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1193. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il eût pu, à la vérité, emprunter d’autres couleurs sur la même palette, et jeter ici quelques bonnes pages bien philanthropiques, dans lesquelles — en côtoyant toutefois avec prudence un banc dangereux, caché sous les mers de la philosophie, qu’on nomme le banc du tribunal correctionnel — il eût avancé quelques-unes de ces vérités découvertes par nos sages pour la gloire de l’homme et la consolation du mourant ; savoir : que l’homme n’est qu’une brute, que l’âme n’est qu’un peu de gaz plus ou moins dense, et que Dieu n’est rien ; mais il a pensé que ces vérités incontestables étaient déjà bien triviales et bien usées, et qu’il ajouterait à peine une goutte d’eau à ce déluge de morales raisonnables, de religions athées, de maximes, de doctrines, de principes qui nous inondent pour notre bonheur, depuis trente ans, d’une si prodigieuse façon qu’on pourrait — s’il n’y avait irrévérence — leur appliquer les vers de Regnier sur une averse : Des nuages en eau tombait un tel degoust, Que les chiens altérés pouvaient boire debout.

1194. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Ce qui perdit celui-ci, ce fut moins sa philosophie huée sur le théâtre, ce furent moins ses maximes tournées en ridicule, que sa façon libre de s’expliquer sur la religion & sur le gouvernement de son pays.

1195. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

En amour comme en religion, avec les femmes comme avec Dieu, ce prince était le plus grand donneur de paroles pour ne pas les tenir qui ait jamais existé, alors que la fierté de la parole donnée existait encore, et que l’outrage n’avait pas vieilli de l’ancien mot de foi mentie.

1196. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Ceux à qui est remis le droit surhumain de donner la mort sont tenus, sous peine d’être les derniers des hommes au lieu d’en être les premiers, de vivre dans le culte constant de ce qu’on a si bien nommé la religion du devoir.

1197. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Il a oublié que les ermites, dans toutes les religions, placent toujours Dieu, un dieu personnel, — qu’il soit faux ou vrai, mythologique ou chrétien, — dans le fond de leurs ermitages.

1198. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Plus sensé que Rémusat, parce qu’il est plus historique et moins métaphysicien, Louandre n’en appartient pas moins, sauf erreur, à cette école du rationalisme qui n’est pas plus une philosophie que le protestantisme n’est une religion.

1199. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Enfin, ils ont le mérite de présenter une grande variété d’hommes, quelques-uns grands, et presque tous fameux, de tous les pays, de toutes les religions, de tous les rangs et de tous les siècles.

1200. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

À ce moment, la religion, la morale, le culte, l’art, le merveilleux, tout est confondu, et l’on peut prédire que tels auront été conçus les dieux, tels seront plus tard les artistes et les poètes. Chez les Grecs, les premières images taillées furent celles des personnes divines ; la poésie chantée, c’est la religion qui l’inspira. […] La théorie de l’art chez les Grecs découla donc tout entière de la religion. […] Le peuple partageait les idées et le sentiment des artistes : c’est ce qui explique comment dans cette société profondément idolâtrique, amoureuse de la forme par principe de religion, tout le monde, en matière de littérature et d’art, était compétent. […] Vous admettez sa compétence pour tout ce qui concerne la constitution de l’État ; vous arguez de ce qu’il professe telle ou telle religion, que par cela même elle doit être la meilleure, et vous rejetteriez cette compétence quand il s’agit tout bonnement pour lui de se reconnaître oui ou non dans un miroir ?

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