Il n’a point le tour original, fort et rapide de La Bruyère, mais il peint souvent par de grands traits l’homme que La Bruyère n’a peint que par les ridicules et les faiblesses.
Tout a son tems et ses usages, et Moliére nous déclare dans ses préfaces, qu’il ne se moque que des abus et du ridicule. […] Il n’y a rien de plus ridicule en tout genre que l’afectation et le défaut de convenance. […] Il est si vrai que chaque langue a ses métaphores propres et consacrées par l’usage, que si vous en changez les termes par les équivalans même qui en aprochent le plus, vous vous rendez ridicule. […] Le défaut de jugement qui empêche de sentir ce qui est ou ce qui n’est pas à propos, et le desir mal entendu de montrer de l’esprit et de faire parade de ce qu’on sait, enfantent ces productions ridicules. […] Ceux qui dans des ouvrages sérieux tombent par simplicité dans le même inconvénient que les feseurs de chansons, ne sont guère moins répréhensibles, et se rendent plus ridicules.
On voit assez que l’invention par Montesquieu de la vertu élément constitutif des républiques n’est ni vaine, ni superflue, ni ridicule. […] Il est vrai que si toutes les haies, toutes les forêts, toutes les plaines étaient couvertes de fruits nourrissants et délicieux, il serait impossible, injuste et ridicule de les garder, d’en faire des propriétés gardées. […] J’ai abhorré, avec l’Europe entière, les assassins de Sirven, les assassins de Calas, les assassins du chevalier de La Barre, les assassins de Lally, Je les trouve dans la grande affaire dont il s’agit aujourd’hui, tout aussi ridicules que du temps de la Fronde. […] Cela est aussi ridicule que si l’on voyait des Européens travailler, en faveur de la nature humaine, à blanchir le visage des Africains. […] Ils ont même été sur le point d’obtenir le droit de Bourgeoisie en Angleterre vers 1750, et l’acte du Parlement allait déjà passer en leur faveur ; mais enfin le cri de la nation et l’excès du ridicule jeté sur cette entreprise la firent échouer.
« La comédie est l’imitation du vice ou du ridicule. Le ridicule, en effet, suppose toujours un certain défaut et une difformité qui n’a rien de douloureux pour celui qui la subit. […] Platon est un misérable sophiste quand il prétend faire des lois au lieu de faire des dogmes ; sublime quand il interprète les dogmes de Socrate ; ridicule quand il donne ses rêveries pour législation au monde grec.
Ses ennemis, tout couverts de ridicule, ne lui cédaient pas la place. […] Il lui fallait les sujets qui ont du corps et les entretiens prolongés, où l’on peut s’appesantir sans faire l’effet d’un lourdaud, et s’échauffer sans devenir ridicule.
Nous voyons un triomphe pour nous dans leurs travers, dans leurs ridicules, dans leur misère même ; et l’impuissance où nous sommes de nous élever jusqu’à eux par le génie, fait que nous prenons un malin plaisir à les voir s’abaisser jusqu’à nous par les misères de l’humanité. […] On convient sans peine de son agrément, de son utilité ; on reconnaît qu’il est le complément nécessaire d’une bonne éducation ; on avoue que c’est un tort, bien plus, que c’est un ridicule que de ne pas savoir lire ; et personne ne prend la peine d’apprendre ce qu’il est agréable de savoir et ce qu’il est honteux d’ignorer !
On sait qu’il put dire à tous les poètes de son temps, sans être ridicule : Vous êtes mes sujets, et je suis votre roi ! […] De là ce langage si singulier, amalgame de langues savantes et de patois provinciaux, bariolé d’italien, de grec et de latin, de mots savants et de mots de boutique ; vrai pêle-mêle d’audace et d’impuissance, de stérilité et de facilité formidable, d’inexpérience et de raffinement, de paresse et de labeur, qui a donné à Ronsard une sorte d’immortalité ridicule.
Tous rédigent en un trait brillant une pensée ou une réflexion ; tous enlèvent le morceau du ridicule qu’ils visent ou du caractère qu’ils dissèquent. […] En se couchant dans le faux cercueil du Scapin de Molière, il s’est enterré sous le ridicule.