Ce prince resta d’abord indifférent et même étranger à toutes ces démarches ; il regrettait profondément sa défunte épouse et ne se soumettait qu’à regret et même avec répugnance à la raison d’État qui l’obligeait à la remplacer si promptement ; il avait peine à se faire au mot d’ordre de la situation : La dauphine est morte ! […] Le comte Vitzthum a raison de trouver cette lettre « un chef-d’œuvre de bon sens, de tact et de finesse. […] Le roi l’aime plus par sagesse, je crois, que par d’autre raison… » Qu’en dites-vous ? […] … etc. » Je sais ce qu’il faut rabattre de ces boutades de grondeur et que ce mouvement de bouderie avait pour raison unique le brevet de complaisance octroyé si à contre-temps. […] On m’avait déjà donné cette raison avec celle de mes occupations militaires, qui ne sont point des inventions ; car je vous assure entre nous que, s’ils ne m’avaient pas, ils ne sauraient où donner de la tête.
Malgré la première apparence qui semble contraire, plusieurs raisons en effet, même humaines, peuvent faire entrevoir cette utilité. […] … il y a eu une paille qui a fait défaut, et les mille anneaux du métal ont jonché la terre ; et cela, pour que l’esprit du siècle à la longue eût raison, pour que sa provocation incessante et flatteuse ne restât pas vaine, pour que cette parole de M. […] » Il faut convenir qu’il y a des hommes par le monde qui ont le droit d’être fiers de ce qu’on appelle intelligence humaine et raison. […] Il y a là, convenons-en, de quoi fortifier des hommes, assez disposés déjà à bien augurer de leur raison, dans cette persuasion qu’elle ne les a pas trop égarés, et de quoi les faire sourire entre eux d’un sourire de satisfaction, ce semble, assez légitime. […] Et alors, si tant est que les leçons servent et qu’on devance l’âge, je croirais avoir beaucoup fait pour ce jeune homme, soit que la foi et la soumission chrétienne dussent résulter pour lui de son étonnement, soit qu’un scepticisme sagement méfiant dût désormais se mêler à ses impressions les plus vives, et hâter la maturité de sa raison d’homme aux dépens des faux enthousiasmes du disciple. — Il est un chapitre bien essentiel à ajouter au livre connu de Huet ; on pourrait l’intituler : De la faiblesse de l’esprit humain, au moment du plus grand talent, dans les grands hommes.
C’est un des ressorts de la nature qui reprend toujours sa force ; c’est lui qui a formé le code des nations, c’est par lui qu’on révère la loi et les ministres de la loi dans le Tunquin et dans l’île Formose comme à Rome. » Ainsi il y a dans l’homme « un principe de raison », c’est-à-dire un « instinct de mécanique » qui lui suggère les idées utiles343, et un instinct de justice qui lui suggère les idées morales. […] Simple ou compliquée, stable ou changeante, barbare ou civilisée, cette société a en elle-même ses raisons d’être. […] Pareillement, de plusieurs idées générales du même degré, nous en extrairons une autre plus générale, et ainsi de suite, pas à pas, en cheminant toujours selon l’ordre naturel, par une analyse continue, avec des notations expressives, à l’exemple des mathématiques qui passent du calcul par les doigts au calcul par les chiffres, puis de là au calcul par les lettres, et qui, appelant les yeux au secours de la raison, peignent l’analogie intime des quantités par l’analogie extérieure des symboles. […] Le rapport que les choses ont avec nous n’influant point du tout sur leur origine, la convenance morale ne peut jamais être une raison physique. » — Voltaire, Candide : « Quand Sa Hautesse envoie un vaisseau en Égypte, s’embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont à leur aise ou non ? […] Je vois des singes, des éléphants et des nègres qui me semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite, etc. » — On voit ici très nettement et en exercice la méthode nouvelle.
Pour des raisons philosophiques, il a cessé de croire à la tradition catholique, et il est sorti du séminaire. […] Mais ce savant, qui n’a jamais cessé de pratiquer et de recommander la recherche méthodique du vrai, la poursuite courageuse de la connaissance rationnelle, savait les limites de la raison et de la science. […] C’était lui qui avait raison. […] Quelles que soient les réserves des érudits, il a établi sur des raisons d’ordre purement scientifique, historique, philologique, la relativité, l’humanité des religions. […] Contre la foi, nulle critique ne vaut : mais dès qu’on ne croit pas « comme un petit enfant », inutile de se monter la tête, inutile de se griser d’esthétique, de s’inventer des raisons de croire : de l’affirmation déterministe sort la dissolution des religions.
