En Allemagne, Goethe meurt le dernier de son siècle, après avoir vu passer presque tous les poètes nés avec lui ou de lui ; une ère différente, une ère de politique et de pratique sociale s’inaugure, et elle cherche encore ses hommes. En Angleterre, les grands poètes sont également morts ou en train de se taire : Crabbe, Shelley, Byron, Walter Scott s’en sont allés. […] Écrivain, poëte, conteur avant tout, il a obéi, dans le cours de sa longue et laborieuse carrière, à une vocation facile, féconde, indépendante des questions flagrantes, étrangère aux luttes du présent, amoureuse des siècles passés, dont il fréquentait les ruines, dont il évoquait les ombres, y recherchant toute tradition pour la raviver et la rajeunir. […] Né à Édimbourg, le 15 août 1771, d’un père, homme de loi (writer of the signet), et d’une mère un peu poëte, à laquelle surtout il paraît avoir dû ses brillantes qualités, qualités naturelles, le jeune Scott fut destiné de bonne heure à l’étude du droit et au barreau.
Même le poète nous dit qu’il est de bonne famille et que ses parents ont du bien. […] Elles pénètrent mieux en moi que les plus tendres élégies des poètes. […] Et, pour en revenir à Séverin Malapert, si la vie eût été plus large dans la petite maison de l’ancien agent voyer, il n’eût pas eu tant de plaisir à gagner, près du grenier, « la petite pièce, donnant sur les vignes, qui lui servait de dortoir et de cabinet de travail », et là, à relire ses poètes favoris et à rêver tout son soûl. […] Theuriet, qui est en effet, ne vous y trompez pas, un poète virgilien.
Auguste Le Prévost, l’antiquaire normand, était, ainsi que son compatriote l’aimable poète Ulric Guttinguer, des plus anciens amis littéraires de Hugo, des amis qui dataient de 1824 environ, qui s’étaient ralliés à lui pour tant de belles odes et de jolies ballades, pour ses inspirations du Moyen-Age et du gothique, pour ses colères et anathèmes contre la Bande noire, etc. […] Ulric Guttinguer, un jour qu’il était allé chez Hugo, Place-Royale, fut très choqué de la distraction qu’il crut trouver à son égard chez le grand poète, et de l’attention marquée qu’on témoignait au contraire à ces nouveaux poètes barbus, à ces artistes à tous crins.
Caro Au moins dans la forme d’un sentiment, sinon d’une doctrine, cette philosophie du désespoir a troublé, dans ces dernières années, plus d’une âme qui a cru se reconnaître dans l’accent amer, hautain, d’un poète de grand talent, l’auteur des Poésies philosophiques . […] [Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).] […] [Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1889).]
Lucien Muhlfeld Le bon poète, notre ami Ferdinand Hérold, n’abandonne pas l’artificiel des moyens âges. […] Ferdinand Hérold n’est pas de la lignée de ces poètes français qui, André Chénier jadis, Henri de Régnier maintenant, recherchent avant tout le mot précis, l’épithète nouvelle, les accouplements imprévus. […] Hérold est l’un des plus objectifs parmi les poètes nouveaux ; il ne se raconte guère lui-même ; il lui faut des thèmes étrangers à sa vie, et il en choisit même qui semblent étrangers à ses croyances ; ses reines n’en sont pas moins belles ni ses saintes moins pures.
COLARDEAU, [Julien] Procureur du Roi à Fontenai-le-Comte en Poitou, mort en 1641 ; Poëte qui ne mérite point assurément l’obscurité où il est aujourd’hui. […] Qui ne sentira la beauté de ce morceau, où le Poëte, d’après un des tableaux de l’antichambre du Cardinal de Richelieu, peint la Vérité que le Temps découvre ! […] S’il est de la même force que celui dont nous venons de parler, on ne peut trop répéter que ce Poëte a droit de se plaindre de l’oubli général où ses Ouvrages sont ensevelis.
Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action Un poëme épique étant l’ouvrage le plus difficile que la poësie françoise puisse entreprendre, à cause des raisons que nous exposerons en parlant du genie de notre langue et de la mesure de nos vers, il importeroit beaucoup au poëte qui oseroit en composer un, de choisir un sujet où l’interêt general se trouvât réuni avec l’interêt general se trouvât réuni avec l’interêt particulier. […] Que le poëte choisisse donc son sujet en des tems qui soient à une distance convenable de son siecle, c’est-à-dire en des tems que nous n’aïons pas encore perdus de vûë, et qui soïent cependant assez éloignez de nous pour qu’il puisse donner aux caracteres la noblesse necessaire sans qu’elle soit exposée à être démentie par une tradition encore trop recente et trop commune. […] Quelles peintures ce poëte n’auroit-il pas faites des effets de la poudre à canon dans les differentes operations de guerre dont elle est le ressort.
Il y connut tout ce qui illustrait alors l’Allemagne dans les lettres ; il commença lui-même à s’y faire connaître comme un jeune écrivain et comme un futur poète d’un immense avenir. […] La Corinne de Mme de Staël, le René de M. de Chateaubriand, le Lara de lord Byron, les mélancolies de nos propres poésies françaises depuis André Chénier jusqu’à nos poètes d’aujourd’hui, à l’exception de Béranger et de M. de Musset, poètes de réaction et d’ironie contre le sérieux des âmes, toutes ces œuvres sont de la famille de Werther. […] Goethe n’était pas retenu par ce scrupule, parce qu’il était mille fois plus poète que nous et mille fois moins respectueux envers l’œuvre divine, dont les imperfections apparentes sont d’ineffables perfections. […] Hugo est un poète, ceux-là sont des rimeurs. […] Elles sont les plus beaux éclairs de paroles qui entrouvrent aux regards l’âme mystérieuse du grand poète.