Réunissons en un groupe et en un faisceau toutes les capacités et facultés, communes ou propres, qui se rencontrent en lui, et nous saurons ce qu’il est, en sachant ce qu’il contient. […] Outre ces pouvoirs communs à tous les hommes, chacun de nous découvre en lui-même, par une expérience semblable, les pouvoirs particuliers qui lui sont propres. […] Il sera tenté de les attribuer à un interlocuteur invisible, surtout si la religion environnante et sa croyance propre l’autorisent à s’en forger un. […] En d’autres termes, si nous les explorons, ils provoquent en nous des sensations de contact, de résistance, de température, de couleur, de forme et de grandeur tactile et visuelle, à peu près analogues à celles que nous éprouvons lorsque par l’œil et la main nous prenons connaissance de notre propre corps. […] À présent, supposez que la sensation cesse, qu’il n’en subsiste que l’image avec les appendices, c’est-à-dire une représentation de la bille, et admettez qu’une sensation différente naisse en même temps avec son cortège propre.
Il se pénètre des affaires de ses clients, expose les titres de propriété, les moyens de droit, les arguments contradictoires, les généalogies, les noms propres. […] Il appelle bonté son hypocrisie, et de ses propres mains lui met la couronne. […] A peine çà et là un trait vrai perdu dans le barbouillage. « Nous vivions contents sur nos propres terres. » La Fontaine gardera ce trait.) […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Etaient propres aux arts ainsi qu’au labourage. […] C’est en sentant cette barbarie que La Fontaine a transformé sa mauvaise matière ; c’est en ranimant en son propre coeur les sentiments du barbare, qu’il a tout renouvelé ou tout trouvé.
Car elle a placé dans les eaux ceux qui sont propres à nager ; dans les airs, ceux qui sont disposés à voler ; et, parmi les terrestres, elle a fait ramper les uns, marcher les autres ; elle a voulu que ceux-ci vécussent seuls, et ceux-là en troupeaux ; elle a rendu les uns féroces, les autres doux ; il y en a qui vivent cachés sous terre. […] Et, puisque ces sortes d’études ont pour but de nous rendre sages, il me paraît que je ne les ai point démenties par ma conduite, soit dans mes fonctions publiques, soit dans mes propres affaires. […] « Dans mes quatre livres Académiques, je leur ai montré quelle sorte de philosophie me semblait la moins arrogante, la plus positive et la plus propre à former le goût. […] Que dirai-je de ma Consolation, qui, après avoir remédié à mes propres maux, soulagera davantage encore, j’espère, ceux des autres ? […] « Quintus, lui dis-je alors, vous avez très bien et en bon stoïcien défendu l’opinion des stoïciens ; et ce qui me plaît surtout, c’est que vous vous êtes appuyé sur des faits éclatants et mémorables, tirés de notre propre histoire.
Le vieux roi Ferdinand, pilote expérimenté et railleur, avait pris le parti d’abdiquer et de remettre le gouvernement à son fils, le prince héréditaire, plus propre que lui à se compromettre, soit avec les révolutionnaires, soit contre les puissances étrangères. […] C’était un homme modeste, timide, ayant peur du son de sa propre voix, mais plein de bon sens et d’aperçus justes, un des hommes qui n’aiment pas à paraître en scène, mais qui ont, comme spectateurs, le sens le plus parfait des situations. […] Je supposai que lord Byron vivait encore et que le génie, qui lui avait inspiré les quatre premiers chants de son poème, inspirait encore à son génie le récit de sa propre mort. […] Le Scythe et le Breton, de leurs climats sauvages Par le bruit de ton nom guidés vers tes rivages, Jetant sur tes cités un regard de mépris, Ne t’aperçoivent plus dans tes propres débris. […] Un auteur ne doit jamais défendre ses propres ouvrages, mais un homme qui se respecte doit venger ses sentiments méconnus.
