Brunetière perd son temps, s’il veut persuader au public que là se borne notre enseignement et que nous avons publié trois volumes pour répéter seulement ce que d’autres ont dit avant nous et ce qu’il dit lui-même après tant d’autres. […] Le style de Pascal, par exemple, n’eût rien perdu à avoir un peu moins de qui, et de que dans cette phrase ; « Si je ne craignais d’être téméraire, je crois que je suivrais l’avis de la plupart des gens que je vois, qui, ayant cru jusqu’ici sur la foi publique, que ces propositions sont dans Jansénius, commencent à se délier du contraire, par un refus bizarre qu’on fait de les leur montrer, qui est tel que je n’ai encore vu personne qui ait dit les y avoir vues. » — Chateaubriand a écrit d’admirables pages en évitant soigneusement la répétition des mêmes mots et des qui et des que, et M.
Légiste d’abord, homme d’administration et d’affaires, conseiller d’État, député, il s’est détourné des plus graves et des plus studieuses fonctions de sa vie pour se jeter à corps perdu dans, la voie retentissante du pamphlet. […] Et je pourrais multiplier, si je le voulais, les exemples de ce style lâché qui est le style de Cormenin et des Orateurs ; mais j’en ai dit assez pour qu’on en ait l’idée et pour qu’on perde celle qu’on avait jusqu’ici gardée de lui, comme écrivain.
Il n’avait pas perdu sa fille… Non ! […] Quand je rendis compte du livre intitulé Colombes et Couleuvres, je lui conseillai de renoncer à toutes les inspirations de la jeunesse, qui ne sont jamais, du reste, de la poésie perdue, — car, si on ne fait plus de cette musique, on garde l’instrument ; je lui conseillai délaisser là toute cette poésie de castagnettes jouant les Folies d’Espagne, de ces castagnettes dont il parle encore si bien aujourd’hui, l’incorrigible !
L’auteur du Roman d’une conspiration n’a pas tiré de la foule de tous les conspirateurs qui mettent leur vie au jeu, et bravement l’y laissent, ce Goujet, et surtout ce Rochereuil, qu’il fallait marquer d’un signe à part, — comme ce Redgauntlet, par exemple, qui est aussi un conspirateur, et que le génie de Walter Scott a marqué, pour que l’imagination le revoie toujours dans ses rêves, de ce fer à cheval sur le front, signe du malheur de toute une race, qui perd toutes les causes pour lesquelles elle combat, sans que jamais son courage faiblisse sous le poids de cette sombre et désespérante fatalité ! […] Qu’est-ce que cela lui fait, à ce violent accumulé, à ce tenace combattant pour la cause qui a perdu ses conspirateurs, qu’est-ce que cela lui fait de n’être pas romancier et que la Critique le lui reproche ?
Ce sont ces pièces-là précisément qui perdent le plus à subir une traduction, si fidèle qu’elle soit. […] Vois-tu, ne crois pas qu’il y ait en moi ni artifice, ni calcul, ni plan pour te perdre. […] je n’ai pas perdu la tête. […] … Hier, Veranet m’a toute prise : mon cœur bat — pour lui à se briser ; pour Veranet s’allume — en moi un mal fiévreux que rien ne guérira. — Veranet perd mon esprit et Veranet perdra mon âme. […] En outre, le réalisme perdrait beaucoup si Pereda sortait de la Montagne.
Après avoir gagné ou perdu, sans recours possible, il reste le plaisir de discuter les coups. […] Pour quelques cris perdus dont ta douleur s’enchante ! […] Mais une partie de cette copie dictée est perdue. […] Sans la science française, la France était perdue. […] À se perdre dans le détail contingent, on s’interdit de comprendre et d’agir.
Par le magique effet de cette exactitude dans le détail, le lecteur, présent partout, s’intéresse à tous les mouvements, assiste à toute l’action, et ne peut rien confondre ni rien perdre de vue. […] Pourtant ce vaste théâtre de fictions appartient à l’épopée qui doit, sans s’y perdre jamais, voyager dans son étendue. […] Exorde du Paradis perdu. […] Ce n’est pas du temps perdu que la citer en modèle à tous les poètes jaloux d’une estime inaltérable. […] Il en est de même de la Henriade : elle abonde en choses admirables, mais qui se perdent sous une couleur égale dont rien n’éclaircit et ne change la teinte.
Loin de perdre courage, Maturin se remit à écrire des romans. […] difficile à conquérir, plus difficile à perdre. […] Don Juan, les Loges et le Paradis Perdu ne perdraient rien à ce vivant commentaire du poète glorieux par l’homme misérable. […] qui sait si le livre n’eût pas perdu à ce jeu dangereux l’autorité lumineuse de ses enseignements ? […] Il ne perd pas son temps à supputer les oublis dont il a peuplé sa mémoire.