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853. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Avant d’écrire sur elle un article à la Revue de Paris, il désira savoir quelques détails de son passé, de ses prédilections littéraires, de ce qu’il appelait l’éducation de sa pensée et la formation de son talent. […] « … Je vous ai dit ma pensée sur Mme Tastu : je l’aime d’une estime profonde. […] Mme Valmore, qui, en dehors de toute question politique, ne voyait en lui qu’un bienfaiteur du peuple et un martyr humanitaire, ne cessa de le suivre de sa pensée et de ses vœux dans l’exil et le bannissement. […] Appuyer ma pensée, c’est la trahir. […] IX, pag. 174 et suiv.). — Cet ouvrier, qui travaille avec son cerveau et qui le martèle avec sa pensée, a trouvé en M.

854. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Quoique ce puisse sembler déjà de l’histoire ancienne, je demande à exprimer ma pensée à ce sujet ; car il est possible que, plus tard, la question revienne de droit au Sénat même, sous forme de sénatus-consulte. […] Le Prince avait parlé ; le ministère, le conseil d’État étaient occupés à développer et à organiser sa pensée, à lui donner corps dans une loi. […] Ce moment (1818-1819) fut celui d’une bonne loi sur la presse ; mais on ne tarda pas à la rétracter à l’heure de la réaction, en 1822, et toutes ces précautions, cette guerre à la pensée, ces poursuites des écrivains ne sauvèrent rien. […] Messieurs, toutes les fois que cette question revient, ma pensée est assaillie d’un souvenir ; ce souvenir est bien ancien et n’a rien qui puisse passionner les esprits. […] La pensée généreuse du chef de l’État veut supprimer les peines corporelles ; l’empereur l’avait déjà voulu, et avec une intention très-marquée, quand il s’agissait de la prison pour dettes ; il manifeste le vouloir de nouveau en matière de délits de presse ; le Prince qui, sur le trône, se souvient des jours de l’adversité sait ce que lui, homme de cœur et de pensée, a souffert dans une prison : Non ignara mali, miseris succurrere disco ; et il veut épargner cette même peine aux hommes de pensée, même à ceux qui se trompent ; et cette délicatesse de sentiment n’est pas comprise ; et à diverses reprises on s’est obstiné à réintroduire dans la loi ces peines corporelles : expulsées d’un côté, elles y rentraient de l’autre.

855. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Il fallait d’ailleurs que la langue y fût comprise, et que le même mot s’étendît aux pensées et aux paroles. […] Chacun, dit-il, aime qu’on lui fasse ainsi violence ; impossible de se roidir contre la force des pensées de Balzac, impossible d’y contredire. […] N’en ayant pas besoin dans les pensées, on ne la regrettait pas, on ne la désirait pas dans le langage. […] C’est cette sagesse elle-même s’exprimant en français ; l’érudition y est si bien fondue dans la pensée originale, que Balzac put croire qu’il inventait ce qu’il s’était approprié. […] Balzac y tombe, quand il dit : « J’ai un éventail qui lasse les mains de quatre valets, et qui fait un vent en ma chambre qui ferait des naufrages en pleine mer. » Goulu relève le défaut de couler d’une pensée noble dans une pensée basse.

856. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Déjà, de quels bonds que parte sa pensée, elle ressent la colossale approche d’une Initiation, qui surgit plus haute, signifiant par des voix d’adeptes : Ton souhait d’auparavant, de bientôt, ici, là, vois, chétive, s’il n’est pas exécuté. […] le siècle, ou notre pays qui l’exalte, ont dissous par la pensée les Mythes, ce serait pour en refaire ! […] Et, pendant ces trente heures, nous possède la cause précise du voyage ; la pensée des Représentations, pour lesquelles nous admettons ce dur effort, accapare, forcément, notre esprit ; l’importance du but croît, selon l’importance de l’effort : cette chose connue, la Fête Bayreuthienne se fait, en ces longues heures de voyage, mystérieusement obsédante : la jouissance difficilement acquise sera, certes, puissante ; l’extraordinaireté du pèlerinage prépare l’émotion d’une non commune révélation, d’une haute cérémonie, de quelque chose grande. […] Ce résidu musical du déterminisme dramatique qu’est l’orchestre wagnérien, cette force physiologique qui associe si profondément notre organisme sensitif au devenir de l’action vivante, nous ignorons d’où elle sort, nos sens sont en désarroi, car cette musique semble ne plus avoir d’existence objective, elle nous semble aussi bien être le propre mouvement de notre pensée qu’un enchaînement orchestral : aucun point d’appui qui nous permette de le décider. […] Mallarmé retient également de la pensée wagnérienne le retour au mythe et au modèle grec.

857. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Et qu’hommage enfin soit rendu, très dévotement, a celle par qui la pensée du maître vit intimement, à la vénérée et auguste veuve par qui se perpétue, en ces Fêtes, l’âme de Richard Wagnerao. […] Oui, car dans ce théâtre chacun donne toute sa force à cette tâche au-dessus des moyens des gens de théâtre, réaliser une pensée artistique. Mais les compliments sans restrictions, sans réserves, sans atténuations, à l’orchestre qui semble avoir atteint l’expression adéquate de la pensée du maître ; c’est, en toute exactitude (donc en toute perfection), le rendu de toutes les indications de mouvement, de nuance, d’expression ; MM.  […] Ces trois œuvres, nous l’avons vu, sont contemporaines ; Wagner y travaillait simultanément ; elles sont reliées entre elles par de nombreux liens de conception, et forment pour nous — comme elles formèrent dans la pensée du maître — un Tout. […] Là, le mortel combat de l’esprit erroné de l’Apparence contre l’esprit tout véridique de la Réalité ; ce qu’on dit lumière, jour et vie, contre tout le nommé ombre et nuit et mort ; l’illusoire univers de nos habituelles créations, contre celui miraculeux de la pensée.

858. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Car ce qui caractérise la pensée de Wagner, c’est la sensualité. […] Feuerbach conserva une profonde influence sur la pensée de Wagner. […] En attribuant une part prépondérante à l’intuition par opposition à la pensée logique, Schopenhauer, comme Feuerbach, renie la philosophie proprement dite. […] Les deux profils même, comme cela est constant dans la nature, n’ont pas la même expression ; l’un est plus sévère, l’autre plus serein, et l’ensemble donne bien la sensation de celui qui fut ensemble, et si éminemment, homme de pensée et homme d’action. […] Schopenhauer donne à la musique une place essentielle dans l’art et l’élève à une dimension métaphysique qui ne pouvait que s’accorder avec la pensée wagnérienne.

859. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

C’est ce qui fait qu’en général le souvenir des semblables est une harmonie et un plaisir : ma pensée trouve dans la réalité une aide. […] Faut-il exagérer la pensée de Pascal jusqu’à croire que l’être vivant pourra devenir par la suite, au sens propre du mot, « machine en tout » ? […] Si on lui lisait quelque chose dans la soirée, il se réveillait le lendemain matin l’esprit plein des pensées et des expressions entendues la veille, et il les écrivait de la meilleure foi du monde, sans se douter qu’elles ne lui appartenaient pas. […] Réveillée, elle veut prendre un mouchoir et ne veut prendre que celui de O… Et après divers prétextes, elle jette le mouchoir au feu. » Encore une pensée suggérée, puis reproduite, et non reconnue comme telle. […] Ribot a lui-même rectifié et adouci sa pensée.

860. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

, cette tradition, en saisissant la pensée de Virgile, a l’air de cette main de Dieu qui prenait par les cheveux les prophètes et les portait au bout du monde. […] Les esprits qui honorent le plus la pensée moderne ont gardé le goût du terroir, l’accent inaliénable de la patrie. […] Encore n’a-t-il pas enfermé sa pensée dans un aperçu si heureux. […] Le définitif, l’arrêté, le stable, le solide, tout ce qui touche à l’irrévocable dans l’ordre de la pensée, l’émeuvait peu. […] L’article de journal a remplacé le livre, la brochure, toutes les manifestations de la pensée qui demandaient de la largeur et de l’espace, de la réflexion et de l’exposition plus ou moins savante.

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