Il se présenta lui-même comme porté jusque dans le sanctuaire académique par les amis de Voltaire : « Ainsi quelquefois de vaillants capitaines élèvent aux honneurs un jeune soldat, parce qu’ils l’ont vu servir enfant sous les tentes de leur général. » En même temps il rendait un public hommage à Gessner, mort depuis peu, et qu’il proclamait son maître et son ami.
Dans ce culte un peu confus et vaguement défini dont l’illustre chancelier est aujourd’hui l’objet, il entre après tout de la justice ; c’est un hommage public rendu à cette inspiration paisible, permanente et modeste, qui fut celle de toute sa vie, et qui, sauf quelques éclipses passagères, s’échappait, comme par un doux rayonnement, d’un fonds de droiture, de mansuétude et de vertu.
Ces torts ont été fort exagérés dans le temps par la clameur publique.
Celle-ci, se plaignant de la légèreté de paroles qui régnait plus que jamais à la cour de Versailles, lui avait écrit, à la date du 5 décembre 1706 : Oui, madame, les plus grandes difficultés viennent du peu de ressource qu’on trouve dans les hommes ; ils sont presque tous intéressés, envieux, de mauvaise foi, insensibles au bien public, et regardant les sentiments contraires aux leurs comme des vues romanesques et impraticables.
La goutte, les rhumatismes, les fatigues de la guerre, tout attaque la bonne santé dont j’ai toujours joui ; je vois le vide de la vie que je mène ; je ne désire aucune fortune plus que celle que j’ai ; je n’ai aucune démangeaison de me mêler des affaires publiques, et cependant je demeure courtisan, et je m’y ruine par toutes sortes de dépenses, plus encore pour satisfaire mon goût que pour plaire au roi, quoiqu’il en soit le prétexte.
La Duchesse de Châteauroux, particulièrement, obtint du succès dans le public ; ce n’est que nous autres critiques qui nous sommes dit que c’est un de ces romans trop voisins de l’histoire pour intéresser véritablement les esprits amis du vrai en matière de faits ou en matière de sentiment et de passion.
L’Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s’obstine à l’admirer.
Converti d’abord par politique, il paraît qu’il le fut ensuite plus sérieusement et plus sincèrement avec les années, et que les raisons de conscience finirent par se joindre en lui aux autres considérations du personnage public et du roi.