C’est ainsi que nous faisons de la sociologie pratique et que notre besogne aide aux sciences politiques et économiques. […] La politique est là, hurlante, dévorante, réduisant les lettres à un rôle de mouton bêlant, le mouton de l’idéal, savonné et attifé de rubans bleus. […] Regardez, d’ailleurs, dans l’ordre politique, il n’y a pas de mouvement sans excès ; chaque pas, dans une société, est marqué par des luttes et des effondrements. […] De même pour l’économiste, de même pour l’homme politique. […] Il agit dans la société, dans les sciences, dans les lettres et les arts, dans la politique.
Pour être un homme supérieur en affaires, — a dit Chateaubriand, — il ne s’agit pas d’acquérir des facultés, il ne s’agit que d’en perdre ; — et entendait parler des affaires politiques. […] Il lança même, à ce qu’il paraît, quand Bonaparte revint de l’île d’Elbe, plusieurs pamphlets politiques qui se perdirent dans la fusillade des brochures de cette époque, comme quelques grenades de plus. […] « Cette médaille, dit Audin, suffirait pour démontrer que le crime de la Saint-Barthélemy fut un crime tout politique », et c’est sur ces deux faits de si peu d’épaisseur qu’il appuie sa thèse historique. […] Ne savons-nous pas que, pour les chefs politiques comme pour les chefs de guerre, la gloire est la même, et que cette gloire est de résister longtemps ? […] En 1848, la fortune d’Audin, gagnée à la sueur de son noble front, fut fortement endommagée par les événements politiques ; mais le chrétien sourit à une perte qui d’ailleurs ne fermait pas sa main à la charité.
Y a-t-il des sciences politiques ? […] Ceci est le dessin général de l’échiquier politique. […] Il n’y a que trois cours d’économie politique à Paris, et je ne sais pas s’il y en a d’autres en France. […] Voilà déjà un indice d’après lequel on peut apprécier leur intelligence politique. […] En cela il est unique : rien de plus rare en tout temps, et surtout en ce temps-là, que la compétence politique, et, par un singulier concours de circonstances, Mallet, en politique, était compétent.
Or, il n’aimait pas les femmes savantes, les femmes politiques, les femmes philosophes. […] « Une seule chose m’embarrasse dans votre politique. […] La politique de Bonaparte était là : tenir en échec les uns par les autres. […] Si ce fut par pressentiment de sa fortune politique, bien lui en prit. […] La défaveur cessant, il resta un refroidissement au moins politique, et ce lut un arrêt définitif de fortune.
Apollon soutient en même temps le droit sacré du prince, qui est l’auguste tête de la société politique. […] Il ne tient pas ses comptes, il ne se mêle pas de politique, il est oisif, indécis et amoureux. […] Là, il ne cache pas ses vues politiques, les événements et les situations du jour. […] Dans une pareille organisation politique, nous ne trouvons pas l’indépendance individuelle que l’art exige pour ses personnages. […] La guerre et la paix sont déterminées par des relations politiques, qui échappent à leur direction et à leur pouvoir personnel.
Cette tourbe néfaste, personnification de l’esprit catholique du temps, ne prétendait à rien moins qu’à diriger la politique française ; l’objet de ses désirs, c’était avant tout l’extermination du parti de la Réforme en France. […] Durant la honteuse régence de Marie de Médicis, le clergé, Rome, l’épiscopat reprirent le terrain perdu sous Henri IV ; les jésuites et le « parti dévot » dirigèrent la politique de la cour. […] Oublierez-vous qu’il fut un philosophe, un politique, un historien, un polémiste, un savant, un écrivain et un orateur de premier ordre ? […] Bossuet philosophe, politique, historien, polémiste, savant, écrivain, orateur… Je demande la permission d’examiner en détail ces faces différentes de son génie. […] Le politique… « … Ses théories sont telles, sur ce point, (l’organisation des sociétés humaines), ajoute le même auteur, que les civilisations asiatiques devraient être regardées comme un idéal en fait de politique et de gouvernement.
Obligé, d’après les conditions universitaires, d’obtenir le grade de docteur-ès-lettres, Charles Labitte prit pour sujet de thèse une période fameuse de notre histoire politique, ou du moins un point de vue dominant dans cette période, et qui s’étendit aussitôt sous sa plume jusqu’à former le volume intitulé De la Démocratie chez les Prédicateurs de la Ligue (1841). […] La conclusion de Charles Labitte ne diffère donc en rien de la solution pratique qui a prévalu, de celle de la Satyre Ménippée et des honnêtes gens d’alors, parlementaires et bourgeois ; il donne franchement dans cette religion politique des L’Hospital et des Pithou, qu’on peut bien se lasser à la longue de trouver toujours juste comme Aristide, mais qui n’en reste pas moins juste pour cela. Je veux citer le passage excellent où il la définit le mieux : « Cette sage honnêteté, dit-il229, cette modération dont les politiques se piquaient, remontait jusqu’à Érasme, mais à Érasme modifié par L’Hospital. […] L’histoire politique n’aurait pas seule à profiter de cette publication ; ce serait la meilleure pièce justificative de la Satyre Ménippée. » Mais le recueil des Procès-verbaux ne répondit pas, du moins dans la pensée de l’éditeur, à cette dernière promesse. […] La beauté dans l’art, la moralité en politique, l’idéalisme en philosophie, l’affection au foyer…, il n’y a rien après.
Un traité de politique devient un Songe du Vergier ; un livre de tactique s’intitule l’Arbre des batailles 98 ; et qui se douterait que ce pédantesque titre, le roi Modus et la reine Racio, cache un manuel de vénerie ? […] Du commandement du roi, Oresme traduisit (sur le latin, car il n’y a presque personne encore qui sache le grec107), l’Éthique, la Politique, le Traité du Cid et du Monde d’Aristote. […] La politique propre d’Oresme tient en ce seul mot : le roi serviteur de l’État ; et cela suffit à prouver, en dépit de tous les contresens qu’il a pu faire dans ses traductions, que pour l’essentiel il a bien lu Aristote. […] Le fait caractéristique, et du reste tout naturel, dans l’histoire des origines de l’éloquence française, c’est la prédominance du genre religieux sur le genre politique et judiciaire. […] Vivat rex, vivat pax, ces deux textes de deux discours qu’il adressa au roi Charles VI et qui firent une impression profonde, résument toute la pensée politique de Gerson.