On évoque naturellement cette image d’une soupape de sûreté en entendant pousser, nerveusement et bruyamment, le cri du Garçon, le rire du Garçon. […] Il y a là pour toi beaucoup à y gagner, une maîtresse peut-être, des amis utiles tout au moins. » Pradier aimait qu’on vînt faire chez lui ses remontes d’amour, et poussait à la consommation. […] Et son cri, celui qu’elle pousse auprès de Rodolphe, est bien celui de Flaubert : De l’air ! […] C’est lui qui déclenche tout, à la fois Ulysse et Alcibiade sous la figure d’un Græculus, lui qui anime et pousse par ses ruses les mercenaires contre Carthage. […] Et de curieuses trouvailles le poussent à l’extrême et au paradoxe.
Il y a une pousse incroyable de formes vivantes dans leurs cervelles. […] Les joues de la belle promeneuse devinrent vermeilles comme la rose. « Elle plia son genou blanc comme la neige, — et tout à côté de lui s’agenouilla, — puis elle le baisa doucement. — Le berger poussa un grand cri de joie. — Oh ! […] C’est que l’allégorie pousse au gigantesque. […] Au moment où l’art languit, la science pousse ; c’est à cela qu’aboutit tout le travail du siècle. […] S’il voit les mille raisons qui poussent dans un sens, il voit aussi les mille raisons qui poussent dans le sens contraire.
L’ombre gagnait les rochers héroïques d’Anglar, qui portent le Causse désert où poussent la lavande et le genévrier. […] Il s’écrie, par exemple : — Hasardons le paquet, poussons notre mérite, et faisons-nous admirer partout ! […] On sent, dans sa Panhypocrisiade, par exemple, une mauvaise fièvre qui pousse à vaticiner dans le vide. […] Or, c’est cette forme imparfaite qui fît pousser le cri d’enthousiasme. […] Le beau délire des shakespeariens de Paris avait poussé Voltaire à prendre parti contre le grand dramatiste anglais.
Il remarque que les pères ne doivent point être inflexibles et que souvent ils se repentent lorsqu’ils ont poussé leurs enfants au désespoir. […] Il ne pousse à bout aucun principe ; il les accepte tous, tels qu’on les trouve dans le domaine public, d’après leur bonté visible, ne tirant que leurs premières conséquences, évitant la puissante pression logique qui gâte tout, parce qu’elle exprime trop. […] « Constance, sachant que la nouvelle de son mariage pouvait seule avoir poussé son amant à de telles extrémités, ne voulait pas recevoir de consolations ; elle s’accusait elle-même à présent d’avoir si docilement prêté l’oreille à une proposition de mariage, et regardait son nouveau prétendant comme le meurtrier de Théodose ; bref, elle se résolut à souffrir les derniers effets de la colère de son père plutôt que de se soumettre à un mariage qui lui paraissait si plein de crime et d’horreur931. » Est-ce ainsi qu’on peint l’horreur et le crime ? […] Elles ne sont plus élues dans les clubs quand on nomme les belles dont on boit la santé ; elles sont obligées par leurs principes de se coller une mouche sur le côté du front où cela va le plus mal ; elles se condamnent à perdre les toilettes du jour de naissance ; il ne leur sert de rien qu’il y ait une armée et tant de jeunes gens porteurs de chapeaux à plumes ; elles sont forcées de vivre à la campagne et de nourrir leurs poulets, juste dans le temps où elles auraient pu se montrer à la cour et étaler une robe de brocart, si elles voulaient se bien conduire… Un homme est choqué de voir un beau sein soulevé par une rage politique qui est déplaisante même dans un sexe plus rude et plus âpre… Et cependant nous avons souvent le chagrin de voir un corset près d’être rompu par l’effort d’une colère séditieuse, et d’entendre les passions les plus viriles exprimées par les plus douces voix… » Mais, heureusement, ce chagrin est rare ; « là où croissent un grand nombre de fleurs, la terre de loin en semble couverte ; on est obligé d’avancer et d’entrer, avant de distinguer le petit nombre de mauvaises herbes qui ont poussé dans ce bel assemblage de couleurs. » Cette galanterie est trop posée ; on est un peu choqué de voir une femme touchée de si près par des mains si réfléchies. […] Il y avait des multitudes affairées à la poursuite de babioles qui brillaient et dansaient devant leurs yeux ; mais souvent, au moment où ils croyaient les saisir, le pied leur manquait, et ils étaient précipités… Je poussai un profond soupir, et le Génie, touché de compassion, me dit de regarder vers cet épais brouillard dans lequel le courant portait les diverses générations de mortels engloutis.
