Un de mes voisins de campagne, homme de joyeuse humeur et philosophe cynique, s’amusait, quand il avait chez lui des étrangers, à poser au fils de son fermier, un enfant de huit ans, les questions suivantes dont il avait dicté les réponses : « — Qu’est-ce que tu veux être, Germain ? […] Il est des questions que les fidèles écartent, qu’ils ne se posent même pas : la foi d’un grand nombre repose sur des malentendus, ou sur beaucoup d’ignorance et d’irréflexion. […] Encore un coup, il est rare que la question se pose avec cette netteté tragique et que l’Église ait l’occasion de revendiquer ses droits sur toute l’âme ; mais la question se pose ainsi pour tout prêtre qui réfléchit dès que certaines circonstances mettent en opposition directe ses sentiments naturels et sa foi.
Aussi ma première question en arrivant à Saint-Sulpice fut pour vous demander afin d’apprendre la cause de ce silence, et plus encore afin de m’entretenir avec vous. […] Nous ne nous abordâmes point de front ; nous ne fîmes qu’exposer, moi, la nature de mes doutes lui, le jugement qu’il devait en porter comme orthodoxe. fut extrêmement sévère et me déclara nettement 1ºqu’il n’était nullement question de tentations contre la foi, terme dont je m’étais servi dans ma lettre, par l’habitude que j’avais contractée de me conformer à la terminologie sulpicienne pour me faire entendre, mais bien d’une perte totale de la foi ; 2º que j’étais hors de l’Église ; 3º qu’en conséquence je ne pouvais approcher d’aucun sacrement, et qu’il ne m’engageait pas à pratiquer l’extérieur de la religion ; 4º que je ne pouvais sans mensonge continuer un jour de plus à paraître ecclésiastique, etc. […] Paul dit qu’il est en vie, les autres disent qu’il est mort. » Prenez garde de ramener la question à de si misérables termes. […] Il en est d’autres plus fins, mais ils n’abordent pas la question.
Le sujet a été vingt fois traité et répété au théâtre : c’est la question du divorce, l’adultère tourné à la bigamie, la femme placée entre le mari indigne qui revendique son droit conjugal, et l’amant qui a pris sur elle, par la durée et le dévouement d’une liaison fidèle, le droit d’un époux. […] Lorsqu’il s’agit de questions pareilles, la sagesse est sur les lèvres des vierges et dans le cœur des enfants. […] Jusqu’à présent, la question de l’enfant naturel n’avait guère été traitée, au théâtre, que sous son côté violent et hostile : combat ou antagonisme, contraste entre la misère de l’enfant du hasard et la richesse de l’homme sans entrailles qui l’a mis à la porte de la vie, sans pain et sans nom ; représailles du fils reniant le père qui l’a délaissé, lorsqu’une circonstance imprévue le met sous sa main et à sa merci ; l’instinct de la nature aboli dans son âme par l’abandon dénaturé dont il a été la victime. […] Un pareil acte est, sans doute, une exception ; la question est toujours urgente, la plaie reste ouverte ; mais on ne pouvait l’apaiser par un exemple plus cordial et plus salutaire.
Nous causons d’un projet dont il a été question, d’un grand ouvrage d’illustration sur la Cour impériale. […] … Puis il nous apprend qu’il était question, ces jours-ci, de refaire un costume de la garde, quelque chose dans le genre des horse-guards : « Il n’y avait que moi, et je ne leur aurais pas fait un costume d’opéra. […] Il nous entretient de son livre La Question romaine, qui vient d’être saisi. […] Ce sont les aperçus religieux de Swedenborg, mais ça n’a pas de base… Malaise des esprits, trouble des âmes, religiosité remuant dans l’ombre, agitations sourdes de la veillée d’armes d’une suprême bataille livrée par le catholicisme, toute une mine de mysticisme couvant sous le scepticisme du xixe siècle, il y a de cela dans les paroles de mon dentiste, sous le coup de la question italienne, des lettres pastorales des évêques, de la levée de boucliers de l’Église en faveur du pouvoir temporel ; et il y a dans ces paroles comme l’annonce d’une sorte de fièvre et de délire des consciences ; et j’y vois, germant déjà dans le petit bourgeois éclairé, l’anarchie des croyances et le gâchis social que cela prépare dans un avenir très prochain.
Jouffroy n’avait rien de cette activité extérieure, et toute la sienne se portait sur le fond même des questions morales et purement philosophiques qui faisaient son charme et son tourment. […] [NdA] Un jour, dans une discussion à l’Académie où il était question de saint Augustin, M. […] Le psychologiste en question peut se faire, selon moi, l’application de l’image : si ingénieux qu’il soit comme observateur, il n’a qu’une science de reflets et de miroitements, et, avec cela, il n’est pas peintre. — (Voir La Fontaine, et comment pour l’étude de l’homme, pour la connaissance de l’esprit, il était loin de s’interdire l’observation des animaux et les comparaisons tirées de l’histoire naturelle, fable première du livre X.)
Ayant toujours habité en Italie et travaillé dans la retraite, loin des questions de salon et d’école, en dehors de ce qu’on appelait les classiques et les romantiques, il ne s’est jamais bien rendu compte de ce que voulaient chez nous ces derniers80. […] … Je n’ai osé décider cette question autrement qu’en pensant que c’était peut-être un écueil de voir et de considérer beaucoup les ouvrages des autres, ce qui peut détruire un bon germe. […] Ensuite, quand il est question de faire une grande composition, pensez-vous que le premier modèle que je trouve soit convenable pour servir à rendre une figure, un sujet que je veux faire ?
Beuvron, dès auparavant amoureux, en avait été quelque temps détourné, parce que « la légèreté qu’elle témoignait en toutes choses lui faisait appréhender de s’embarquer avec elle. » L’abbé Fouquet, le frère du surintendant, intrigant au premier chef, homme de sac et de corde, et qui avait la conduite la plus éloignée de sa profession, « s’était embarqué d’abord à aimer plus par gloire que par amour » ; mais le goût lui en était venu par degrés ; et il n’est bientôt plus question que de ses embarquements. […] Dans les préceptes et maximes qu’il donne de l’art d’aimer, il n’a rien non plus de cette agréable facilité d’Ovide, et rappelle plutôt, par le subtil des cas et des questions, un reste des cours d’amour ; c’est un voisin de Benserade. […] C’est un répertoire à renseignements qu’on peut consulter et avoir sous la main, même quand il n’est plus question de Bussy.
Il n’est même question d’eux qu’en passant. […] Ce sont des lettres sans fin et de tout l’univers, des questions à répondre, des mémoires à examiner… » Il ressort de cette correspondance qu’il y avait quelque chose qu’il aimait encore mieux que ses ouvrages ou du moins autant : vivre avec ses amis, les posséder, vaquer à ses devoirs et à ses relations de père de famille, de bon voisin, de propriétaire, d’administrateur et d’homme. […] Il les a distingués, électrisés, appliqués et mis en valeur chacun dans son emploi ; en se les associant il les a adoptés, l’un comme frère et l’autre comme fils, dans sa famille spirituelle ; jamais la question d’amour-propre ne s’est élevée entre eux et lui : que lui demandons-nous de plus ?