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20. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Ainsi se forme, par un véritable phénomène d’endosmose, l’idée mixte d’un temps mesurable, qui est espace en tant qu’homogénéité et durée en tant que succession, c’est-à-dire, au fond, l’idée contradictoire de la succession dans la simultanéité. […] Il faudra donc l’opérer encore, mais au profit de la durée, quand on étudiera les phénomènes internes ; non pas les phénomènes internes à l’état achevé, sans doute, ni après que l’intelligence discursive, pour s’en rendre compte, les a séparés et déroulés dans un milieu homogène, mais les phénomènes internes en voie de formation, et en tant que constituant, par leur pénétration mutuelle, le développement continu d’une personne libre. […] La science a pour principal objet de prévoir et de mesurer : or on ne prévoit les phénomènes physiques qu’à la condition de supposer qu’ils ne durent pas comme nous, et on ne mesure que de l’espace. […] Cette doctrine a l’avantage de fournir à notre pensée empirique un fondement solide, et de nous assurer que les phénomènes, en tant que phénomènes, sont connaissables adéquatement. […] Comme ils n’envisagent de notre vie consciente que son aspect le plus commun, ils aperçoivent des états bien tranchés, capables de se reproduire dans le temps à la manière des phénomènes physiques, et auxquels la loi de détermination causale s’applique, si l’on veut, dans le même sens qu’aux phénomènes de la nature.

21. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Par suite, ils ne sauraient se confondre avec les phénomènes organiques, puisqu’ils consistent en représentations et en actions ; ni avec les phénomènes psychiques, lesquels n’ont d’existence que dans la conscience individuelle et par elle. […] Voilà ce que sont les phénomènes sociaux, débarrassés de tout élément étranger. […] Elles ne sont donc pas des phénomènes proprement sociologiques. […] Or il est à noter que l’immense majorité des phénomènes sociaux nous vient par cette voie. […] Il ne comprend qu’un groupe déterminé de phénomènes.

22. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Que les phénomènes à expliquer soient chimiques ou, sociaux, ces principes conservent leur valeur. […] N’est-il donc pas, dira-t-on, pleinement expliqué déjà par des phénomènes autres que les phénomènes sociaux ? […] Son succès résulterait alors du rapport qui unit les individus, non de leur structure cérébrale, c’est-à-dire d’un phénomène social, non d’un phénomène biologique. […] Le succès de l’égalitarisme reste, après leurs tentatives, un phénomène surprenant, dont elles ne dévoilent pas la loi génératrice. […] Cela n’empêchera pas la sociologie proprement dite de pousser aussi loin qu’elle le pourra la recherche des actions propres aux phénomènes qui sont de son ressort.

23. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Les antécédents immédiats de tous les phénomènes psychiques sont des phénomènes physiologiques. […] Soient deux phénomènes, A et B. […] Un phénomène A et un phénomène B se produisent plusieurs fois dans le même ordre. […] Cette genèse de Condillac confond les conditions du phénomène avec le phénomène. […] Tout phénomène a une cause.

24. (1842) Discours sur l’esprit positif

D’après cette introduction systématique, ce dogme fondamental a tendu, sans doute, à s’étendre, par analogie, à des phénomènes plus compliqués, avant même que leurs lois propres pussent être aucunement connues. […] Telle est, évidemment, en effet sous ce nouvel aspect, la destination directe des lois qu’elle découvre sur les divers phénomènes, et de la prévision rationnelle qui en est inséparable. […] Mais une telle notion ne conduit nullement à concilier les deux modes opposés suivant lesquels la science et la théologie conçoivent nécessairement la direction effective des divers phénomènes. […] On cesse alors de s’étonner que la constitution des êtres naturels se trouve, en chaque cas, disposée de manière à permettre l’accomplissement de leurs phénomènes effectifs. […] Il est clair, en effet, que chacune des quatre sciences intermédiaires se confond, pour ainsi dire, avec la précédente quant à ses plus simples phénomènes, et avec la suivante quant aux plus éminents.

25. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Or, tous ces auteurs s’accordent à décrire le phénomène comme un recommencement bien net du passé, comme un phénomène double qui serait perception par un côté, souvenir par l’autre, — et non pas comme un phénomène à face unique, comme un état où la réalité apparaîtrait simplement en l’air, détachée du temps, perception ou souvenir, à volonté. […] Mais le phénomène dont il s’agit ici est très différent. […] Nous ne voudrions pas aborder l’étude de ces phénomènes avec des vues trop systématiques. […] Kraepelin dit que c’est un phénomène normal. […] BOURDON, Sur la reconnaissance des phénomènes nouveaux, Rev. philos., vol. 

26. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Elle est vraie de tous les phénomènes mentaux et n’est réductible à aucune autre loi mentale. Mais les phénomènes de l’esprit ne sont qu’une partie des phénomènes de la vie et la loi d’association n’est qu’un cas particulier, quoique très important d’une loi qui est vraie de tous les phénomènes de la vie, — la loi d’habitude. » Il considère aussi les concepts de temps et d’espace, comme les résultats de l’expérience, mais de l’expérience de la race et non de l’expérience individuelle. […] Elle ne s’occupe que des phénomènes. […] La loi la plus générale qui régisse les phénomènes psychologiques est la loi d’association. […] L’association est le fond de ces phénomènes, quoiqu’elle ne les explique pas tout entiers.

27. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Ainsi la perception est un phénomène primitif, l’hallucination un phénomène dérivé. […] Taine reprend la vieille thèse de Condillac et de Hume, il affirme qu’une substance est une collection de phénomènes, et qu’une cause est une relation de phénomènes. […] Un groupe de phénomènes, voilà la substance ; une relation de phénomènes ou une loi, voilà la cause. […] Une loi n’est qu’une relation de phénomènes. […] Renan aux phénomènes.

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