C’est encore le théâtre espagnol qui avertit Corneille de son propre génie. […] N’est-ce pas lui qui rit là-bas, dans un coin de la salle, des saillies de son propre type ? […] Il corrompra ses propres domestiques pour les rendre plus fidèles. […] C’est d’ailleurs le propre du travers religieux d’endurcir, de dessécher, de passionner ceux qui en sont atteints et d’exaspérer ceux qui en souffrent. […] Molière connaît mieux que le prêteur le prix de ce qu’il emprunte ; il est, dans son art, ce que, dans la vie civile, sont tels habiles hommes qui savent mieux nos propres affaires que nous.
Parce qu’il s’inspire de sa propre religion, qui n’avait encore inspiré que des hymnes. […] Il effémine avec grâce cette langue trop durcie par la trempe de Bossuet ; il la rend malléable et propre aux plus tendres épanchements de la piété, de la rêverie et de l’amour. […] Le plus grand coloriste, c’est la passion, parce qu’elle ne prend pas ses couleurs sur une palette, mais dans son propre cœur. […] La nation lui sait gré de lui avoir enseigné à oser croire à son propre génie. […] Le français, depuis la Bruyère, devint propre à être au besoin l’algèbre des pensées.
Savant plein d’autorité et de lumières, le plus pratique des théoriciens, se rabattant volontiers en tout du côté de l’histoire, il était très propre à ne verser dans aucun sens. […] Le propre des doctrinaires est d’estimer assez peu le commun du monde et la moyenne des esprits ; leur inhabileté dans la pratique est de le laisser voir : leur inconséquence (je parle des doctrinaires de seconde venue, non pas de M. […] Il a peu gardé de son calvinisme primitif dans tout ce qui tient au dogme ou à l’histoire ; on s’en aperçoit assez évidemment aujourd’hui ; la singulière brochure qu’il vient de lancer en ce moment même, sans aucune nécessité, pour sa propre satisfaction, et qui n’est autre qu’un manifeste de fusion protestante avec Rome, le dit assez haut, et ses coreligionnaires ont tout droit de lui en vouloir14. […] Je le fis sans hésiter… Je me sens à l’aise et satisfait pour mon propre compte en témoignant, etc. […] Guizot, dans son récit animé ; ne dissimule rien de tout cela, et il nous aide vivement à nous en ressouvenir ; il réitère même, à un endroit (tome IV, page 292), un mea culpa qui ne laisserait rien à désirer, si, par un singulier retour, il ne le rétractait formellement dans les toutes dernières lignes du chapitre ; car, faisant remarquer que c’était en vue d’obtenir un gouvernement pleinement d’accord avec la majorité de la Chambre des députés qu’il s’était mis si fort en avant, dans une ligne d’opposition inaccoutumée, au risque de déplaire à plusieurs de ses amis conservateurs, il ajoute : « Dans mon élan vers ce but, ma faute fut de ne pas tenir assez de compte du sentiment qui dominait dans mon camp politique, et de ne consulter que mon propre sentiment et l’ambition de mon esprit plutôt que le soin de ma situation (que de ma et que de mon !)
Moraliser a été presque de tout temps un tour d’esprit propre à notre pays. […] Si les rues de Paris, puisque La Bruyère en parle93, n’étaient ni si propres ni si sûres que celles d’Athènes, nous n’avions pas d’esclaves, et en revanche nous avions une religion à laquelle on croyait, parce qu’en même temps que ses dogmes donnent un prix infini au moindre d’entre nous, nulle morale et nulle philosophie n’ont fait plus de découvertes dans le cœur humain. […] On s’étonne de ne trouver ni dans le portrait qu’il a tracé de lui, ni dans ses Mémoires, aucun aveu sur cette fatalité qui le condamna pendant près de vingt ans à s’imposer toutes les fatigues de l’ambition et de l’intrigue, au profit de volontés qui se perdaient dans leurs propres vues, et ne s’inquiétaient guère des siennes ; à n’agir qu’à la suite ; à ne se déterminer qu’au moment même où, sans le consulter, son parti venait de changer d’avis ; à haïr ses propres lumières comme des empêchements de sa volonté, et sa volonté comme la dupe de ses passions. […] Il s’en trouve enfin de préventives : celles-là sont propres à la philosophie chrétienne ; elles nous avertissent et nous font peur de nous-mêmes.