Toutes les sciences se donnant la main, fraternellement unies, se poussant mutuellement en avant, ont marché à pas de géant vers une interprétation plus profonde de l’univers. […] Le changement grave, profond, essentiel, le voici : c’est une orientation spéciale des intelligences. […] Voilà sa destinée pour longtemps ; elle sera philosophique. ; elle sera, non plus un jeu de l’esprit, un caprice mélodieux de la pensée légère et superficielle, mais l’écho profond, réel, sincère des plus hautes conceptions de l’intelligence. » La poésie sera sans doute autre chose aussi ; bien téméraire qui voudrait enfermer l’incessante mobilité de l’art dans une formule rigide ; mais il est certain qu’elle peut et doit réaliser la prophétie de Lamartine. […] Saint-Lambert, le médiocre auteur des Saisons, a dit ce mot profond : « Les anciens aimaient et chantaient la campagne ; nous chantons et aimons la nature. » Et qu’est-ce que la nature ?
Si donc nous voulons avoir une école musicale française, il faut que nos jeunes compositeurs puissent entendre, pleinement, dans un théâtre, ces drames dont ils ne connaissent que les procédés techniques, et dont ils verront alors la profonde portée esthétique, Si nous voulons que nos peintres, nos poètes, aillent à la découverte de formes plus parfaites dans leurs arts, il faut que nous leur montrions la France toujours prête à accueillir les nouveautés fécondes. […] Il y a une autre chose qui établit une différence profonde entre les drames de nos musiciens et ceux de Wagner. […] (probablement en contraste au « chatouillement des yeux », qui nous est causé par la lecture de mainte partition de nouveaux opéras allemands) ; mais que même l’amateur de musique allemand enlève les lunettes de ses yeux fatigués et pour une fois se donne sans réserve à la joie d’un beau chant, cela nous montre plus profondément son cœur et nous fait connaître un profond et ardent désir de respirer de nouveau pleinement et fortement pour se faire le cœur libre tout à coup, jeter loin de lui tout le bagage de préjugés et de méchantes pédanteries qui le força si longtemps à être un amateur de musique allemande, et, au lieu de cela, devenir enfin un homme heureux, libre et doué pleinement de cette admirable conception de tout ce qui est beau, sous quelle forme que cela se montre. […] Lorsque dans la lettre ci-dessus, Wagner si hautement demandait la « mélodie », il savait déjà bien que la mélodie est la seule forme de la musique, et que les deux sont inséparables ; il avait déjà la profonde conviction que la musique est l’expression, mais il ne savait pas encore ce que c’est que la mélodie qui donnerait l’expression idéale musicale, à l’esprit allemand, dans le drame.
L’homme qui, en Belgique, se montra l’adversaire avoué, irréconciliable de Wagner et qui mit à le combattre une opiniâtreté aveugle de sectaire, était précisément celui que sa haute culture intellectuelle et sa profonde science musicale rendaient le mieux apte à deviner le génie novateur, à le faire comprendre et admirer de ses contemporains. — Mais combien de fois, en matière musicale, n’a-t-on pas vu ceux qui devaient faire la lumière, employer leurs efforts à répandre l’erreur ? […] Escudier se distingue par la profonde ineptie des réflexions que lui suggère la victoire de Tannhaeuser à Bruxelles. […] L’effet grandiose de cette représentation de la Tétralogie, à laquelle participèrent deux célébrités du théâtre allemand, Scaria et Friedrich-Materna, devait rendre plus profonde l’impression ressentie àia mort de Richard Wagner survenue inopinément le 13 février suivant. […] Il dépense des millions tous les ans en achats de tableaux et de sculptures et en créations et dotations de musées, et toujours on nous ressasse les oreilles de l’influence sur le goût et sur la culture du peuple que ces choses doivent exercer ; il n’en est rien cependant, — « lorsque l’art allemand se releva de sa profonde décadence à la fin du siècle passé, il n’y avait point de musées ; aujourd’hui que chaque ville en possède, la peinture allemande tombe dans la plus absolue inanité… Pourquoi du reste l’état n’achète-t-il pas des romans, et ne commande-t-il pas des valses ?
