Il semblait que toutes les façons de juger et de voir, toutes les manières de raconter, de raisonner et de déraisonner se fussent produites, et qu’il allait y avoir clôture. […] Merlin y raconte lui-même ses années d’études et de première jeunesse, son temps de séminaire et de noviciat ecclésiastique, ses velléités de vie religieuse et d’entrée au cloître, presque aussitôt dissipées et suivies d’une émancipation complète. […] Dom Colignon y resta quelques jours ; mon père avait les yeux fixés sur moi : il semblait me demander des confidences… Je lui racontai les scènes scandaleuses des Pères capucins avec les sœurs de Richstroff ; je lui en exprimai mon indignation ; mais pas un mot des jolies filles de Valmunster.
Dominique, c’est l’histoire de l’enfance, des premiers sentiments et de la jeunesse du personnage qui porte ce nom ; lui-même raconte à un ami cette histoire toute simple, tout intérieure, en partie délicieuse, en partie douloureuse, et lui fait de vive voix sa confession. […] Au premier abord, cette disproportion ne se fait pas encore sentir : « Elle sortait du couvent ; elle en gardait la tenue comprimée, les gaucheries de geste, l’embarras d’elle-même ; elle en portait la livrée modeste ; elle usait encore, au moment dont je vous parle (c’est Dominique qui raconte), une série de robes tristes, étroites, montantes, limées au corsage par le frottement des pupitres, et fripées aux genoux par les génuflexions sur le pavé de la chapelle. […] Dominique est de cette race ; il nous raconte bien des choses, il en décrit beaucoup, mais seulement celles qui l’ont touché, ému.
La vérité des relations et des intrigues de cour et de société sous l’Empire, sous la Restauration, sous Louis-Philippe, on la raconte, on en cause avec quelques-uns des demeurants et des bien informés, on ne l’a pas encore écrite ou du moins mise au jour. […] On voit très bien chez lui, par les anecdotes qu’il raconte et par les lettres qu’il produit, comment et par quels degrés, après 1815, l’Opposition commença à poindre, à reparaître ; comment les battus et les proscrits de la veille en vinrent à se rejoindre et à se rallier. […] Décidément, il ne raconte pas les dîners, même les meilleurs : il n’y a pas de milieu ; il faut en être ou n’en être pas. — Beaucoup de correspondances qui eurent tant d’intérêt dans leur nouveauté éprouvent aussi leur déchet, mais un peu moindre.
Ce qu’on a raconté de Joseph Vernet se renouvela pour elle dans la traversée, sans qu’elle crût imiter personne. […] On raconte qu’un jour elle tomba évanouie sur son escalier après un trop long jeûne, et fut relevée par une camarade sa voisine, accourue au bruit. […] Elle racontait encore avec un mélange de gaieté et de sensibilité l’anecdote suivante de ce bon temps de jeunesse et de misère, où il est vrai de dire, même des femmes : « Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans !
Mais ici nous le prenons sur le fait ; ce n’est plus à l’huis d’un châtel que frappe mignardement le pèlerin, c’est tout bonnement à la porte d’une ferme, durant une course à travers ces grasses et saines campagnes : « Je n’ai point oublié, raconte-t-il, quel accueil je reçus dans une ferme à quelques lieues de Dijon, un, soir d’octobre que l’averse m’avait assailli cheminant au hasard vers la plaine, après avoir visité les plateaux boisés et les combes encore vertes de Chambœuf167. […] Le berger raconta qu’il avait vu le loup. […] Faut-il prétendre, par ces tristes exemples, corriger les poëtes, les guérir de la poésie ; et pour eux, natures étranges, le charme du malheur raconté n’est-il pas plutôt un appât ?
Car les Dieux, qui prennent toutes les formes, passent souvent par les villes, semblables à des étrangers errants, afin de reconnaître la justice ou l’iniquité des mortels. » — Apollonios de Rhodes raconte qu’un jour, Héra, déguisée en vieille femme, pleurait et se lamentait sur le rivage de l’Anauros gonflé par les neiges, « pour éprouver la bonté des hommes ». […] Une admirable histoire, racontée par Hérodote, montre à quel point les Grecs croyaient le droit des Suppliants sacré pour les dieux, — Pactyas, le Lydien, chef d’une révolte contre les Perses, s’était enfui devant leur armée, et il avait cherché un refuge chez les Cyméens. […] Seule, elle n’en peut descendre ; elle mugit au bouvier et lui raconte sa détresse. » Ce qu’elles attestent surtout, c’est le droit auguste des Suppliants, l’autel embrassé qui les divinise, la Némésis des misérables prête à frapper qui leur refuse l’asile invoqué. — « Elle est terrible, la colère de Zeus, dieu des Suppliants.
Thiers a raconté, avec le détail le plus circonstancié et le plus dramatique, toutes les phases et les vicissitudes de cette entreprise (disons le mot comme il le dit lui-même), de cet attentat de Napoléon contre la royauté espagnole. […] Thiers a raconté, discuté et rendu sensible toute cette affaire de Baylen, de manière à ne laisser aucun doute sur les vraies causes, à attribuer à chacun ses fautes, et à ne charger la mémoire du général Dupont que de celles qui lui reviennent en propre. Un haut sentiment de moralité militaire anime ces pages ; on sent combien l’historien souffre d’avoir à raconter ce premier désastre ; mais il l’a sondé hardiment, et il s’estime encore heureux de n’avoir à y constater, après tant de calomnies, qu’un immense malheur.
Plusieurs des bourgeois de Fismes, raconte l’abbé d’Allainval, qu’on ne saurait que répéter sur ces commencements, m’ont dit que, dès son enfance, elle se plaisait à réciter des vers, et qu’ils l’attiraient souvent dans leurs maisons pour l’entendre. […] On raconte qu’à ses débuts à Paris, au milieu des vifs applaudissements qu’elle excitait, un seul homme, enfoncé dans un coin de loge, et résistant à l’enthousiasme universel, se bornait de temps en temps et à de rares endroits à dire : « C’est bon, cela ! […] L’abbé Aunillon du Gué de Launay, ami des Bouillon, dans les mémoires plus intéressants que connus qu’il a laissés, nous raconte que ce fut lui qui le premier informa la duchesse de cette odieuse rumeur, afin qu’elle eût à la conjurer.