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15. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

À présent que le Tiers se juge privé de la place qui lui appartient, il se trouve mal à la place qu’il occupe, et il souffre de mille petits chocs que jadis il n’aurait pas sentis. […] L’amertume concentrée qui pénètre les Mémoires de Mme Roland n’a pas d’autre cause. « Elle ne591 pardonnait pas à la société la place inférieure qu’elle y avait longtemps occupée592. » Grâce à Rousseau, la vanité, si naturelle à l’homme, si sensible chez un Français, est devenue plus sensible. […] C’est la cour qui crée et distribue les places. […] » — Mettons fin « à ce crime social, à ce long parricide qu’une classe s’honore de commettre journellement contre les autres… Ne demandez plus quelle place enfin les privilégiés doivent occuper dans l’ordre social ; c’est demander quelle place on veut assigner dans le corps d’un malade à l’humeur maligne qui le mine et le tourmente, … à la maladie affreuse qui dévore sa chair vive ». — La conséquence sort d’elle-même : extirpons l’ulcère, ou tout au moins balayons la vermine. […] Il est si doux, si enivrant, pour l’homme qui, de toute antiquité, a subi des maîtres, de se mettre à leur place, de les mettre à sa place, de se dire qu’ils sont ses mandataires, de se croire membre du souverain, roi de France pour sa quote-part, seul auteur légitime de tout droit et de tout pouvoir   Conformément aux doctrines de Rousseau, les cahiers du Tiers déclarent à l’unanimité qu’il faut donner une constitution à la France ; elle n’en a pas, ou, du moins, celle qu’elle a n’est pas valable.

16. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

… Assurément, c’est très bien que de fusiller toutes ses sottises, quand on est un homme ; mais il ne faut pas qu’une seule en réchappe… Il faut les laisser toutes bien réellement mortes sur la place. […] Ils sont de Paris comme les chiffonniers, qui valent mieux qu’eux, — comme les cocottes, ces autres réfractaires, qui ont aussi leurs historiens et leurs Vallès, non dégoûtés et quittant la place comme le Vallès, d’aujourd’hui, mais, au contraire, voulant y entrer ! […] Lui qui crie un peu trop : place aux jeunes ! […] Il n’y a pas une place dans tout ce livre des Réfractaires, une seule place !

17. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Il y a un art de fortifier, d’attaquer & de défendre les places. […] Goulon sur l’attaque & la défense d’une place, 1764. […] Nous devons à M. le Blond l’Artillerie raisonnée, in-8°. 1761. ; le traité de l’Attaque des places, in-8°. 1762. […] Son traité de l’Attaque & de la défense des places, deux vol.

18. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Peu habiles à l’attaque régulière des places, ils s’attachent à réduire celle-ci par la famine. Un épisode romanesque vient rompre le sanglant récit : Andry, étant encore au séminaire de Kiew, a eu occasion de voir une belle jeune fille, une Polonaise, la fille d’un vaïvode, il l’aime ; or, elle est dans la place avec son père ; elle a reconnu Andry du haut du parapet, elle le lui fait dire. […] Une nuit, il manque à son devoir de Cosaque, et s’introduit dans la place assiégée avec des vivres. […] L’armée des assiégeants se partage : une partie, sous la conduite du kockevoï, s’en retourne au pays de l’est pour tirer vengeance des Tatars ; une partie demeure devant la place, sous les ordres de Tarass Boulba lui-même, élu ataman pour la circonstance. […] Il a le costume d’un seigneur allemand ; le juif Yankel, son guide, se tient à quelques places de distance devant lui.

19. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

On dépave la place du Panthéon. […] Calme et vacuité de la place de la Bastille. […] une multitude armée se massant sur la place Louis XV. […] Aucun ne semble informé du cri jeté sur la place de la Concorde. […] Je rencontre Burty sur la place de la Madeleine.

20. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Goulden, qui monte les horloges du maire et du commandant de place de Phalsbourg, lui répond de leur protection pour faire valoir son infirmité. […] Goulden charge son apprenti d’aller à sa place chez ses pratiques remonter les horloges. […] Je ne tenais plus en place ; sans cesse je me voyais sur le point d’abandonner le pays. […] D’ailleurs, je verrai M. le commandant de place… Tranquillise-toi !  […] Tout à coup le roulement commença ; tous les tambours s’étaient réunis sur la place.

21. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Chaque vérité est mise à sa place par rapport au but : elle prépare, elle amène, elle appuie une autre vérité qui a besoin de son secours….. […] Cette unité de dessein fait qu’on voit d’un seul coup d’œil l’ouvrage entier, comme on voit de la place publique d’une ville toutes les rues et toutes les portes, quand toutes les rues sont droites, égales et en symétrie. […] Les idées sont susceptibles d’une infinité de valeurs, comme les mots d’une infinité de sens : la place qu’on leur donne exclut toutes les valeurs possibles, sauf une seule qu’elle réalise ; elles n’existent vraiment que quand elles sont ainsi localisées. […] Quand on joue à la paume, c’est une même balle dont on joue l’un et l’autre, mais l’un la place mieux. […] Et de même pour tous les autres que j’ai cités : Racine et Pradon usent des mêmes matériaux : mais l’un les taille et les place mieux que l’autre.

22. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Quoi qu’il en soit, les jours où il devait prêcher, il y avait concours prodigieux et affluence, et du plus beau monde, des personnages de la plus haute qualité, notamment des dames de la Cour : on n’avait de places à ses sermons qu’en les faisant retenir de très bonne heure. […] Il venait de se signaler par tout un Carême prêché aux Minimes de la Place Royale, où de mémoire d’homme, assure-t-on, il ne s’était vu un tel mouvement de dévots et surtout de dévotes de la haute société. L’église restait ouverte nuit et jour, et les laquais, pour garder les meilleures places, étaient obligés d’y passer les nuits. […] Ils vinrent donc, Le Tellier en tête, lui dire avec toutes sortes de compliments et de cajoleries que l’occasion n’avait jamais été si belle pour lui, docte et éloquent comme il était, d’ajouter encore à sa réputation, et qu’il lui fallait absolument prendre la place et l’office du prédicateur en défaut. […] La place resta vacante pendant deux ans.

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