Cet homme, aussi capable de descendre que de monter, est maintenant réfugié à douze milles de Florence, dans la vallée reculée et pierreuse de San-Casciano, thébaïde de la Toscane ; il y possède pour tout bien une métairie et quelques champs d’oliviers, dont l’huile et les fruits nourrissent d’économie lui, sa femme, ses fils et ses filles, auxquelles il faudra trouver des dots sur les rognures de cette métairie. […] Chacun devrait tenir à utiliser un homme qui a acquis déjà, aux dépens des autres et de lui-même, l’expérience consommée qu’il possède. […] Il se déclare pour le principe des gouvernements héréditaires et légitimes, comme infiniment plus faciles à posséder et à régir innocemment que les autres pouvoirs. […] Les républiques grecques de la Campanie, comme Amalfi, Tarente, Salerne, Crotone, s’étaient fondues dans le royaume de Naples ; les Visconti régnaient à Milan ; Ferrare, Modène et Reggio étaient soumis à la maison d’Este ; Faënza, aux Manfredi ; Imola, aux Alidosi ; Rimini et Pesaro, aux Malatesti ; la Lombardie, moitié aux Vénitiens, moitié aux ducs de Milan ; Mantoue, à la maison de Gonzague ; les Florentins ne possédaient que les vallées de l’Arno ; Pise, Lucques et Sienne florissaient en républiques. […] L’Italie ne se doutait pas que des gorges de la Savoie, domaine sauvage des peuplades allobroges, sortirait une puissance envahissante, militaire et politique, qui aspirerait, quelques siècles plus tard, à concentrer et à posséder l’héritage de Rome dans la main d’un roi des Alpes héritier des barbares dont Rome ne savait même pas le nom.
Chacun voulait, en effet, posséder un exemplaire complet. […] Cette tradition est si loin d’avoir été épuisée par les évangiles que les Actes des apôtres et les Pères les plus anciens citent plusieurs paroles de Jésus qui paraissent authentiques et qui ne se trouvent pas dans les évangiles que nous possédons. […] Elle avait, notamment sur les séjours de Jésus à Jérusalem, des données que les autres ne possédaient pas. […] La personne qui s’est donné la tâche de faire avec l’histoire évangélique une composition régulière, possède à cet égard une excellente pierre de touche. […] Mais il faut avouer que, dans l’état où ils nous sont arrivés, ces évangiles sont inférieurs, pour l’autorité critique, à la rédaction de l’évangile de Matthieu que nous possédons.
A partir d’elle on a commencé à posséder comme un droit ce qui n’était guère auparavant qu’une audace et une usurpation. […] Pline le Jeune a coutume, dans l’éloge qu’il fait de certains écrivains, d’unir ensemble, comme se tenant étroitement entre elles, deux qualités, vis, amaritudo , cette vigueur qui naît et se trempe d’une secrète amertume ; Mlle Delaunay (on peut citer du latin en parlant de celle qui faillit devenir Mme Dacier) possédait cette vigueur-là. […] A quoi bon m’aller inquiéter de Grimm et de ses à-peu-près, lorsque, dans les volumes de la plus délicate et de la plus délicieuse littérature qu’ait jamais produite la Critique française, nous possédons le jugement et la définition qu’a donnée M.
Leconte de Lisle, Heredia, Coppée, Dierx, Mendès, Mallarmé possédaient de la prosodie tous les tours, et au besoin les tours de force. […] Mallarmé, ne comporte pas ces unités partielles ; elle ne possède qu’une unité d’ensemble, elle est à unité simple. […] Mais sa curiosité émue s’attachait des mois à pénétrer une époque, une civilisation, un monde, à voir les paysages, à lire les chroniques, avant que sa verve poétique se plût à formuler en quatorze vers un moment d’histoire enfin possédé.
Il est curieux de remarquer que la phrase un peu méprisante de Pascal : « J’admire avec quelle hardiesse, etc. », avait d’abord été imprimée dans la première édition de ses Pensées, et la Bibliothèque nationale possède depuis peu un exemplaire unique, daté de 1669, où on lit textuellement cette phrase (page 150). […] Il faut citer ce passage d’une souveraine beauté : Qui voit Pythagore ravi d’avoir trouvé les carrés des côtés d’un certain triangle, avec le carré de sa base, sacrifier une hécatombe en actions de grâces ; qui voit Archimède attentif à quelque nouvelle découverte, en oublier le boire et le manger ; qui voit Platon célébrer la félicité de ceux qui contemplent le beau et le bon, premièrement dans les arts, secondement dans la nature, et enfin dans leur source et dans leur principe, qui est Dieu ; qui voit Aristote louer ces heureux moments où l’âme n’est possédée que de l’intelligence de la vérité, et juger une telle vie seule digne d’être éternelle, et d’être la vie de Dieu ; mais (surtout) qui voit les saints tellement ravis de ce divin exercice de connaître, d’aimer et de louer Dieu, qu’ils ne le quittent jamais, et qu’ils éteignent, pour le continuer durant tout le cours de leur vie, tous les désirs sensuels : qui voit, dis-je, toutes ces choses, reconnaît dans les opérations intellectuelles un principe et un exercice de vie éternellement heureuse. […] — Tu ne me chercherais pas, si tu ne me possédais ; ne t’inquiète donc pas.
Or, le devoir de ceux qui possèdent la tradition nationale est de s’opposer à la décadence d’un sentiment vital entre tous, car l’amour de la patrie ne se borne pas à la tutelle du sol : il doit encore comprendre le zèle intelligent, l’orgueil raisonné de ces chefs-d’œuvre qui, de siècle en siècle, ont fait resplendir la pensée française comme une flamme sur les hauteurs. […] Assurons-nous qu’elle possède toutes ces qualités en y ajoutant ses dons spéciaux. […] Mieux que personne il eût pu vous dire que, dès la fin du moyen âge et pendant les préludes de la Renaissance, des rythmes ingénieux étaient déjà trouvés et employés, que nous possédions la ballade de Villon, le rondel de Charles d’Orléans, le virelai d’Eustache Deschamps, le cantique de Jean Marot, le chant royal et le dizain de Clément Marot, le huitain de Mellin de Saint-Gelais.
Et, se sentant seul à posséder cet empire, il semble se taire avec connaissance. […] Je possède tout sous mes mains ! […] À mesure qu’elle monte, elle rend celui qu’elle possède de plus en plus solitaire. […] Elle est possédée par la pensée du péché ; elle s’accuse profondément ; elle prie afin d’être pardonnée. […] De là cette joie terrible dont il est possédé et qui fait que s’écartent de lui tous les gens blessés.
L’Alexandrin peut être, il est vrai, un vers excellent : délivré de ses entraves, il s’accommode fort au récit et au dialogue dramatique, mais, en principe, il ne possède aucune supériorité rythmique ou autre sur les vers de mètres différents. […] Ou bien, supposant que tu seras un agréable valet, ils te poliront, ils te ponceront, ils te châtreront, ils te feront donner de l’Éducation. — Dans ce cas, tu es perdu : tu deviendras l’amuseur du Prêtre et du Mage, du Roi et de la Reine, du Capitaine des Gardes et du Trésorier, du Grand Juge et du Propriétaire… c’est-à-dire la chose du Menteur et du Niais, du Soudard et du Voleur, du Prévaricateur et du Satisfait « Si par ta propre Volonté — car tu possèdes la volonté — tu échappes à la cave et à l’Éducation, tu te réfugieras dans le monde des poètes.