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11. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Les petits enfans nez les uns plus près du pole et les autres plus près de la ligne, suivant la progression des habitations des hommes sur la terre, se seront moins ressemblé. […] Il n’y a que trois cens ans que les portugais ont planté sur la côte occidentale de l’Afrique les colonies qu’ils y possedent encore aujourd’hui, et déja les descendans des premiers colons ne ressemblent plus aux portugais nez dans le roïaume de Portugal. […] La même raison qui mettoit tant de difference entre les atheniens et les béotiens, fait que les florentins ont des voisins qui leur ressemblent si peu, et que nous trouvons en France tant de sens et tant d’ouverture d’esprit dans les païsans d’une province limitrophe d’une autre où leurs pareils sont presque stupides. […] Les chinois n’ont point un esprit qui ressemble à celui des europeans. […] Toute l’Europe sçait si les catalans d’aujourd’hui leur ressemblent.

12. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tous se ressemblent. […] On ne peut donc lui ressembler sans être bienfaisant. […] Pour ressembler à Dieu, il ne suffit pas d’usurper ses honneurs, il faut l’imiter. […] « Je fis voir au prince, dit l’orateur, que c’est en sauvant, et non en égorgeant les hommes, que l’on ressemble aux dieux. […] On brise une statue, on efface un tableau qui ne ressemble point à son modèle : le prince serait-il donc moins attentif à ceux dont le devoir est de le représenter auprès des peuples ? 

13. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Joubert, ce qu’il faudrait dire aux professeurs (aux professeurs de ce temps-là)  ; mais ils veulent écrire et ne pas ressembler aux Muses. » Eh bien ! lui, il suivait son conseil, il ressemblait aux Muses. […] Vieux et blanchissant, il se comparait avec grâce à un peuplier : « Je ressemble à un peuplier ; cet arbre a toujours l’air d’être jeune, même quand il est vieux. » Albaque populus. […] Tout commencement est petit » Je dirai encore cette magnifique pensée qui, dans son anachronisme, ressemble à quelque post-scriptum retrouvé d’un traité de Platon ou à quelque sentence dorée de Pythagore : « La multitude aime la multitude ou la pluralité dans le gouvernement. […] Il parle là-dessus avec un frais sentiment du paysage, avec un tour et une coupe dans les moindres détails, qui fait ressembler sa phrase familière à quelque billet de Cicéron : « Cette chaumière au pied d’un mur est une maison de curé au pied d’un pont.

14. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 154

M. de la Monnoye a eu la bonté de comparer sa Tragédie d’Electre & celle de Médée, aux Tragédies de Sophocle & d’Euripide, sur le même sujet ; mais ces deux Pieces sont aussi éloignées de ressembler à celles des deux Poëtes Grecs, que la Muse tragique de MM. Lemiére & Marmontel ressemble peu à celle de Corneille & de Racine.

15. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Cette préface de M. de Balzac a le malheur de ressembler, au style près, à l'une des nombreuses préfaces de Paul et Virginie. […] Grâce à cette multitude de biographies secondaires qui se prolongent, reviennent et s’entrecroisent sans cesse, la série des Études de Mœurs de M. de Balzac finit par ressembler à l’inextricable lacis des corridors dans certaines mines ou catacombes. […] Il y a une page (450, 460) sur la passion du poète, amant de la courtisane, sur son amour qui vole, bondit, rampe ; et cette page me résume et me figure tout ce style même, qui ressemble souvent au mouvement brisé d’une orgie, à la danse continuelle et énervée d’un prêtre de Cybèle.

16. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Quoique nous ne ressemblions guères aux hommes qui vivaient vers 1550 et que nous n’ayons pas dans nos chétives poitrines les gerbes de flamme qui brûlaient alors tous les esprits et tous les cœurs, nous sommes les enfants du xvie  siècle bien plus qu’on ne le croit, de ce siècle de la discussion, de l’émancipation de l’esprit humain, de sa réaction indignée contre la tradition de l’autorité, toutes choses, hélas ! […] Eh bien, Léon Feugère, qui est un homme d’esprit et un homme renseigné, a cependant, pour une raison qu’il sait mieux que nous, affecté, dans sa biographie d’Henri Estienne, une modération qui ressemble beaucoup au faux air de l’indifférence, et il a abandonné, pour les plus minces considérations littéraires, toutes les graves questions que la Renaissance et le xvie  siècle ont soulevées et que voilà, après plus de deux siècles, pendantes et menaçantes encore ! […] Cet essai, en effet, ressemble beaucoup à une chose complète.

17. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Mais il est comique de lui ressembler. […] S’il ressemble par certains côtés à d’autres hommes, ce n’est pas par là qu’il nous intéresse le plus. […] Personne ne lui ressemble, parce qu’il ne ressemble à personne. […] Elle ressemble par bien des côtés à l’idée fixe. […] On ressemble plus ou moins à un distrait.

18. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Imaginer n’est-ce pas associer des idées ou sentiments acquis antérieurement pour produire quelque construction qui ressemble à la réalité ? […] L’association fondée non plus sur la contiguïté, mais sur la ressemblance, explique la classification, l’abstraction, la définition, l’induction, la généralisation, le jugement, le raisonnement, la déduction, l’analogie ; toutes ces opérations, se réduisant à associer des idées qui se ressemblent, diffèrent, ou se ressemblent et diffèrent tout à la fois. […] Ce que nous appelons attention, observation, concentration de l’esprit, doit s’ajouter à l’acte de la discrimination pour que la connaissance commence. « Le processus de la connaissance est essentiellement un processus de sélection. » Les éléments essentiels de la connaissance peuvent se résumer ainsi : Connaître une chose c’est savoir qu’elle ressemble à quelques-unes et diffère de quelques autres. […] La loi qui la régit s’énonce ainsi : « Les actions, les sensations, pensées ou émotions présentes tendent à raviver celles qui leur ressemblent, parmi les impressions ou états antérieurs. » L’association par contiguïté sert surtout à acquérir, l’association par ressemblance sert surtout à découvrir : elle joue un rôle prépondérant dans le raisonnement et les divers procédés scientifiques.

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