309. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Avec moins de raisons de me tenir à l’écart que monseigneur l’évêque de Verdun, le sérieux de mon état me parais sait contraster avec cette gaieté habituelle, qui, au surplus, au dire de monsieur le curé de Saint-Roch, n’a jamais passé les bornes de la décence. » Nous aurons plus tard occasion de revenir sur cette indulgence du clergé et des personnes religieuses pour la malice innocente de Désaugiers, tandis qu’on était, au même moment, très en garde contre d’autres gaietés plus suspectes. […] Sous ce gouvernement fort et victorieux, dans ce silence absolu de toute discussion politique sérieuse, on avait pris le parti, quand on le pouvait, de jouir de la vie, du soleil de chaque matin, de rêver la paix et d’en prélever les douceurs. […] non, on prenait dès lors les choses plus au sérieux ; on ne disait plus, on ne voulait plus entendre dire, même en chanson, chien et chat, de toutes ces luttes et de tous ces hommes ; on disait : tyrans et esclaves, bourreaux et victimes ; on prenait parti pour et contre. […] tienne, s’est plu à constater la différence : « J’ai, dit-il, je m’en accuse, le tort particulier à ma génération de ne pas assez regretter la gaieté de l’ancien Caveau, où se réunissaient, dit-on, les disciples fervents de Vadé, de Collé et de Piron… » Il y a bien du dédain, bien du sérieux dans ce dit-on.

310. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Trousseau donnait à tâter une grosseur dans sa jambe à Dieulafoy, en lui disant : « Voyons, qu’est-ce que c’est que cela… et que ce soit un diagnostic sérieux ? […] » jette Hébrard, — et comme on cherche à voir dans le blanc de ses yeux, s’il est sérieux ou s’il blague, — le directeur du Temps improvise une théorie, éloquemment paradoxale, dans laquelle il proclame que le café, est une sorte d’école normale d’humanité très parfaite, où l’on arrive de suite au ferraillement et au corps à corps, sans les salamalecs et les exordes de la porte. […] Il y a un certain sérieux dans les paroles de Daudet, qui me fait lui demander, s’il y aurait quelque chose ? […] * * * — Au fond, chez moi, la plus sérieuse jouissance dans ce moment-ci, c’est l’étoilement de la verdure au fond de mon jardin, par toutes ces roses, ces roses feuillues et vigoureuses appelées Coupe d’Hébé ; ces roses, nommées Capitaine Christy, ayant le crémeux coloriage du carmin, sur l’ivoire d’une miniature commencée ; ces roses baptisées Baronne de Sancy, ayant dans une rose cultivée, les jolies mollesses et le demi-refermement floche des roses de l’églantier.

311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — W. — article » pp. 524-526

Il sera toujours honorable pour les Lettres, que des hommes, occupés par état à des Emplois qui exigent une attention sérieuse, trouvent encore le moyen de consacrer aux Muses la plus grande partie du temps dont ils peuvent disposer.

312. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

J’y viendrai bientôt, mais aujourd’hui je ne veux avoir affaire qu’au premier et plus léger abbé de Bernis : on verra l’homme sérieux en lui se dégager insensiblement. […] Il y a plus : Bernis, avant cette époque, et dès 1737, avait entrepris, par les conseils du cardinal de Polignac, avec qui il avait plus d’un rapport de nature, de fragilité et de génie, un poème sérieux qu’il a depuis mené à fin, et qui a été somptueusement imprimé après sa mort (Parme, 1795), La Religion vengée. […] On a sa correspondance avec Pâris-Duverney pendant ces années ; elle est tout à son honneur, et commence à nous le faire connaître par son côté politique et sérieux.

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