Chimène plaît parce qu’elle fait ce qu’elle ne doit pas, et parce qu’elle ne fait pas ce qu’elle doit. […] La bénédiction nuptiale lui plairait mieux que le baptême ; elle n’a de religion tout juste que ce qu’il en faut pour enflammer son amour par l’obstacle qui s’y oppose. […] Le déshabillé de Corneille et de Bossuet plaît davantage que la toilette d’un auteur musqué, dont tout le mérite est dans les mots. […] Corneille voulait plaire, et ne pouvait y réussir sans le suffrage des femmes. […] Il n’a pas même de confident, parce qu’il n’a point de secrets : il sait bien dire en face à ses ennemis ce qu’il pense d’eux : cet admirable caractère plut beaucoup dans la nouveauté, et s’il ne plaisait pas aujourd’hui, ce serait la faute ou de l’acteur ou des spectateurs.
« ARRÊTÉ. » Et voici ce qu’il avait écrit déjà, en 1832, à propos de la mort de son père, dans un de ces articles, nécrologiques qu’il se plaisait à composer sur lui-même : « Pendant le premier mois qui suivit cette nouvelle, je n’y pensai pas trois fois. […] Ne point se former le goût sur l’exemple de mes devanciers, mais à coups d’analyse, en recherchant comment la poésie plaît aux hommes et comment elle peut parvenir à leur plaire autant que possible. » Et alors il s’impose d’énormes lectures.
Cela nous est égal de nous tromper en aimant ce qui nous plaît ou nous amuse, et d’avoir à sourire demain de nos admirations d’aujourd’hui. […] On m’a rapporté que l’écrivain incroyablement vivace et impétueux qui représente chez nous cette école critique disait un jour à un confrère suspect d’indolence, d’ingénuité et d’épicuréisme littéraire : « Vous louez toujours ce qui vous plaît.
Personne, en l’approchant, n’échappait au désir de lui plaire ; son agrément irrésistible s’étendait jusque sur les femmes161. […] Afin qu’on n’ait pas l’inquiétude qu’il soit connu dans son quartier, il peut venir en chaise et renvoyer ses porteurs, et je lui donnerai les miens pour le reporter où il lui plaira. S’il lui plaît de venir dîner, on le mettra dans une chambre où personne ne le verra qui le conncisse, et il est mieux, ce me semble, qu’il vienne d’assez bonne heure, c’est-à-dire entre dix et onze heures au plus tard… J’ai bien envie que cela soit fait, car cette pauvre femme169 n’a pas de repos. […] Elle appréhende désormais de retrouver l’orgueil en tout, et cette docilité même, qui paraît le seul endroit sain de son âme, lui devient suspecte ; elle craint de n’être docile qu’en apparence, et parce qu’en obéissant on plaît, qu’on regagne par là l’estime qu’on a perdue. […] Le prince de Conti en particulier, dès son entrée dans le monde, s’était mis sur le pied de lui plaire plutôt en qualité d’honnête homme que comme frère.
Comme la sociabilité a formé et lie toujours le monde, la distinction est un art de plaire ; tout ce qu’on a en soi et sur soi, réalité solide ou surface, il faut l’avoir pour les autres, ou s’en donner l’air : cette coquetterie de parure par laquelle la beauté semble faire don de soi au public, et prendre intérêt à son plaisir, quand il s’agit de la pensée et de l’expression de la pensée, c’est l’esprit. […] On est ainsi, tout à la fois, très près et très loin de l’art : ou, si l’on veut, on a un art d’agrément, et non d’expression, un art tout orienté vers le public, pour lui plaire à sa mode, et non vers la nature, pour la rendre selon la vérité. […] Aussi Maynard fut-il naturellement conduit à détacher la strophe comme le vers, en sorte que ses odes s’égrènent comme des chapelets, et sont comme des collections de petites pièces sous un titre commun : naturellement aussi il devait se plaire et exceller aux rondeaux, aux sonnets, aux épigrammes, à tous ces genres qui sont le triomphe du martelage et du trait. […] Mais comme il ne pouvait se maintenir dans ce monde où sa naissance ne l’appelait pas, qu’en plaisant, il a voulu seulement plaire et toujours plaire. […] En 1573, il s’attacha au roi de Navarre, et plut à Charles IX par son talent poétique.
J’aimerais mieux avoir trouvé le secret de lui plaire que celui de la quadrature du cercle ou de fixer la longitude. » Comme ce billet à d’Argental est écrit en apostille d’une lettre à Mme de Ferriol et à la suite de la même page, on ne doit pas y chercher un bien grand mystère. Cette métamorphose, qui ne saurait être que désavantageuse , pourrait bien n’avoir été autre chose que la petite vérole qu’aurait envoyée à ce charmant visage quelque divinité jalouse ; dans tous les cas, il ne paraît point qu’elle ait laissé beaucoup de traces, et le don de plaire fut après ce qu’il était avant. […] Ce qui me plaît de ses lettres, c’est qu’elle vous aimait comme vous méritez d’être aimé. […] A l’égard de la réparation qui m’est deue, je me remets à ce qu’il plaira à Sa Majesté d’en ordonner. […] Mandez-moi tout, ma reine : la peinture la plus naïve et la plus circonstanciée sera celle qui me plaira davantage.
Il se plaisait, dans les heures bien rares que lui laissait le monde, à écrire sur toutes sortes de sujets, et particulièrement à se souvenir de ses succès de salon, à en fixer la mémoire, à noter ses premières aventures d’esprit, à dénombrer ses nobles relations, et (plus homme de lettres en cela et moins homme du monde qu’on ne l’aurait cru) à tenir registre de tous les jolis mots qu’il avait semés dans sa carrière. […] Mais le discours académique est un genre vivant qui transforme, qui embellit, qui a pour objet avant tout de réussir et de plaire, qui a pour premier devoir et pour condition de savoir tirer parti de chaque défunt et d’en dégager, ne fût-ce que pour un jour, un immortel.
La premiere est qu’il est bien difficile qu’un poëme de quelque étenduë, et qui ne doit pas être soutenu par le pathetique de la declamation, ni par l’appareil du théatre, réussisse s’il n’est pas composé sur un sujet qui réunisse les deux interêts ; je veux dire sur un sujet capable de toucher tous les hommes et qui plaise encore particulierement aux compatriotes de l’auteur, parce qu’il parle des choses ausquelles ils s’interessent le plus. […] Il est vrai que le public oublie bientôt les livres qui n’ont d’autre merite que celui de prendre l’effort en certaines conjonctures : il faut que le livre soit bon dans le fonds pour se soutenir, mais s’il est tel, s’il merite de plaire à tous les hommes, l’interêt particulier le fait connoître beaucoup plûtôt.