Que la Libre Pensée ait ses historiens, qui font leur histoire comme leurs romans et leurs romans comme leur histoire, mais que nous ayons, nous, un domaine public de vérité inaliénable ; que l’on puisse retrouver toujours une tradition visible et vivante, au milieu de nous, et qui puisse résister au travail dépravant et effréné de la Libre Pensée !
— C’est vrai, et il eût été beaucoup plus beau d’écrire des romans ou des pièces de théâtre ; mais je ne sais si j’aurais pu, et je n’ai pas même essayé. […] Tels sont, pour ne pas reparler de l’épopée, genre disparu ou transformé, le roman et le drame. […] On lit trois romans, Manon Lescaut, Gil Blas, Paul et Virginie, et aussi les contes de Voltaire, qui sont courts et très alléchants. […] L’universelle évolution entraîne et transforme toute chose : l’épopée meurt pour renaître dans l’histoire et dans le roman ; la tragédie expire et ressuscite dans le drame ; mais, à leur tour, le drame, l’histoire, le roman traversent différentes phases et subissent une série de métamorphoses. […] L’Odyssée et même l’Iliade réservent à qui aura le courage de les lire comme un roman ou un poème du jour les plus charmantes surprises.
D’une part, selon lui, la grande qualité du roman c’est la composition, et d’autre part il ne faut pas que le roman soit trop écrit. […] Bourget nous donne la théorie de son roman à lui, qui est très bien charpenté et assez peu écrit. […] Dans le monde des romans il est naturel qu’il y ait pour M. Bourget un roman privilégié qui soit le sien. […] La principale partie de l’art, au théâtre et dans le roman, surtout en France, consiste à peindre des caractères.
Au dix-huitième siècle, second âge de la monarchie absolue, on vit d’un côté les pompons et les coupoles enguirlandées, de l’autre les jolis vers de société, les romans musqués et égrillards remplacer les lignes sévères et les écrits nobles. […] Chaucer traduit d’abord le grand magasin de galanterie, le roman de la Rose. […] Comment les deux jeunes chevaliers thébains Arcite et Palémon s’éprennent ensemble de la belle Émilie, et comment Arcite, vainqueur dans le tournoi, tombe et meurt de sa chute en léguant Émilie à son rival ; comment le beau chevalier troyen Troïle gagne la faveur de Cressida, et comment Cressida l’abandonne pour Diomède, voilà encore des romans en vers et des romans d’amour. […] Aujourd’hui il compose les contes de Cantorbéry, hier il traduisait le roman de la Rose. […] Hawes232 refait le Palais de la Renommée de Chaucer, et une sorte de poëme allégorique amoureux d’après le Roman de la Rose.
Le théâtre contemporain ressemble assez à notre roman moderne, comme d’ailleurs à toute notre littérature. […] Et par quel moyen contraindre tout un monde et presque tous les mondes à lire, à avoir lu dans le même temps, un roman ? […] Mais est-ce qu’on ne publie pas une quantité de romans détestables, qui obtiennent les plus grands succès ? […] Mais si nous considérons la masse, nous constatons qu’elle ne lit guère que des romans. […] Certes, le public ne refuse pas ses égards, ni même parfois ses tendresses à la poésie, au roman, à l’histoire.
Eugène Melchior de Vogüé (1848-1910) : diplomate, homme politique et romancier, cet homme de lettres important de l’époque symboliste, élu à l’Académie en 1888, est connu pour avoir introduit l’œuvre de Tolstoï et de Dostoïevski en France avec son Roman russe de 1886. […] M. de Vogüé, Le Roman russe, éd. […] Il est également l’auteur d’un « roman philosophique », Marius l’Épicurien (1885).
Malgré plusieurs détails naturels et primesautiers de ce roman, qui sont comme les points pourpres de la rose future, la fleur d’un génie en bouton encore, Werther est un livre faux et platement bourgeois. […] La femme allemande, dans sa simplicité, dans son éternelle facilité à croire, la femme allemande, née plus séduite que les autres femmes, et qui se rencontre aussi bien dans les ridicules romans d’Auguste Lafontaine que dans les romans et les drames du grand Goethe, voilà en une seule toutes les femmes de Goethe, dont Paul de Saint-Victor a fait, lui, des femmes différentes, en exécutant sur le motif monotone de Goethe de ces prodigieuses variations à faire prendre le change aux plus habiles et leur faire croire que Goethe a mis dans ses femmes ce que lui, Saint-Victor, seul, y a vu !
Les acteurs, qui reviennent dans ces nouvelles, ont déjà figuré, et trop d’une fois pour la plupart, dans des romans précédents de M. de Balzac. Quand ce seraient des personnages intéressants et vrais, je crois que les reproduite ainsi est une idée fausse et contraire au mystère qui s’attache toujours au roman.