Cette répugnance diminuera si l’on se met bien dans l’esprit qu’entre un mécanisme et un organisme il y a ressemblance, non identité ; que l’organisme est un mécanisme, mais un mécanisme vital, la vitalité étant la source de profondes différences. […] L’amiral Codrington, alors simple aspirant de marine, ne put être tiré d’un profond sommeil que par le mot « signal. » Ces faits, auxquels bien d’autres ressemblent, montrent qu’il peut y avoir sensation sans perception et sensation accompagnée de perception. […] Lewes pense que c’est une question fort difficile, et qu’il n’y a qu’un profond anatomiste qui puisse déterminer combien nous avons d’organes distincts pour les sens. […] Les émotions ont leur racine profonde dans notre personnalité.
il faut que nous soyons bien profonds ou bien superficiels, pour qu’un second coup porté sur nos esprits et sur nos âmes retentisse sur ce timbre sonore et sensible aussi fort que le premier, et même davantage. […] L’Iliade et l’Odyssée ont leur unité, et elle est même si profonde qu’elle est la plus déconcertante réplique que l’on puisse faire aux anarchiques rêveurs qui affirment l’existence de plusieurs Homères. […] ……… aucune ouverture n’étant Possible, ô cieux profonds ! […] Hugo en est l’ennemi, et s’il pouvait y avoir quelque chose de profond et de durable dans les poètes, c’en serait un ennemi implacable.
Nous voulons des réalités, dit Baudry, c’est-à-dire des institutions et des mœurs qui correspondent à nos plus profondes pensées et réalisent ce que nous portons dans nos cœurs. […] De tels enfants avaient prodigieusement souffert de porter en eux les rêves les plus salubres, auxquels ils se dévouaient avec l’enthousiasme d’une conviction profonde, et de les servir avec les armes de l’anarchie. […] C’est peu de jours après que cet enfant écrivait à sa mère cette phrase d’une intensité de romanesque si profonde : « Crois-tu que les soldats de Napoléon aient souffert autant que nous ? […] Je vous embrasse tous, vous qui avez été si bons pour moi, et que j’aime du plus profond de mon cœur.
Il y aurait à faire tout un livre d’analyse et de critique sur l’ensemble des travaux psychologiques dans les deux pays ; on y pourrait rechercher qui a la meilleur part, de l’esprit anglais ou de l’esprit français, dans la constitution, l’organisation et les progrès de la science de l’homme ; qui a le plus fait pour cette science, des profondes et larges descriptions des philosophes français, ou des ingénieuses observations, des subtiles analyses des philosophes anglais. […] L’école expérimentale fait du problème du libre arbitre une question de loi, laquelle ne peut être déterminée que par une profonde étude philosophique et non en faisant appel aux fantaisies et aux idées d’un individu au sujet des choses qui le concernent. […] Mais combien d’affections, les plus profondes et les plus fortes, les plus désintéressées, se refusent à cette explication ? […] Maine de Biran, Jouffroy et bien d’autres philosophes de l’école spiritualiste, après Platon, Aristote, Leibniz, ont su féconder par l’analyse ces révélations spontanées, et en faire sortir une science véritable de l’homme, science intime et profonde, bien autrement compétente, bien autrement décisive sur certains phénomènes moraux que la science expérimentale de l’école dont on vient de parler.
Nous citerons ces strophes : ……………………………………………… Les chiens déconcertés renoncent à la piste : Voici l’heure paisible où finissent les jours ; Libre vers son refuge, il monte grave et triste… À l’horizon lointain expirent les abois, Sur les chênes dormants la nuit remet son voile… Lui qui ne verra plus l’aurore dans les bois, Donne un dernier regard à la première étoile… C’est un sentiment profond de la nature qui donne de tels accents et qui fait que le lecteur croit voir le tableau que le poète a tracé.