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164. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Nous sommes troublés ou égayés ; nous allons nous lever de notre fauteuil ; puis, tout à coup, la vue de la rampe, les personnages des avant-scènes, tout autre incident, souvenir, sensation, nous arrête et nous maintient en place. […] Les personnages de Nicolaï défilaient toujours dans sa chambre, et les petites taches grises ne cessent pas de s’appliquer sur le papier placé sous les yeux du micrographe. — En effet, la sensation contradictoire ne se produit plus. Le papier ne donne plus la sensation de blanc là où il est recouvert par les taches grises, et le mur vert ou brun de la chambre ne donne plus la sensation de vert ou de brun là où s’interposent les personnages. […] Nicolaï notait une différence très nette entre le personnage tel qu’il lui apparaissait et le même personnage tel qu’un instant après il se le figurait par un effort d’attention et de mémoire. […] L’halluciné, même raisonnable, continue à voir ses fantômes comme extérieurs : en effet, les centres sensitifs fonctionnent exactement chez lui comme s’il y avait devant ses yeux des personnages réels.

165. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Malheureusement l’auteur ne changeait que de personnages et de théâtres, il ne changeait pas de méthode. […] Bien que les faits soient rapidement présentés et les personnages dépeints en quelques traits, tout est vivant, car tout parle à l’esprit. […] et comment s’intéresser à un personnage qu’on a tant de peine à comprendre ? […] Je cherche vainement parmi les acteurs du drame un concitoyen de Regulus, et quant au Grec Spendius, on a vu quelles qualités de l’esprit hellénique représente ce personnage avili. […] Flaubert a vu sur quelque médaille un personnage dont les épaules se soulèvent ; sans se demander si ce n’est pas une imperfection de dessin ou bien une allusion à un fait passager, il découvre là une attitude carthaginoise, et croit faire preuve de précision en l’imposant à tous ses personnages : Salammbô s’enfonce la tête dans les épaules, Hamilcar aussi, et Spendius, et Mâtho.

166. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il cherchait le personnage sympathique. […] Rodogune est un personnage mal établi. […] Il n’y a aucun personnage plus vrai que ce personnage double. […] Le seul personnage intéressant, c’est la maréchale. […] En un mot, c’est le personnage sympathique.

167. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il n’a d’ailleurs pas calomnié son personnage. […] Ils ont prêté à leurs personnages leurs propres aphorismes. […] Selon que les personnages de M.  […] Demandez-vous, à propos de chacun des personnages de M.  […] C’est en raillant ses personnages qu’il nous les présente.

168. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Il faut aller au poème spécial de Lohengrin pour voir se dessiner un personnage nouveau, Frédéric de Telramund. […] En exposant le rôle du décor, nous nous voyons forcés d’entrer dans certains détails que nous devons reprendre en étudiant la mimique propre aux personnages. […] Après avoir vu la mimique dans son ensemble, nous allons l’étudier dans le détail, en la suivant dans ses progrès chez deux personnages : Kundry et Parsifal. […] Ces deux personnages, en effet, montrent dans leur action un progrès continu. Nous commencerons par l’étude du personnage de Kundry.

169. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

C’est la même aventure, non avec des personnages différents, mais avec les mêmes personnages sous des noms divers. […] Les personnages de Guillaume de Lorris ont perdu leur physionomie dans Jean de Meung. […] Le seul air de famille qui leur soit demeuré, c’est qu’ils semblent être les mêmes personnages se moquant, dans leur âge mûr, de ce qu’ils ont aimé dans leur jeunesse. […] Ils ont amené avec eux deux personnages que Jean de Meung n’a pas empruntés à Guillaume de Lorris : c’est Faux-Semblant et Contrainte-Abstenance. […] Plus vieille de soixante ans, elle fait de ce portrait un personnage vivant ; mais ce personnage mal appris se confesse et se dénonce.

170. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

En hommes, nous retrouvons les mêmes personnages des deux premières périodes : Malherbe, âgé de 65 ans. […] Donnons donc quelques détails sur ce personnage si célèbre dans son temps. […] « Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.

171. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Il est donc naturel d’avoir de la prédilection pour les imitations qui depeignent d’autres nous-mêmes, c’est-à-dire des personnages livrez à des passions que nous ressentons actuellement, ou que nous avons ressenties autrefois. […] Ainsi ceux qui n’ont point de pente vers une passion, ne conçoivent point que les fureurs dont le poëte remplit ses scenes, et qu’il expose comme les suites naturelles d’un emportement dont-ils n’ont jamais senti les accès, soïent exposées suivant la verité : ou bien les suites d’une semblable passion leur paroissent les pures saillies de l’imagination dereglée d’un poëte exagerateur : ou bien les personnages d’une piece cessent de les interesser. […] Peu mortifiez, peu surpris même des préferences les plus bizarres, ils sont mal disposez à entrer avec affection dans les peines d’un personnage que la promotion d’un concurrent fait sortir de son bon sens.

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