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802. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

le prêtre n’est point descendu sur le terrain de la discussion politique que ses pieds bénis ne doivent pas loucher.

803. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

en prononçant sur lui, songez à leur sang. » Ainsi, au pied de ce tribunal de l’Égypte, retentissaient les plaintes des malheureux : mais il manquait quelque chose à la justice ; il eût été à souhaiter que l’oppresseur entendît sous sa tombe, et que sa froide cendre pût frissonner.

804. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Si vous entrez dans cette tente, tout disparaît devant l’idée absorbante du maître ; vous ne voyez que lui ; nulle chose n’a d’être propre et indépendant ; ces armes ne sont faites que pour sa main, ces tapis ne sont faits que pour son pied ; vous ne les imaginez que pliés pour lui et foulés par lui. […] Et voilà que la sage-femme, promptement, a cousu dans le suaire leurs têtes et leurs pieds, et les a emportées dehors pour la sépulture. […] Ainsi il allait, et je l’entendis ici soupirer amèrement ; car, outre le danger qu’on a dit, le sentier était si obscur que quand il levait le pied pour le mettre en avant, il ne savait pas où ni sur quoi il le mettrait ensuite. —  Vers le milieu de la vallée j’aperçus la gueule de l’enfer ; et elle était tout près de la route. […] Il distingue et place toutes les parties du paysage, ici la rivière, le château sur la droite, un drapeau sur la tourelle gauche, le soleil couchant trois pieds plus bas, un nuage ovale dans le premier tiers du ciel, avec une précision d’arpenteur. […] Pour y entrer, il ne reste à franchir qu’un courant profond où l’on perd pied, où l’eau trouble la vue, et qu’on appelle la rivière de la Mort.

805. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Elle le repousse. « Alors votre amant va mourir. » Elle gémit, elle hurle, elle se roule à ses pieds. […] Tabarin, qui est ivre — et qui adore sa femme, — se tord à ses pieds, la supplie, puis la menace. […] Au clair de la lune, lentement, sur la pointe du pied, arrivent les novices, postulantes, nonnettes et nonnains, en robes blanches et le minois encadré dans des capuches bleu-pâle. […] C’est la Valse des pieds de cochon, l’histoire des amours d’une charcutière, inspirée peut-être du Ventre de Paris. […] Une petite femme, le pied sur un divan, relève le bas de ses jupons.

806. (1864) Le roman contemporain

Le roman a tout à coup paru armé de pied en cap dans l’histoire. […] Jadis la muse restait douce aux proscrits et fidèle aux abandonnés ; on la trouvait au pied de la tour de Richard sous les traits de Blondel. […] Sa muse porte scellé au pied l’anneau de la chaîne originelle. […] En entrant dans ce livre, on entre dans le pays des chimères ; le terrain de la réalité manque sous les pieds du lecteur. […] Octave Feuillet, décidé à pousser sa thèse à l’extrême et à ne s’arrêter que lorsque le terrain lui manquera sous les pieds ?

807. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Saint-Preux, chez Jean-Jacques, n’a-t-il pas dit : « Assis aux pieds de ma bien-aimée, je teillerai du chanvre, et je ne désirerai rien autre chose, aujourd’hui, demain, après demain, toute la vie. » Goethe, qui cite ce mot du cœur en se l’appliquant, le renouvelle par une légère variante : « Avec vous (Lotte et Kestner), je désirais autrefois de cueillir des groseilles et de secouer des pruniers, demain, après demain, et durant toute ma vie. » J’ai dit qu’après les avoir quittés, il ne se mit pas tout aussitôt à écrire Werther. […] Ma sœur vous salue, mes demoiselles vous saluent, mes dieux vous saluent, nommément le beau Pâris à ma droite et la Vénus d’or de l’autre côté, et Mercure, le messager, qui se réjouit des courriers rapides, et qui attacha hier à mes pieds ses belles et divines semelles d’or, qui le portent avec le souffle du vent à travers la mer stérile et la terre sans limites56. […] si je pouvais me jeter à ton cou, écrit-il à Kestner (21 novembre), me jeter aux pieds de Lotte pendant une minute, une seule minute, et tout ce que je ne pourrais expliquer dans des volumes serait effacé et expliqué !

808. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Née à la porte d’un cimetière, au pied d’une église dont on allait briser les saints, mes premiers amis solitaires ont été ces statues couchées dans l’herbe des tombes. […] Toute petite, dans la vallée de la Scarpe, ayant aperçu à la haute tourelle d’un donjon un vieux prisonnier qui lui avait tendu les bras, elle était partie à pied le jour même avec son frère pour aller à Paris chercher la liberté qu’on lui avait dit résider là-bas pour ce captif. […] La religion et ses ministres divins se penchent sur les blessés pour les bénir, — sur les morts pour envier leur martyre… « Ôte ton chapeau à mon intention en passant devant l’église Notre-Dame, et mets sur ses pieds les premières fleurs de carême que tu trouveras. » Cependant les conséquences ne tardent pas à se faire sentir.

809. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

C’est pourquoi le malade garde sa raison, n’apostrophe pas ses fantômes, va s’asseoir sur le fauteuil où ils lui semblent assis, bref se sait malade, de même que l’amputé se sait amputé et n’essaye pas de frotter le pied absent auquel il rapporte ses fourmillements. […] Or, si on laisse de côté l’entremise des nerfs, on trouve deux cas dans lesquels fonctionnent les centres sensitifs. — Tantôt ayant été mis en action une première fois par le nerf, ils persistent spontanément dans cette action et la répètent d’eux-mêmes, à plusieurs reprises, après que le nerf a cessé d’agir ; ce qui arrive notamment dans les illusions qui suivent l’usage prolongé du microscope, lorsque le micrographe, reportant les yeux sur sa table ou sur son papier, voit à un pied de lui de petites figures grises qui persistent, s’effacent et renaissent encore à quatre ou cinq reprises, toujours en pâlissant et en s’affaiblissant. — Tantôt les centres sensitifs fonctionnent par un choc en retour, lorsque des images proprement dites les provoquent à l’action. […] Il en est d’un simple son, d’une couleur aperçue en un clignement d’œil, d’une brève sensation de chaleur, d’odeur ou de contact dont nous ne distinguons pas les parties successives, comme d’une course en voiture ou d’une promenade à pied dont nous distinguons les parties successives, et chaque sensation, partant chaque image, possède, comme toute série de sensations et d’images, son commencement et sa fin.

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