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641. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Elle avait le pied mignon et dansait à ravir ; elle avait une merveilleuse adresse des mains pour le dessin et pour tous les jolis ouvrages, des doigts de fée. […] Nous avions les mêmes cheveux plus ou moins blonds, les mêmes tailles fines et les mêmes petits pieds. […] À environ quatre pieds de terre, j’aperçus collé contre le tronc du saule une sorte de gros cocon à base élargie, et affectant la forme d’une petite bouteille ou plutôt d’une pomme de pin.

642. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Il faisait ses réflexions tout haut sur les princes ; voyant entrer le duc d’Orléans : « En voilà un, disait-il, chez qui je ne mets pas les pieds. » Puis il déployait son grand mouchoir rouge et se mouchait aussi bruyamment qu’il eût fait dans son cabinet. […] Cette inaction et ce pied de paix forcée auquel il était réduit, avait suffi de même pour tuer cet autre combattant et cet athlète des luttes oratoires brûlantes, M. de Serre. […] Quoiqu’ayant été préfet de police sous l’Empire, il avait, par ses tout premiers antécédents de conseiller dans l’ancien Parlement de Paris sous Louis XVI, par la mort de son père immolé sur l’échafaud et par tous ses liens de famille ou de jeunesse, une teinte royaliste très-suffisante pour figurer sur un très-bon pied dans la Chambre nouvelle.

643. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Vouloir le remettre sur un pied d’égalité avec son illustre compagne en même temps que l’on consentait à donner les Mémoires de celle-ci dans l’intégrité de leurs aveux, c’était une erreur filiale d’Eudora et qui n’était permise qu’à elle. […] Faugère nous dit : « On raconte qu’au pied de l’échafaud, en ces derniers instants où, entrevoyant les ombres redoutables de l’Éternité, les cœurs les plus fermes se troublent, les plus incrédules commencent à douter, Mme Roland demanda qu’il lui fût permis d’écrire des pensées extraordinaires qu’elle avait eues dans le trajet de la Conciergerie à la place de la Révolution. […] Faugère, de vouloir écrire ses dernières pensées, conçues pendant le trajet même ; qu’elle ait demandé du papier, une plume et de l’encre au pied de l’échafaud, qu’elle se soit exposée à ce refus, c’est impossible, c’est contradictoire, c’est petit, c’est puéril.

644. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Nous errions depuis longtemps au milieu des bois et des bruyères, et nous nous disposions à mettre pied à terre pour bivouaquer, lorsque les aboiements d’un chien se firent entendre ; nous nous en rapprochâmes aussitôt, et je fus surpris de trouver, sur un plateau élevé, au lieu d’un troupeau et d’une cabane, seule rencontre qui me parût possible dans un pays aussi sauvage, une maison attenante à une grande bergerie. […] Franceschi n’était pas un prisonnier ordinaire, c’était un prisonnier national ; la vindicte espagnole était en jeu : Wellington, qui avait nouvellement pied en Espagne, évita tout conflit d’autorité et crut devoir s’abstenir. […] Reilleet Franceschi surtout s’étaient signalés par leur dévouement ; le dernier apporta le 20 mai (1800) des nouvelles du premier Consul, qu’il avait quitté le 20 au pied du Saint-Bernard.

645. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

« Tout le pays n’était qu’une vaste fondrière où nous enfoncions jusqu’au cou. » Soyez donc héros ou tacticien sur ce pied-là. […] « Tout à coup, à travers une échappée de neige, on vit une colonne noire qui s’avançait directement en longeant la rue occidentale d’Eylau et en perçant jusqu’au pied du cimetière. […] Les voilures, les troupes à pied, à cheval, les blessés, l’effroi des habitants, le désordre qu’augmentaient encore la nuit et la neige qui tombait avec abondance, tout concourait dans cette malheureuse ville à offrir le plus horrible aspect.

646. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Nulle part, je le crois, on n’avait expliqué d’une manière aussi vivante et aussi suivie, dans un relief aussi palpable, le fait du passage même, le secret d’une métamorphose qui, plus sensible dans ce grand cadre, n’y fut point pourtant circonscrite et dut se répéter en diminutif sur plus d’un point de l’empire : Des prêtres fortunés foulent d’un pied tranquille Les tombeaux des Catons et la cendre d’Émile, a dit Voltaire. Mais si le prêtre a foulé tout d’abord ces grands parvis d’un pied tranquille, et, il faut ajouter, d’un pas majestueux, si encore aujourd’hui, à voir sa démarche haute dans Ara cœli, il a l’air du maître héréditaire et du patricien de céans (gentemque togatam), c’est qu’il a été en effet, à l’origine, le légitime descendant, le petit-neveu, en tant qu’il en restait, de ces Catons et de ces Émiles. […] Le Jupiter d’Olympie était lentement descendu de son piédestal de marbre ; la virginité de Minerve ne se manifestait plus dans la blancheur symbolique de l’ivoire ; tous les dieux du lectisterne gisaient sans honneur au pied de leur lit de pourpre ; mais la Naïade indigène habitait encore sa source, l’Hamadriade locale n’avait point déserté son bois d’oliviers.

647. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Pierre Corneille En fait de critique et d’histoire littéraire, il n’est point, ce me semble, de lecture plus récréante, plus délectable, et à la fois plus féconde en enseignements de toute espèce, que les biographies bien faites des grands hommes : non pas ces biographies minces et sèches, ces notices exiguës et précieuses, où l’écrivain a la pensée de briller, et dont chaque paragraphe est effilé en épigramme ; mais de larges, copieuses, et parfois même diffuses histoires de l’homme et de ses œuvres : entrer en son auteur, s’y installer, le produire sous ses aspects divers ; le faire vivre, se mouvoir et parler, comme il a dû faire ; le suivre en son intérieur et dans ses mœurs domestiques aussi avant que l’on peut ; le rattacher par tous les côtés à cette terre, à cette existence réelle, à ces habitudes de chaque jour, dont les grands hommes ne dépendent pas moins que nous autres, fond véritable sur lequel ils ont pied, d’où ils partent pour s’élever quelque temps, et où ils retombent sans cesse. […] Apprenez leur langue, elle est aisée ; je m’offre de vous montrer ce que j’en sais, et, jusqu’à ce que vous soyez en état de lire par vous-même, de vous traduire quelques endroits de Guillen de Castro. » Ce fut une bonne fortune pour Corneille que cette rencontre ; et dès qu’il eut mis le pied sur cette noble poésie d’Espagne, il s’y sentit à l’aise comme en une patrie. […] Quitter l’Espagne dès l’instant qu’il y avait mis pied, ne pas pousser plus loin cette glorieuse victoire du Cid, et renoncer de gaieté de cœur à tant de héros magnanimes qui lui tendaient les bras, mais tourner à côté et s’attaquer à une Rome castillane, sur la foi de Lucain et de Sénèque, ces Espagnols, bourgeois sous Néron, c’était pour Corneille ne pas profiter de tous ses avantages et mal interpréter la voix de son génie au moment où elle venait de parler si clairement.

648. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

C’est celle où Césarine, tombant aux pieds de son mari, lui demande grâce, pardon, indulgence plénière sur tous ses péchés, jusqu’à la minute où elle parle. […] Les petites mains du sire, ses petits pieds, sa peau blanche, ses cheveux bouclés, tout cela compose un idéal de la vitrine d’un coiffeur, mis à la portée de sa maîtresse, et qui la subjugue. […] Elle vient d’envoyer Adrienne chercher des joujoux dans la voiture qui l’a conduite au château ; elle se penche à la croisée et s’écrie que l’enfant vient de tomber entre les pieds des chevaux.

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