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1232. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il n’avait que vingt-sept ans, et, pendant deux années encore, jusqu’en 1792, nous le voyons prendre part au mouvement dans une certaine mesure, donner en quelques occasions des conseils par la presse, ne pas être persuadé à l’avance de leur inefficacité : en un mot, il est plus citoyen que philosophe, et il se définit lui-même à ce moment « un homme pour qui il ne sera point de bonheur, s’il ne voit point la France libre et sage ; qui soupire après l’instant où tous les hommes connaîtront toute l’étendue de leurs droits et de leurs devoirs ; qui gémit de voir la vérité soutenue comme une faction, les droits les plus légitimes défendus par des moyens injustes et violents, et qui voudrait enfin qu’on eût raison d’une manière raisonnable ». […] À cette date de 1790, et dès le mois de février, Mirabeau, jugeant de son coup d’œil d’homme d’État le fond de la situation et les troubles de toute sorte prêts à éclater dans vingt endroits du royaume, disait énergiquement : « Il a encore l’aplomb des grandes masses, mais il n’a que celui-là, et il est impossible de deviner quel sera le résultat de la crise qui commence. » En fait, six mois et dix mois auparavant, Mirabeau jugeait les choses bien autrement aventurées et compromises. — Et le philosophe Montaigne, en son temps, embrassant d’un coup d’œil ces grandes révolutions radicales qui ont la prétention de faire table rase et de tout rebâtir à neuf, disait : Rien ne presse un État que l’innovation ; le changement donne leur forme à l’injustice et à la tyrannie.

1233. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Cette illusion est si forte que des philosophes en ont été dupes. […] Il suffit donc de noter ici que l’on trouvera, dans le troisième volume du Monde comme volonté et comme représentation, au chapitre sur la Métaphysique de l’amour, les développements fournis par ce philosophe en ce qui touche à cette forme du Bovarysme.

1234. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Il n’y a qu’un philosophe qui a dit cela : c’est Bacon… Quant à Marie, c’est la reproduction universelle, la réverbération de Dieu. […] Et nous les voyons, ces braves, risquer leurs os dans les airs pour attraper quelques bravos, nous les voyons avec je ne sais quoi de férocement curieux en même temps que de sympathiquement apitoyé, — comme si ces gens étaient de notre race, et que tous, bobêches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public… Au fait, quelqu’un a-t-il jamais vu une femme faire le saut périlleux, et la grande supériorité de l’homme serait-elle en cette seule et unique chose ?

1235. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Mardi 11 novembre Sur deux philosophes. […] Les tribulations maritales que le philosophe eut avec sa centauresse, le jetèrent dans le vin du cru, un vin qui contient trois quarts d’eau-de-vie, et qui lui donna une attaque de delirium tremens .

1236. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Glover, plus Philosophe que Poëte, a préféré à ce merveilleux qui saisit l’imagination, les idées & les sentimens qui instruisent & qui touchent. […] Cet auteur unit les talens de Lucrèce & d’Anacréon, Poëte philosophe, Poëte sublime, Poëte galant ; grand homme dans les différens genres qu’il a cultivés.

1237. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Si les plus grands philosophes des temps modernes, comme Kant et Maine de Biran, sont de si maladroits écrivains, s’ils sont morts avant d’avoir trouvé l’expression limpide où chacun aurait pu lire sans équivoque leur vraie pensée, c’est que la grandeur même de l’œuvre entreprise imposait à leurs facultés d’expression une tâche qu’ils n’ont pas eu le loisir ou le courage ou la générosité d’entreprendre ; la plupart ont laissé à leurs disciples le soin de les vulgariser, moins par dédain de la postérité que par suite de cette loi de la nature humaine qui veut que l’on perde en souplesse ce que l’on gagne en profondeur et que la spécialité soit la rançon du génie. Au contraire, les grands stylistes, comme Sainte-Beuve, les philosophes au style lapidaire, comme Royer-Collard, ne sont guère que d’éminents vulgarisateurs.

1238. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Voilà les hommes, voilà les philosophes qu’il ne peut pas souffrir. […] C’est Horace qui l’a dit ; non pas le premier, car les philosophes grecs l’ont souvent dit, mais c’est Horace qui l’a dit d’une façon immortelle lorsqu’il a créé cette expression : Aurea mediocritas que nous répétons encore.

1239. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Un philosophe, homme de goût, rira donc souvent des admirateurs, sans respecter moins réellement l’objet de leur admiration, soit par les beautés qu’il y voit réellement, soit par celles qu’il y suppose d’après le témoignage unanime des contemporains. […] Le lecteur peut dire alors comme ce philosophe, à qui on voulait présenter un jeune homme qui savait tout Cicéron par cœur ; il répondit, j’ai le livre.

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