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406. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Vous ne savez pas qu’un paysage est plat ou sublime ; qu’un paysage où l’intelligence de la lumière n’est pas supérieure est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage faible de couleur, et par conséquent sans effet, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage qui ne dit rien à mon âme, qui n’est pas dans les détails de la plus grande force, d’une vérité surprenante, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage où les animaux et les autres figures sont maltraités, est un très-mauvais tableau, si le reste poussé au plus haut degré de perfection, ne rachète ces défauts ; qu’il faut y avoir égard pour la lumière, la couleur, les objets, les ciels, au moment du jour, au temps de la saison ; qu’il faut s’entendre à peindre des ciels, à charger ces ciels de nuages tantôt épais, tantôt légers ; à couvrir l’atmosphère de brouillards, à y perdre les objets, à teindre sa masse de la lumière du soleil ; à rendre tous les incidens de la nature, toutes les scènes champêtres, à susciter un orage, à inonder une campagne, à déraciner les arbres, à montrer la chaumière, le troupeau, et le berger entraînés par les eaux ; à imaginer les scènes de commisération analogues à ce ravage ; à montrer les pertes, les périls, les secours sous des formes intéressantes et pathétiques.

407. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Troisième journée. Tout s’explique » pp. 234-240

(Méry pousse un gémissement terrible.)

408. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Trygée pousse risiblement son escarbot dans le ciel ; et je ne louerai pas les mots sales et bas qu’il lui adresse en route. […] Peut-être ai-je à l’égard de Socrate poussé trop loin mes railleries, puisque ses ennemis en ont tiré des armes contre sa personne. […] — Mes acteurs seront conduits par des oiseaux, et d’autres seront oiseaux eux-mêmes. — Quoi, vous poussez le délire jusqu’à faire parler des bêtes sur la scène ? […] Ceux-ci ne craignirent pas de pousser le vicieux et le ridicule jusqu’à l’excès et jusqu’à l’extraordinaire. […] « — On ne poussa jamais plus loin la foi promise.

409. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

À leurs yeux, nous roulons sur une pente fatale où le hasard nous entre-choque ; et le destin intérieur qui nous pousse ne nous brise qu’après nous avoir aveuglés. […] C’est dans ces bas-fonds, sur ces fumiers, parmi ces dévergondages et ces violences, que poussa le génie dramatique, entre autres celui du premier, d’un des plus puissants, du vrai fondateur, Christopher Marlowe. […] C’est cette roideur et cette impétuosité des passions primitives qui ont fait la guerre des Deux Roses et pendant trente ans poussé les nobles sur les épées et vers les billots. […] Périgot trompé, poussé au désespoir, persuadé qu’elle est une débauchée, la frappe de son épée et la jette à terre, sanglante. […] « Quand son cœur fut arraché, il poussa un gros gémissement. » Exécution de Parry, Strype, III, 251.

410. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

On a aussi poussé à bout le principe de naturalisme et de physiologie, le rapport des lieux et des habitants ; on a fait les uns à l’image des autres ; on a montré et accusé le lien qui les unit jusqu’à le grossir et le forcer. […] Ses traductions sont faites avec des traductions latines ou allemandes : elles reproduisent les études telles qu’elles étaient entre 1815-1830 en Allemagne et dans le Nord. » Cette date représente en effet celle du voyage d’Ampère et de son érudition scandinave, à laquelle dès lors il mit le signet et qu’il ne poussa point plus avant. […] Il ne tenait qu’à Ampère, à partir de ce moment, de pousser son sillon dans cette voie nouvelle et d’y avancer parallèlement chez nous avec M. de Rougé. […] C’était un esprit de la meilleure trempe et qui était des plus faits pour marquer parmi ceux de sa génération ; des circonstance personnelles le poussèrent vers l’Orient, où il vécut nombre d’années. […] Cependant il me semble que si le livre d’Ampère était un peu prématuré, et certaines de ses assertions trop générales, l’auteur n’avait pas tort dans la tendance qui le poussait à constituer des lois.

411. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Dès que la France se déclare pour l’Amérique, il pense à quitter les drapeaux américains pour rejoindre ceux de son pays : « J’avais fait le projet, écrit-il au duc d’Ayen, aussitôt que la guerre se déclarerait, d’aller me ranger sous les étendards français ; j’y étais poussé par la crainte que l’ambition de quelque grade, ou l’amour de celui dont je jouis ici, ne parussent être les raisons qui m’avaient retenu. […] La Fayette partage et devance le mouvement irrésistible et confiant qui poussait la société d’alors vers une révolution universelle. […] Jeune et célèbre, déjà plein d’actions, chevaleresque parrain de treize républiques, il parcourait et étudiait l’Europe, les cours absolues, assistait aux revues et aux soupers du grand Frédéric, et, de retour en France, par ses liaisons, par ses propos, par son attitude à l’Assemblée des notables, poussait hardiment à des réformes, dont le seul mot, étonnement de la cour, électrisait le public, et que rien ne compromettait encore. […] Il exige de ses amis du dehors qu’on ne parle jamais pour lui, dans quelque occasion et pour quelque intérêt que ce soit, que d’une manière conforme à son caractère et à ses principes, et il ne craint pas de pousser jusqu’à l’excès ce que madame de Tessé appelle la faiblesse d’une grande passion. […] Il se refuse à rentrer par un biais dans les choses publiques : « Rien, écrit-il (octobre 1797) à un ami qui semblait l’y pousser, rien n’a été si public que ma vie, ma conduite, mes opinions, mes discours, mes écrits.

412. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Pour lui, à l’aspect des épis qui viennent de pousser à l’improviste, il pleure et commence par croire que Dieu les a semés tout exprès pour lui. […] Le roman pousse de toutes parts, et sous toutes les formes montre le même esprit. […] « Ils se sont liés les uns aux autres par un écrit signé, et engagés à pousser à bout leur entreprise en faveur de M.  […] et ils poussent en avant, en brutes qu’ils sont, aveuglément, serrant l’écrou de toutes leurs stupides mains réunies, ne voyant pas qu’à chaque tour ils rapprochent cette enfant de la folie, du déshonneur ou de la mort. […] Poussez à l’excès cette étude des particularités humaines, vous verrez naître le talent de Sterne.

413. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Si, par exemple, une porte est peinte sur un des panneaux, le spectateur sait bien que personne ne la poussera. […] Alors le chœur s’ébranle, entraîné par ce mouvement de poignante curiosité qui pousse les foules au-devant des spectacles tragiques. […] Produit de l’analyse, elle pousse les artistes dans la voie de l’analyse. […] On peut le croire, car elle pousse furieusement à l’envahissement de la scène par le réel, et elle n’y réussit que trop bien. […] Poussez la porte d’un établissement public quelconque, et dans la foule des êtres humains qui y sont réunis, que de drames et de comédies !

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