Littérature, histoire, philosophie, politique, quel est le nom qui résume vraiment notre époque ? […] Le culte des ancêtres n’est pas moins un principe conservateur dans la littérature que dans la politique. Dans la politique, malheur aux révolutions qui veulent refaire tout à neuf ! […] En Angleterre toute fête est un banquet, tout banquet une réunion politique, toute table où l’on dîne une tribune aux harangues. […] C’est ainsi que la princesse Quintilia passait, avec son secrétaire, le temps qu’elle ne donnait pas à la politique.
Une autre race de guerriers, que personnifie le nom de Catinat, ou, si l’on veut, de Vauban, est celle des militaires qui joignent aux qualités de leur profession des mérites presque contradictoires de penseurs, de philosophes, de raisonneurs ; ils jugent, ils ont des idées politiques, des vertus civiles ; une capacité de plus les complète, mais parfois aussi les complique ; ils y perdent un peu en relief s’ils y gagnent en profondeur. […] En traversant le midi de la France, il y rencontre la réaction dans tout son feu : Les terroristes et les thermidoriens se disputaient le pouvoir ; les royalistes, malgré la paix de Bâle et les désastres de Quiberon, conservaient leurs espérances ; chaque parti se plaignait de l’armée parce qu’elle restait étrangère aux passions et aux intérêts de tous ; elle commençait à jouer son rôle : elle restait froide au milieu de ce brouhaha politique. […] La troupe ne voulut pas entendre la lecture de l’acte constitutionnel, fiction politique dans un bivouac ; elle demanda avec force du pain et des souliers. […] Les soldats faisaient aussi de la politique par leur contenance ; rentrés au quartier, ils riaient de cette comédie. […] Un jour, après le départ de Bonaparte et la mort de Kléber, et quand Menou était général en chef, celui-ci, qui recherchait toutes les occasions de s’entretenir avec les officiers des différents corps, et qui voulait trancher du Machiavel et du grand politique sans en avoir l’étoffe, se promenait avec le capitaine Pelleport sur l’une des places du Caire.
Il n’a fait qu’une seule caricature politique dans toute sa vie, contre Charles X, le Ballon perdu, en 1830, et il se la reproche encore ; il voudrait l’effacer. Cet artiste, qui a tant contribué au succès des journaux politiques les plus armés en guerre et les plus acharnés à la démonétisation des masques royaux, ce fin railleur a l’aversion et la haine de la politique, et n’y a jamais trempé : « Ces erreurs-là, dit-il, ne sont pas des miennes ; elles ont trop de fiel et trop peu de sincérité. » — « Ce peuple insensé, dit-il encore, en parlant d’une de nos révolutions, avait poussé la question du progrès jusqu’au coup de fusil. » Il est donc trop philosophe pour être politique, de même qu’il est foncièrement trop élégant pour être caricaturiste. […] Ni la politique, — orateurs et avocats politiques, — ni la chicane et la basoche, à côté de Daumier ; ni le militaire et le troupier après Horace Vernet et Charlet, et à côté de Raffet ; mais à Gavarni l’ordre civil et moral, régulier ou irrégulier dans tous les genres, la femme et tout ce qui s’ensuit, à tous les degrés et à tous les âges. — Il a repris le bourgeois après Henri Monnier, créateur du type ; mais au célèbre acteur-auteur il laisse presque exclusivement les abîmes et les bas-fonds d’où l’éloigne et le rejette toujours cette même naturelle et instinctive élégance. […] On y voit, et je l’ai déjà dit, ce qu’il pense de la politique ; on n’y voit pas moins ce qu’il pense de cette philosophie essentiellement idéale et illusoire qui, sans tenir compte de la pratique humaine et de l’expérience, prétend que « le beau n’est que la forme du bon. » Et il a même, à ce sujet, une manière de parabole ou d’apologue assez remarquable. […] Dans une lettre à Forgues sur les Petites miser es de la vie humaine qui ne put être insérée qu’en partie au National 32 à cause du trop d’irrévérence en politique, il y a une page des plus vraies et des plus touchantes d’humanité et de sentiment d’égalité, que je citerai peut-être un autre jour.
