/ 1602
1066. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Mais, si théologiquement nous ne sommes pas liés vis-à-vis des récits de la sœur Emmerich, esthétiquement nous semblons l’être ; car le beau, qui est la splendeur du vrai, disait Platon, est une tyrannie ; et ici, il fait presque irrésistiblement croire à la vie et à la réalité !

1067. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Ce n’est pas l’historien qui est inférieur en lui, mais le moraliste qui a une notion de l’homme sans exactitude, et en dehors de la sobre réalité.

1068. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

L’intelligence humaine, étant infinie de sa nature, exagère les choses qu’elle ignore, bien au-delà de la réalité.

1069. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Les caractères que nous avons précédemment rappelés correspondent à des réalités ; ils sont bons, utiles à connaître. […] Cette division des manifestations vitales que nous avons adoptée est, selon nous, l’expression même de la réalité ; c’est le résultat de l’observation des phénomènes. […] Que l’idée de cet arrangement soit mal exprimée par le nom de force, nous le voulons bien : mais ici le mot importe peu, il suffit que la réalité du fait ne soit pas discutable. […] Pour employer une métaphore qui n’est pas sans quelque réalité, les atomes qui entrent dans l’organisme sont pour la plupart façonnés en grosses masses et se brisent en petites masses avant de le quitter. […] Dans la réalité les substances de l’organisme végétal, les substances actives, travaillantes, véritablement vivantes, telles que le protoplasma albuminoïde, sont tout aussi putrescibles que chez les animaux.

1070. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le docteur Faust était triste, parce qu’il croyait avoir épuisé la science humaine ; le docteur Renan était gai, parce qu’il savait que la science, comme la réalité, est inépuisable. […] Il serait aussi absurde qu’un système renfermât le dernier mot de la réalité qu’il le serait qu’une épopée épuisât le cercle entier de la beauté. […] Voici : Ne profanez jamais l’amour ; c’est la chose la plus sacrée du monde ; la vie de l’humanité, c’est-à-dire de la plus haute réalité qu’il y ait, en dépend. […] Je sais bien que la science doit être inexorable, que la réalité se moque de nos combinaisons, et que la vérité n’a que faire des soutiens artificiels qu’il faut à notre faiblesse. […] qui nous rendra le roman qui allège le poids du jour, le rêve qui éblouit, l’illusion plus réelle que la réalité, la chanson qui berce la misère humaine, le beau livre d’images qui fait pleurer et qui console ?

1071. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Quant à la seconde, il faut souhaiter qu’elle reste toujours une réalité vivante. […] Ceux qui ne font pas marcher de front la physiologie, la morale, l’histoire et le reste, sont des rhétoriciens incurables, qui n’ont pas le goût de la réalité. […] Dans les arts, en tout cas, l’illusion est la réalité elle-même. […] Ils y ajoutèrent ensuite le goût de la réalité, — sans aucune espèce d’idéal. […] A l’âge où les impressions sont ineffaçables, il respira au foyer paternel l’enthousiasme mystique qui, dans l’école d’Ombrie, était une religion plutôt qu’une simple tradition d’art60. » Mais la nature l’attira et le sauva du mysticisme ; la réalité, bien plus que la foi, lui inspira tant de merveilles.

1072. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

La connaissance cesse d’être un produit de l’intelligence pour devenir, en un certain sens, partie intégrante de la réalité. […] Si elle était destinée à la théorie pure, c’est dans le mouvement qu’elle s’installerait, car le mouvement est sans doute la réalité même, et l’immobilité n’est jamais qu’apparente ou relative. […] A moins de se faire violence à elle-même, elle suit la marche inverse : c’est de l’immobilité qu’elle part toujours, comme si c’était la réalité ultime ou l’élément ; quand elle veut se représenter le mouvement, elle le reconstruit avec des immobilités qu’elle juxtapose. […] Aisément on en découvrirait l’origine dans notre obstination à traiter le vivant comme l’inerte et à penser toute réalité, si fluide soit-elle, sous forme de solide définitivement arrêté.

1073. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il ne devait pas s’efforcer de « distinguer » artificiellement les genres, avant l’époque où ils achèvent de se distinguer dans la réalité. […] Elle était « médiocrement écrite, ridicule souvent et dégoûtante de platitude », mais cependant « elle avait encore ce mérite d’offrir au public une représentation de la vie, dont il saisissait le rapport avec la réalité ». […] Or, qu’arriverait-il dans la réalité ? […] La mise en scène sera, autant que possible, approchée de la réalité. […] Seulement, il se trouve que l’expression pudique de certaines réalités est ce qu’il y a de plus propre à mettre en joie un public folâtre.

/ 1602