Et enfin Commynes, qui démêle les vraies raisons, même dans l’héroïsme, remarque que les meilleurs archers sont ceux qui n’ont rien vu, qui n’ont pas vu encore le fer de l’ennemi (nous dirions le feu), parce qu’ils ne connaissent pas le péril. […] Commynes en conclut que s’estimer jusque-là, ce serait, pour un homme qui eût raison naturelle, se méprendre et empiéter à l’égard de Dieu, qui se réserve de montrer « que les batailles sont en sa main, et qu’il dispose de la victoire à son plaisir ». […] Commynes se tint tout ce jour avec lui, « ayant moins de crainte, dit-il, qu’il n’en eut jamais en lieu où il se trouvât depuis » ; et il en donne la raison, de peur qu’on ne s’y méprenne : c’est qu’il était jeune et n’avait nulle connaissance du péril. […] Il a raison de remarquer quelque part que presque tous ceux qui ont fait de grandes choses ont commencé fort jeunes ; mais ce qui est bien rare, c’est de conseiller si sagement et de voir si juste, de tenir la balance si exacte, dès cette première moitié de la vie. […] Il est partisan du gouvernement d’Angleterre, comme Montesquieu, et par des raisons du même ordre.
Et continuant de parler d’elle : « C’est, ajoutait-il, comme une nuance de raison et d’agrément qui occupe les yeux et le cœur de ceux qui lui parlent ; on ne sait si on l’aime ou si on l’admire : il y a en elle de quoi faire une parfaite amie, il y a aussi de quoi vous mener plus loin que l’amitié. » Et l’éloge continue sur ce ton délicat. […] La sagesse et la raison vont plus souvent à conserver d’aimables erreurs et à faire durer un attachement aussi vrai et aussi tendre que celui que j’ai pour vous, qu’à suivre une sèche et stérile vérité. […] Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais. […] Il va en tout aux raisons solides et prend avec précision la mesure des hommes. […] On sait que Mme de Coulanges prétendait qu’il n’avait jamais été amoureux, pas même de Mme de La Sablière ; cet amour avait été pour beaucoup dans les raisons qu’il avait eues de quitter de bonne heure le service : « Il se croit amoureux, disait Mme de Coulanges, mais c’est tout simplement de la paresse, de la paresse, et encore de la paresse. » Sa fin a trop justifié ce spirituel pronostic.
En dénonçant l’abus de l’esprit philosophique, l’auteur ne fait ni comme Bonald, ni comme de Maistre, ni même comme Rivarol ; il n’en accuse pas amèrement, il n’en proscrit pas absolument l’usage, et il se montre attentif à extraire du grand mouvement moderne tout ce qui sert la raison sans détruire la morale et l’État. […] quel soin scrupuleux d’opérer la transaction entre le droit écrit et les coutumes, entre ce que la raison réclame et ce que l’usage peut supporter ! […] On la reconnaît avec le coup d’œil d’une raison exercée. […] Il avait poussé la chicane jusqu’à reprocher aux rédacteurs du Code d’avoir dit dans une phrase : « Le bon sens, la raison, le bien public ne permettent pas, etc. », comme si c’était une pure redondance ; à quoi Portalis répliquait : Nous ne nous engagerons pas dans la question, si la langue française admet ou n’admet pas des mots synonymes ; mais nous dirons que le bon sens et la raison diffèrent, en ce que le propre de la raison est de découvrir les principes, et que le propre du bon sens est de ne jamais les isoler des convenances.
Son livre écrit de ce style diapré, qui rend la lecture de Banville si charmante à tout poète garde pour nous en dehors de sa séduction de forme une haute valeur ; pour deux raisons : d’abord pour cette affirmation de liberté, qu’il faut qu’un nouveau poète détruise des barrières que Victor Hugo a laissées debout et par un conseil vrai inclus dans son chapitre l’Inversion et ainsi lapidaire : il n’en faut jamais. […] Il n’y a aucune raison pour que cette vérité s’infirme en 1888, car notre époque ne paraît nullement la période d’apogée du développement intellectuel. […] Pour nous, qui considérons, non la finale rimée, mais les divers éléments assonancés et allitérés qui constituent le vers, nous n’avons aucune raison de ne pas le considérer comme finale de chaque élément et de le scander alors, comme à la fin d’un vers régulier. […] Dès les premiers jours, forts de la vérité de l’instinct lyrique, nous avons dit que les travaux de laboratoire donneraient raison à nos théories, et l’on ne peut que savoir gré à Robert de Souza de son application à en essayer la laborieuse confirmation. […] Ils s’en sont donné des raisons.