Enfin, sans tant multiplier les exemples, il est bien constant qu’il y a telle chose que la religion et même que la dévotion littéraire : là aussi on n’adore pas seulement les grands dieux, on se prend aux moindres saints. […] Il y a quinze ans que cet honorable gentilhomme, ancien député sous la Restauration, a pris à cœur de rechercher tout ce qui pouvait, de près ou de loin, concerner l’aimable poëte d’Amiens. […] Nous devions d’abord en prendre acte et montrer qu’ici elle ne nous a pas échappé. […] Dans un siècle qui remuait toutes les théories, qui agitait tous les problèmes, il ne prit aucune part effective, aucun intérêt véritablement intelligent. […] Comme s’il avait pris à la lettre et tout à fait au sérieux son sujet du Méchant, et comme s’il s’était dit qu’il n’y avait pas à demeurer dans un pareil monde, il ne tourna plus désormais de regard qu’en arrière, vers la retraite et vers la vie de province.
Elle s’éprit d’elle à l’instant, ou mieux, elles s’éprirent l’une de l’autre, et on le conçoit ; si on ne regarde qu’au mérite des esprits, il n’arrive guère souvent que le hasard en mette aux prises de plus distingués. […] Mme Du Deffand crut devoir prendre ses précautions, et lui dicta assez peu délicatement ses conditions là-dessus, avant de la faire venir près d’elle ; pour quelqu’un qui appréciait si bien son esprit, c’était bien mal connaître son cœur. […] Ce qui la prenait par une fibre secrète l’exaltait, l’enlevait aisément ; il n’est pas jusqu’au Paysan perverti auquel elle ne fît grâce, pour une ou deux situations qui lui étaient allées à l’âme. […] On en prendra idée quand on saura que, dans un voyage qu’il fit à Fontainebleau dans l’automne de 1771, M. de Mora avait écrit à son amie vingt-deux lettres en dix jours d’absence. […] Elle prend quelquefois la résolution de ne plus ouvrir les lettres qu’elle reçoit ; elle en garde une cachetée pendant six jours.
Comme lui-même, dans sa première jeunesse, il n’était pas dirigé, il se trompa plus d’une fois sur les objets de son émulation, et se prit au faux honneur. […] « Prenez avis de ma conduite, disait-il à son fils ; faites vous-même le choix de vos plaisirs, et ne vous les laissez pas imposer. » Ce désir d’exceller et de se distinguer ne s’égarait pas toujours de la sorte, et il l’appliqua souvent avec justesse ; ses premières études furent des meilleures. […] Jouneau, le 7 décembre 1714 : Je ne vous dirai pas mes sentiments des Français, parce que je suis fort souvent pris pour un d’eux, et plus d’un Français m’a fait le plus grand compliment qu’il croit pouvoir faire à personne, qui est : Monsieur, vous êtes tout comme nous. […] Je me garderai bien de le prendre au mot sur cette anecdote. […] Robert Walpole, moins leste et moins vif d’apparence, avait mieux pris ses mesures et mieux calculé.
Tandis que la plupart des femmes sont occupées à faire retraite en bon ordre et à prolonger leur âge de la veille, elle prit d’elle-même les devants, et elle s’installa sans marchander dans son âge du lendemain. […] Femme peu estimable, et dont quelques actions même sont voisines du crime, on se trouvait pris à son air de douceur et presque de bonté, si on l’approchait. […] Quand il y avait quelque infraction au règlement et qu’il éclatait quelque imprudence de parole, c’était à lui qu’elle s’en prenait volontiers pour n’y avoir pas mis bon ordre. […] Est-ce donc bien prendre son temps pour les mépriser que de choisir précisément l’instant où on les élève, où on les attendrit et où on les rend meilleurs ? […] Je n’avais jamais aimé à être redressé auparavant ; maintenant vous ne pouvez vous imaginer combien j’y ai pris goût.
Dès que les libraires qui en avaient conçu la première idée eurent mis la main sur lui, ils sentirent bien qu’ils avaient leur homme ; cette idée à l’instant s’étendit, prit corps et s’anima. […] Le port de sa tête alors prenait « beaucoup de noblesse, d’énergie et de dignité ». […] Naturellement porté à négliger les défauts et à prendre feu pour les qualités, je suis plus affecté, disait-il, des charmes de la vertu que de la difformité du vice : je me détourne doucement des méchants, et je vole au-devant des bons. […] Diderot trouve que cette pêche offerte par Calypso est une sottise, et que Télémaque a bien plus d’esprit que la nymphe et que son peintre, car il continue le récit de ses aventures sans prendre la pêche qu’on lui offre. […] Voilà le Diderot critique et peintre pris sur le fait dans ses vives ébauches.
Barbey d’Aurevilly, prend hautement le parti de ceux qu’il appelle les Prophètes du passé, et nous retrace, à côté de la grande figure de Joseph de Maistre, la figure ingénieuse et forte de Bonald, pour dire mon mot sur ce dernier, et pour assigner les principaux traits de sa manière. […] Il ne prit de cette éducation que la partie fructueuse et solide, et ce qui s’y mêlait déjà de philosophique et de libre ne l’atteignit pas. […] Enfin il prend une partie de leurs armes à ses adversaires et les retourne contre eux, en remontant pied à pied. […] Le nom et le personnage de M. de Bonald sont une de ces représentations les plus justes et les plus fidèles qu’on puisse trouver de l’ordre monarchique et religieux pris au sens le plus absolu ; il a été l’un des derniers sur la brèche et n’a pas cédé une ligne de terrain en théorie. […] L’auteur a depuis expliqué sa pensée, mais il s’agit bien moins ici de l’explication que de l’impression première, et de l’espèce de plaisir qu’il prend à présenter son idée sous une forme rebutante et choquante.
Sa pensée avait pris depuis longtemps d’ailleurs une tournure mystique. […] Mais le prend-il toujours au sérieux ? […] La lutte du classique et du romantique a pris le même caractère. […] L’idéalisme de Vigny, ne prenons pas cela pour un mot conventionnel. […] Un sculpteur divin avait pris sous son ciseau la pierre de sa destinée.
Allait-il prendre le froc ? […] Comment t’y prendras-tu pour la punir d’une faute qui est d’abord ta faute ? […] On prend un livre au hasard de la rencontre. […] Des désirs prennent forme. […] Toutefois il était temps que ce malentendu prît fin.