de l’élément même qui la fit la première fois, du cœur et du sang de l’homme, des libres mouvements de l’âme qui ont remué ces pierres, et sous ces masses où l’autorité pèse impérieusement sur nous, je montrai quelque chose de plus ancien, de plus vivant, qui nia l’autorité même, je veux dire la liberté… » J'ai suivi la même marche, porté la même préoccupation des causes morales, du libre génie humain dans la littérature, dans le droit, dans toutes les formes de l’activité. […] … et moi je ne vis que l’âme… » Je n’eus jamais un sentiment plus religieux de ma mission que dans ce cours de deux années ; jamais je ne compris mieux le sacerdoce, le pontificat de l’histoire ; je portais tout ce passé, comme j’aurais porté les cendres de mon père ou de mon fils… » Et tout cela pour dire qu’il ne méritait pas l’outrage ; non, mais il méritait le sourire.
L’effet de douleur que lui causa la mort de Louis XVI fut le premier coup porté à cette sensibilité profonde ; la mort de M. de Kersaint suivit de près25. […] Mme de Duras fut ramenée en 1813 et comme fixée davantage à Paris par le mariage de sa fille aînée, mariage qui l’occupait beaucoup ; car elle portait l’entraînement jusque dans les maternelles tendresses. […] Son âme avait gardé une fraîcheur de sensibilité, une pureté de passion qu’elle portait dans tout ; elle accrut cette constante ardeur en présence de la maladie et des souffrances, elle s’appliqua à les subir, elle les voulut, elle les aima. […] Une de ses pensées habituelles était que, pour ceux qui ont subi jeunes la Terreur, le bel âge a été flétri, qu’il n’y a pas eu de jeunesse, et qu’ils porteront jusqu’au tombeau cette mélancolie première. […] Une personne du même monde que Mme de Duras, et qui portait l’esprit de justesse jusqu’à la rigueur, Mme de Boigne, disait : « Mme de Duras a aimé son mari, puis M. d’Angosse, puis M. de Chateaubriand.
Le devoir est le seul poids qui donne à l’homme la force de le porter. […] Sans doute, parmi ces cardinaux, cités par Voltaire, il en fut plusieurs qui oublièrent trop la robe qu’ils avaient l’honneur de porter. […] C’est la même gravité monacale, la même indifférence de tout, excepté de l’autorité et de la justice, la même prudence supérieure, et, dans la manière de gouverner comme dans la manière de porter sa robe, la même rigidité dans l’ampleur, investi d’une plus longue faveur, Ximénès monta lentement tous les degrés de sa fortune, s’asseyant à chaque marche de son élévation dans cette attitude monumentale qui n’eut sa véritable perspective que quand il fut arrivé au faite. […] À la Rochelle, Richelieu montait un cheval fougueux ; il portait, tout malade qu’il fût, une cuirasse d’acier et une écharpe feuille-morte, mais en Afrique, commandant aussi à des soldats, Ximénès allait sur une mule et ne tenait que son crucifix à la main. […] » — Richelieu saisit aussitôt le bougeoir que portait un page, et, précédant le roi : « Sire, — répondit-il avec l’aplomb d’un homme invulnérable, — je ne puis marcher devant Votre Majesté qu’en remplissant les fonctions de ses moindres serviteurs. » Ximénès, le sévère Ximénès, n’avait rien de ce sang-froid et de cette souplesse dans la flatterie, de ce respect qui caressait en se courbant.
J’ai dominé la foule, — et le peuple en guenilles À voulu dans ses bras me porter triomphant ! Mais tout cela, mon père, a fatigué mon âme Sans l’user, — tout cela, amour, jeunesse et femme, La gloire du Sénat, celle des bataillons, Et le peuple en drap d’or, et le peuple en haillons, Tout cela m’a bientôt paru fortune aride ; En le voyant de près, j’en ai trouvé le vide, Et, déchirant ma robe au fer de mes talons, J’ai porté mes regards vers de plus hauts jalons ! […] Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger : Une Vierge de Galilée Du nom de Marie appelée En ses deux lianes vous portera, Et dans une étable naîtra Le roi de la sphère étoilée ! […] Il naîtra sur un lit de chaume, Et celle qui l’aura porté, Ce roi du céleste royaume, Gardera sa virginité ; Car à travers sa chaste mère Passera l’enfant radieux, Trait raphaëlesque ! […] Il doit porter en lui leur accent spontané et profond auquel il doit joindre l’expression du poète de langue et de société avancée.