Il y écrivit une foule de vers politiques et d’articles critiques qui n’ont jamais été reproduits et qu’il est difficile aujourd’hui de reconnaître sous les initiales diverses et les noms empruntés dont les signait l’auteur. […] Victor avait cessé de le voir depuis quelques années, à cause de la profonde division de leurs sentiments politiques. […] Ses opinions politiques et religieuses ont subi quelque transformation avec l’âge et la leçon des événements ; ses idées de poésie et d’art se sont de jour en jour étendues et affermies. […] La révolution de Juillet le trouva donc libre, sans obligation politique, ayant donné des gages au pays, prêt à lui en donner encore. […] Et puis la dissolution de la coterie arriva assez vite par l’effet d’un contre-coup politique.
Mais voilà qu’en littérature, comme en politique, à mesure que les causes extérieures de perturbation ont cessé, les symptômes intérieurs et de désorganisation profonde se sent mieux laissé voir. […] A côté de quelques vrais monuments, on produisait une foule d’ouvrages plus ou moins secondaires, surtout politiques, historiques. […] Depuis la Restauration et au moment où elle a croulé, ces idées morales et politiques se sont, chez la plupart, subitement abattues ; le drapeau a cessé de flotter sur toute une cargaison d’ouvrages qu’il honorait et dont il couvrait, comme on dit, la marchandise. […] Jamais on n’a mieux senti, au sein de la littérature usuelle et de la critique active, le manque de tant d’écrivains spirituels, instruits, consciencieux, qui avaient pris un si beau rôle dans les dernières années de la Restauration, et qui, au moment de la révolution de Juillet, en passant brusquement à la politique, ont fait véritablement défection à la littérature. […] Leur brusque retraite a fait lacune, et, par cet entier déplacement de forces, il y a eu, on peut l’affirmer, solution de continuité en littérature plus qu’en politique entre le régime d’après Juillet et le régime d’auparavant.
La philosophie de Voltaire est toute pratique, il poursuit la politique des résultats, il vise à convertir. […] Pareillement Voltaire n’explique pas sa politique par principes généraux ni raisonnements complets. […] Il n’a pas eu de grandes vues politiques ; il n’a pas approfondi l’origine des sociétés, la théorie des pouvoirs publics, les principes du droit et des lois. […] En fait, sa philosophie est absolument matérialiste ; sa morale, sa politique, son économie politique, tous ses désirs de réformes et d’améliorations sociales sont d’un homme qui borne ses pensées à la vie présente. […] Article paru dans le Journal de politique et de littérature, t.
Et l’on aura compris que ces procédés de synthèse, l’agrégation qu’ils opèrent entre le grand artiste et ses admirateurs, le but auquel ils tendent de décrire les périodes et les nations par l’assemblage de groupes caractérisés en leur premier auteur, conduisent à imaginer en général pour l’histoire entière, politique, religieuse et militaire, une théorie nouvelle et moyenne entre celles qui ont cours dans ce siècle. […] Le problème de la connaissance, le problème cosmologique, le problème anthropologique, l’origine de la morale et de la religion dû au pasteur, théologien et homme politique Edmond de Pressensé (1824-1892), publié chez Fischbacher en 1883 (p. 335-340). […] Bien évidemment, en ces temps où se développent marxisme et socialisme, les choix politiques orientent une telle lecture du rôle des « masses » dans l’histoire. […] Tarde ne dit pas autre chose, en privilégiant les chefs politiques et militaires sur les artistes toutefois, dès lors que la théorie du grand homme s’appuie sur celle de la suggestion universelle : « combien de grands hommes, de Ramsès à Alexandre, d’Alexandre à Mahomet, de Mahomet à Napoléon, ont ainsi polarisé l’âme de leur peuple ! […] Cette thèse a des accents rousseauistes : le progrès des sciences et des arts accompagne la décadence politique et morale.
Depuis la révolution de février, je n’ai vu qu’une seule caricature dont la férocité me rappelât le temps des grandes fureurs politiques ; car tous les plaidoyers politiques étalés aux carreaux, lors de la grande élection présidentielle, n’offraient que des choses pâles au prix des produits de l’époque dont je viens de parler. […] Ce fut aussi à cette époque que Daumier entreprit une galerie satirique de portraits de personnages politiques. […] Le ciel parisien, fidèle à son habitude ironique dans les grands fléaux et les grands remue-ménages politiques, le ciel est splendide ; il est blanc, incandescent d’ardeur. […] La grande guerre politique s’était un peu calmée. […] La caricature, dès lors, prit une allure nouvelle, elle ne fut plus spécialement politique.