C’est par cette supériorité dans l’analyse des caractères, outre la tendresse de cœur qui lui était propre, et le goût du temps qui l’y poussait, que Racine a donné une si grande part aux femmes dans son théâtre. […] Je sais bien que, dans la pièce de Racine, les rêves d’Athalie se réalisent, et que Dieu ajoute à son châtiment l’horreur de voir en songe l’abîme où il la pousse ; mais il l’y pousse par ces passions qui ôtent le sens aux femmes, dans les pays où la loi de l’État leur donne la souveraine puissance sans leur donner la force d’en user. […] En un jour, en quelques heures, dans une action qui ne souffre pas de délai, Racine a marqué tous les pas de Néron dans la carrière du crime ; il l’a conduit des dernières contraintes de son éducation jusqu’à l’exécrable cruauté qui le poussera au parricide. […] Corneille n’est pas toujours maître de ce qu’il écrit ; il en fait un naïf aveu dans ces vers, d’une pièce à Mazarin : Certes, dans la chaleur que le ciel nous inspire, Nos vers disent souvent plus qu’ils ne pensent dire ; Et ce feu, qui sans nous pousse les plus heureux, Ne nous explique pas tout ce qu’il fait pour eux.
Cette doctrine distingue donc nettement les uns des autres les faits psychiques coexistants : « J’aurais pu m’abstenir de tuer, dit Stuart Mill, si mon aversion pour le crime et mes craintes de ses conséquences avaient été plus faibles que la tentation qui me poussait à le commettre 33. » Et un peu plus loin : « Son désir de faire le bien et son aversion pour le mal sont assez forts pour vaincre… tout autre désir ou toute autre aversion contraires 34. » Ainsi le désir, l’aversion, la crainte, la tentation sont présentés ici comme choses distinctes, et que rien n’empêche, dans le cas actuel, de nommer séparément. […] Il ne semble pas que les savants de notre temps aient poussé l’abstraction aussi loin, sauf peut-être sir William Thomson. […] Nulle part le mécanisme n’a été poussé plus loin que dans ce système, puisque la forme même des éléments ultimes de la matière y est ramenée à un mouvement. […] Il est naturel que nous poussions cette objectivation jusqu’au bout, et que nous fassions du phénomène A lui-même un état psychique où le phénomène B serait contenu sous forme de représentation confuse. […] Et, dans l’un et l’autre cas, nous ne faisons que pousser à l’extrême ou formuler avec plus de précision deux idées timides et confuses du sens commun.
Mais ne poussons pas notre critique à l’injuste. […] On y verra jusqu’où il pousse la hardiesse et le génie de la mystification. […] Il l’aurait pu certainement, et ses dehors mystiques semblaient l’y pousser. […] Je ne veux pas pousser le parallèle. […] Et l’auteur l’a décrite d’une plume si vive que les vertueux, les vertueux de surface, ont poussé des cris de vierge effarouchée.
Il est beau, il est consolant sans doute de voir, dans les mouvements des peuples, les inspirations de l’esprit de Dieu, et, dans le sentiment qui les pousse au bien-être, la marque infaillible et divine qu’ils l’atteindront ; il serait doux de penser que les obstacles apparents contre l’affranchissement des Hellènes n’en sont que des moyens dans l’ordre de la providence ; qu’Ali-Pacha, par exemple, a servi la Grèce en détruisant les Armatolikes et en renversant les peuplades libres ; que surtout les puissances d’Europe la servent par leur politique indifférente ou ennemie ; que la Russie la sert, que l’Autriche la sert, que la France et Soliman-bey aident à son triomphe : tout cela, encore une fois, serait doux à croire.