Aussi une voix (celle de la veuve du poète allemand) s’éleva-t-elle contre cette Correspondance indûment publiée, qui déshonorait ou du moins qui n’honorait pas assez la mémoire de l’homme dont elle portait le nom. […] Quelquefois (il a été kantien, hégélien, spinosiste), quelquefois il a porté, d’admiration, un philosophe sur son dos, comme le dauphin, de méprise, y portait un singe. […] Elle ne lui pèse plus, ni à vous non plus qui le lisez, et véritablement il rappelle ces femmes qui ressemblent presque à des magies encore plus qu’à des magiciennes, et qui, malades de ces maladies nerveuses et mystérieuses comme l’utérus dont elles sont sorties, lèvent une table de marbre de l’extrémité de leurs doigts tournés en fuseau et la portent comme une corbeille de fleurs ! […] pas, en Angleterre, le mol Tennyson, le lauréat de la reine, le poète des élégances et des convenances anglaises, tout camélia blanc et rose thé, très digne d’écrire, comme un chinois, ses vers sur de la soie ou de la porcelaine, qui pourrait remplacer dans les imaginations le fantaisiste passionné d’Atta Troll, de La Mer du Nord, des Romanceros, du Livre de Lazare, le plus tendre, le plus rêveur, le plus blessé, le plus rieur des hommes, malgré ses blessures, et qui, comme les Douglas d’Écosse, mériterait de porter ce beau surnom : Au Cœur sanglant !
Tout l’effort de ses actives années porta sur ce point, et il crut un moment, dans son orgueil de jeunesse, y avoir réussi. Il y eut une époque où, se croyant sûr de lui et de sa science nouvelle, il ne craignit pas à son tour de porter l’attaque dans les croyances d’autrui et de les battre en brèche, afin d’y substituer ce qu’il estimait plus raisonnable et mieux démontré. […] Jouffroy n’avait rien de cette activité extérieure, et toute la sienne se portait sur le fond même des questions morales et purement philosophiques qui faisaient son charme et son tourment. […] Cousin, Jouffroy et Damiron sont bien de la même philosophie : seulement chacun y a porté son humeur et son tempérament : M. […] Mignet a l’esprit naturellement peu porté à la métaphysique ; il la jugeait viande creuse dans sa jeunesse, et aujourd’hui il l’accepte volontiers toute faite de la main de ses amis.
Si vous les portez comme il faut, ils seront solides et neufs toute votre vie ; de plus ils croîtront en même temps que votre corps de manière à vous aller toujours bien. […] En outre, ils ne les portaient pas dans le sens interdit par leur père, etc., etc. […] Les Tories étaient portés au pouvoir par la reine et par l’opinion, et Swift allait leur tendre la main, malgré les efforts de ses anciens amis. […] On avait, disait ce rapport, engagé le Parlement d’Irlande et en général les opposants au privilège de Wood, à porter devant le comité leurs arguments et leurs griefs. […] Jusqu’au bout, enfin, il s’indigna des atteintes portées par le Parlement d’Irlande aux intérêts de l’Église, et une série de pièces satiriques atteste son inutile ressentiment.
Jusque dans ses traits M. de Chateaubriand portait cet illustre combat de sa destinée contre elle-même : il y avait dans sa tête la majesté pensive de la foi, les rayons de la gloire et ceux de la solitude, mais non pas toute la paix du chrétien qui depuis longtemps s’est assis au Calvaire en face de la Croix. […] Ce sont de vraies lettres ; elles en portent le cachet : elles sont vives et courtes pour la plupart ; on y sent l’homme pressé qui n’a qu’une demi-heure à lui et qui en profite. […] Ce n’est pas précisément qu’un ecclésiastique ne puisse se tenir convenablement sur un cheval ; mais porteriez-vous un habit écarlate avec des franges d’or, supposé que ce fût encore la mode en France ? […] Quand M. de Rancé se convertit à Dieu, il vendit ses chevaux, ses voitures, quitta les habits magnifiques qu’il avait coutume de porter, et il enveloppa de deuil un corps qu’il avait longtemps consacré au péché. […] c’est ce qu’il y a de plus fatal à la vérité ; et qu’il est difficile de n’y pas céder et succomber quand on y est porté par le courant même de sa nature d’artiste et par toutes les voiles du talent, quand il y a comme une harmonie préétablie entre les sujets qui nous tentent et nos cordes secrètes !