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1268. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Le poète prenait son vol, le critique s’élance et le retient brusquement par les ailes et tous les deux reprennent pied sur terre. […] Ainsi voisin du ciel, ou tout au moins des nuages, il s’est enorgueilli quelque temps de ne plus poser ses pieds sur la trace des autres hommes. […] Ce buste, une simple planche, car si ces grotesques ont une apparence de tête, ils n’ont ni corps ni pieds. […] S’il n’y a pas moyen de ne pas voir Yves dans son ruisseau, on le fourre à fond de cale, les fers aux pieds, pendant huit jours. […] Une empreinte de doigt sanglant sur un rideau, la trace d’un pied crotté sur le tapis : ce sera assez pour M. 

1269. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Ainsi le Titien, dans un de ses plus beaux tableaux, aujourd’hui détruit par un incendie, a représenté un arbre tordu par le vent et aux pieds duquel un dominicain succombe sous le poignard d’un assassin. […] Abandonnons cette perspective heureusement lointaine et reprenons pied sur la scène. […] La musique est ici la caractéristique de la passion qui a jeté Fabiani aux pieds de la reine. […] Les limites superficielles de l’art se trouveront ainsi reculées ; et l’exploration mettra le pied sur quelques-unes des terres encore peu foulées de l’humanité et de la vie. […] Au pied du premier lit, à droite, une sœur veillait ; dans le lit était étendue une moribonde, dont le visage à demi fracassé était recouvert d’un voile de gaze.

1270. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Comme leur passion est sans règle, après avoir fait leurs délices, elle se tourne en amertume, et, comme ils ont foulé aux pieds tout ce qui en eût arrêté le déchaînement, ils se trouvent contre elle sans recours. […] Emma douta un instant si elle ne devait point se jeter à ses pieds pour implorer sa compassion. […] Il jeta les myrtes à terre et les foula aux pieds. […] parce que sa taille atteindra un jour cinq pieds. […] Depuis que tu es parti de la maison de ton grand-père, pauvre enfant juif, pieds nus, un thaler dans la poche, tu n’as pensé à rien autre chose qu’à gagner et à toujours gagner.

1271. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

. —  Il y avait le gouffre béant,  — mais de l’herbe nulle part. »  — Il n’y avait qu’Ymer, l’horrible Océan glacé, avec ses enfants, nés de ses pieds et de son aisselle, puis leur informe lignée, les Terreurs de l’abîme, les Montagnes stériles, les Ouragans du Nord, et le reste des êtres malfaisants, ennemis du soleil et de la vie. […] On l’a jeté parmi les serpents, et il y est mort, frappant du pied sa harpe. […] — m’enlacent si durement. —  Ici sont de larges flammes,  — au-dessus et au-dessous ; — je n’ai jamais vu — de campagne plus hideuse. —  Ce feu ne languit jamais ; — sa chaleur monte par-dessus l’enfer. —  Les anneaux qui m’entourent,  — les menottes qui mordent ma chair — m’empêchent d’avancer,  — m’ont barré mon chemin ; — mes pieds sont liés,  — mes mains emprisonnées. —  Voilà où Dieu m’a confiné. » Puisqu’il n’y a rien à faire contre lui, c’est à sa nouvelle créature, à l’homme, qu’il faut s’en prendre ; à qui a tout perdu, la vengeance reste ; et si le vaincu peut l’avoir, il se trouvera heureux, « il reposera doucement, même sous les chaînes » dont il est chargé. […] Ils se mettaient des fers aux pieds, et prouvaient leur force en courant avec leurs entraves.

1272. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est lui qui sème à pleines mains dans l’air, dans l’eau, dans la terre, dans le feu, ces myriades d’êtres intermédiaires que nous retrouvons tout vivants dans les traditions populaires du moyen-âge ; c’est lui qui fait tourner dans l’ombre la ronde effrayante du sabbat, lui encore qui donne à Satan les cornes, les pieds de bouc, les ailes de chauve-souris. […] On rirait d’un cordonnier qui voudrait mettre le même soulier à tous les pieds. […] C’est l’instant où Cromwell, arrivé à ce qui eût été pour quelque autre la sommité d’une fortune possible, maître de l’Angleterre dont les mille factions se taisent sous ses pieds, maître de l’Écosse dont il fait un pachalik, et de l’Irlande, dont il fait un bagne, maître de l’Europe par ses flottes, par ses armées, par sa diplomatie, essaie enfin d’accomplir le premier rêve de son enfance, le dernier but de sa vie, de se faire roi. […] C’est elle qui, s’unissant à tout ce qu’il y a de supérieur et de courageux dans les lettres, nous délivrera de deux fléaux : le classicisme caduc, et le faux romantisme, qui ose poindre aux pieds du vrai.

1273. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Le malheureux, il avait mis le pied à bord du Bellérophon. […] Il ne craint rien, pareil au champignon difforme Poussé dans une nuit au pied d’un chêne énorme, Qui laisse les chevreaux autour de lui paissant Essayer leur dent folle à l’arbuste innocent ; Sachant qu’il porte en lui ses vengeances trop sûres, Tout gonflé de poison, il attend les morsures. […] Je n’ai pas mis le pied à la Comédie française depuis trois ans. […] Il y a deux ans que je n’ai mis le pied au Théâtre-Français, et la dernière fois que j’y ai été, comme je rencontrai Anaïs et qu’elle me demanda pourquoi je devenais si rare ?

1274. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

. — Dieu, nous dit-il encore, m’a fait mon petit nid au bord du Rhône, sur une balme plantée d’arbres maladifs, mais d’où je vois le Mont-Blanc et les Alpes, et où m’arrivent les bruits de Paris. » Ces bruits lui suffisent ; je crois qu’il n’a jamais mis les pieds dans la grande ville.

1275. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Tant de pieds par saison.

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